Chapitre 8

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CHAPITRE VIII

Clara

Je me lève d'un bond. Merde, mon alarme n'a pas sonné ! Je suis éblouie par la lumière de mon téléphone et me frotte les yeux quand j'aperçois l'heure avancée, pour être certaine que je suis bien réveillée. Ce n'est pas un songe, c'est la vérité, je vais être en retard pour mon premier jour au casino. Je m'habille sans prendre le temps de me laver et me maquille légèrement pour dissimuler le carnage de cette nuit passée à réfléchir. Je coiffe mes cheveux blonds en queue-de-cheval et me dirige en vitesse dans la cuisine en avalant une gorgée de café réchauffée. C'est ignoble, plus jamais je ne le fais tiédir au micro-ondes. Je vide ma tasse dans l'évier en grinçant des dents. J'attrape mon sac à main et descends les marches de mon immeuble à toute vitesse en priant que le prochain bus ne tarde pas à arriver. Je suis exaucée et le prochain transport s'arrête devant moi, quelques minutes après que j'ai rejoint l'arrêt. Je tapote nerveusement le sac posé sur mes genoux, ordonnant en silence au chauffeur de rouler le plus vite possible.

Le bus me dépose devant le casino et je dois admettre que c'est plutôt pratique. J'avance vers l'énorme porte vitrée en ouvrant la bouche. C'est somptueux. Les quelques fontaines liées aux jeux de lumière dansent en totale harmonie. Les palmiers sont prêts à caresser les nuages et leurs feuilles bougent à l'unisson, balayées par la légère brise d'une matinée d'été. Je suis fascinée. Je suis en train de marcher sur une allée couverte d'un tapis rouge, comme si j'étais une star. Je comprends que Jensen soit l'homme le plus riche de la ville, il sait y faire pour attirer des clients.

— Vous avez boutonné lundi avec mardi.

Je m'arrête, interrompue dans ma rêverie par la femme qui se tient devant moi.

— Pardon ?

— Votre chemisier, me dit-elle en me pointant du doigt.

Je peste en me couvrant le torse de ma veste. J'étais tellement pressée que je n'ai même pas été capable de m'habiller correctement. Quelle entrée réussie ! La femme me regarde amusée, et je ne peux pas lui en vouloir. Elle chuchote :

— Le contrôleur aux entrées ne vous laissera pas passer, habillée de cette manière.

Je soupire, évidemment qu'il ne me laissera pas entrer, moi non plus je ne me laisserai pas entrer si j'étais à sa place.

— Je ne viens pas jouer, je viens passer un entretien, lui avoué-je.

— Vous avez rendez-vous avec monsieur Jensen ?

— Oui.

Son sourire s'illumine et je devine qu'elle se moque légèrement de moi, mais je ne lui en tiens pas rigueur, quelque chose d'apaisant se dégage de sa personne. C'est probablement sa prestance. Elle se tient droite et sa chemise épouse parfaitement les formes athlétiques de son corps. Elle écrase sa cigarette et me fait signe de la suivre.

Nous entrons dans le bâtiment et mes yeux ébahis ne quittent plus mon visage alors que nous traversons la salle immense qui s'étend à perte de vue. Je ne sais pas combien de machines à sous se trouvent dans cette pièce, mais il doit en avoir plusieurs centaines.

— Quatre cents.

— Pardon ?

Cette femme vient littéralement de lire dans mes pensées.

— À voir votre visage, c'est votre première fois, ici. Vous devez vous demander combien nous avons de machines à sous alors je vous réponds. Quatre cents.

Elle a l'air joueuse et par chance, je le suis également.

— Qui vous dit que je ne suis jamais venue ?

Elle se penche vers moi et chuchote :

— Difficile de vous oublier.

Elle reprend sa route à travers la salle et j'hésite un instant avec de la suivre. Il est évident qu'elle plaisante, mais c'est la première fois que je reçois un tel compliment et je dois admettre que c'est flatteur. Enfin, s'il s'agit réellement d'un compliment. Il est certain que je lui ai fait forte impression avec ma tenue débraillée, mais on ne peut pas dire que ce soit quelque chose de positif.

Elle m'ouvre la porte et me fait entrer dans une petite pièce décorée avec autant de raffinement que la grande salle que nous venons de traverser. J'entre et reste immobile. Il est évident que je ne suis pas dans le bureau du directeur. Il n'y a que des bancs et des casiers par dizaines.

— Habillez-vous correctement le temps que je prévienne monsieur Jensen. S'il vous voit comme ça, vous n'avez aucune chance de travailler ici.

Elle disparaît avec son air amusé sur le visage, et je souris, sans trop savoir pourquoi. J'aligne les boutons de mon chemisier en tournant sur moi-même pour scruter le moindre détail. Je sors mon téléphone de ma poche et prends ses photos sous tous les angles, bien qu'à la réflexion, je ne vois pas quel secret sordide je pourrais découvrir dans les vestiaires du personnel. Je sursaute lorsque la porte s'ouvre.

— Monsieur Jensen ne peut pas vous recevoir, mais il vous prend à l'essai pendant un mois.

Ce n'est pas bien long, mais j'espère que ce sera suffisant pour découvrir son secret.

— Sans me recevoir ?

— Oui, je lui ai dit que vous m'aviez l'air sympathique et compétente, ça lui suffit.

Je souris bêtement en plongeant dans son regard ténébreux. Il émane quelque chose d'elle d'apaisant que je ne saurais expliquer. Même si j'ignore qui elle est, je doute qu'elle soit capable d'influencer les décisions de Jensen, mais je suis surprise par son attitude. Sa réputation le décrit comme un homme froid et j'étais loin de me dire qu'il pouvait en être autrement.

Elle me fait signe de la suivre et me montre rapidement les lieux. Le casino est immense et je doute de pouvoir me repérer du premier coup parmi tous ses couloirs. J'essaye de noter l'emplacement de chaque pièce qu'elle me désigne du doigt, mais elles sont bien trop nombreuses pour que je les retienne toutes. À la fin de la visite guidée, elle m'indique un petit local de rangement.

— Vous trouverez tout ce qu'il vous faut ici. Vous commencerez par vous occuper uniquement des chambres de l'hôtel, aux étages supérieurs.

— Je vous remercie.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.

Son sourire charmeur s'éloigne peu à peu et je suis seule dans cette petite pièce. Ça y est, ma mission a officiellement commencé. Je m'équipe et prends ce que je pense, est nécessaire au nettoyage des chambres.

Je sors de la salle et referme la porte derrière moi. Dans le couloir, je croise une de mes nouvelles collègues et me présente. Elle a l'air aussi sympathique que la première, le charme en moins. Elle m'escorte jusqu'à un ascenseur et m'indique l'étage concerné. Avant que les portes s'ouvrent, je croise de nouveau les yeux perçants de la femme qui m'a accueillie et lui sourit sans savoir pourquoi. Je la regarde s'éloigner en profitant du spectacle qui s'offre à moi dans ce pantalon cintré.

— Tu la connais ? me demande ma nouvelle camarade.

— Vaguement, pourquoi ?

— Ne t'approche pas d'elle si tu ne veux pas d'ennuis. C'est le bras droit de Jensen.

J'entre dans la cage lorsque les portes s'ouvrent. C'est une information très intéressante et c'est exactement ce dont j'ai besoin. Cette femme est charmante et semble sensible à mon charme. Je n'ai qu'à rentrer dans son jeu pour obtenir toutes les informations que je désire. Première étape terminée, place à la séduction.

L'infiltrée (FxF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant