64. Sombrer dans la folie

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Au détour d'un couloir, il aperçut de dos une silhouette longiligne, les cheveux bruns, et ses yeux descendirent vers un petit cul rebondi, le tout dans un sillon de parfum de cèdre et de santal.

Arnaud.

***

chapitre 64 

Sombrer dans la folie 

***


Il secoua la tête à cette pensée absurde et posa le bras sur son épaule pour le retenir.

-- Arnaud, attends... pour ton album, je le pensais pas un mot de ce que j'ai dit, je devais convaincre Mickael de me rendre mon passeport, alors je lui ai dit ce qu'il avait envie d'entendre... Arnaud...

L'interpelé se retourna. Il avait le regard dur d'un homme trahi.

-- Je ne te crois pas. Tu as profité de moi. Tu n'en as jamais eu rien à foutre de ma gueule. Tu m'as fait tout miroiter pour que je sois là ce soir et que je remplisse la salle, pour que je fasse le show. Tu allais me jeter demain comme un con, c'est ça ? Pour toi, ce qu'il s'est passé samedi entre nous, c'est rien ?

Passe encore que tu me voles mon travail, après tout, c'est flatteur, mais aller dire à tout le monde, aller faire croire à Laura Laune que c'est le tien pour me saboter, c'est tellement mesquin... Tu as beau m'avoir fait ton chevalier servant à l'anniversaire d'Artus en rétablissant la vérité, le mal était fait, j'ai été hué, personne ne t'a cru. Je ne sais pas comment ma chanson est arrivée aux oreilles de Laura mais elle n'aurait pas du sortir de la clé.  

-- Tu fais chier Arnaud ! si j'étais arrivé à l'heure à cette putain de soirée... ! T'es dégueulasse ! T'étais au courant pour la soirée et tu as tout fait pour que je n'y aille pas ! Si ma mère ne m'avait pas appelé j'aurais posé un lapin à tout le monde ! Putain, par ta faute j'ai débarqué à dix heures du soir, ça te fait plaisir ? T'es content, hein ? T'as tout détruit, je le savais depuis le départ que tu allais tout foutre en l'air ! ça faisait bien dix ans que j'avais pas fait de crise comme hier ! J'ai besoin d'une vie stable, tu peux le comprendre, ça ? Tu peux le comprendre ?

-- Ecoute moi bien Jérémy, va te faire foutre ! Si tu me touches encore une fois les lèvres, une seule fois, si tu me frôles, alors je continuerai à y croire. En attendant, puisque manifestement les choses sont claires pour toi, je t'interdis de me toucher, est-ce que c'est bien clair ? Tu me refais un coup comme ça, je coupe les ponts avec toi et j'arrête toute collaboration. Je t'aime à en crever, et je suis sûr que tu ressens quelque chose toi aussi, mais je ne peux pas ouvrir les yeux à ta place. Que tu nies l'évidence, ça te regarde, mais je t'interdis de me blesser. Tant pis pour moi j'ai été con d'y croire. Ça fait mal, mais je ne me ferais plus avoir. J'ai besoin de t'oublier.

Il voulut retenir Arnaud, mais pour dire quoi ? 

Tout est foutu.

 Il continua sa progression dans les couloirs. Alors que, sur les écrans de retour, Les sketchs se succédaient, Jérémy luttait pour ne pas sombrer dans la folie. Il crut même entendre ses chiens, Marly et Joker, aboyer dans les loges. Il se félicita d'avoir délégué aux uns et aux autres le spectacle, il n'aurait pas été en capacité de tout porter ce soir-là.

Il avait tout perdu dans cette aventure, Andy, Arnaud, Mickaël. Pire que tout : il avait perdu ce qui lui restait de confiance en lui, en sa capacité de résistance. Voilà qu'il devenait fou.

en avoir le coeur net. 

 Il ouvrit fébrilement son ordinateur portable et fouilla dans son sac, en dégota la coccinelle qu'elle avait gardée avec lui, Dieu sait pourquoi.

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant