Chapitre 27

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CHAPITRE XXVII

Jessy

Les deux derniers jours ont probablement été les plus merveilleux de ma vie. Clara n'a pas quitté mon appartement et notre relation est enfin officielle. Du moins, vu le nombre de fois où nous avons fait l'amour, j'imagine qu'elle l'est. C'est même elle qui a choisi le nouveau canapé, la tache de whisky étant impossible à nettoyer.

Malheureusement, la réalité nous rattrape et l'heure est venue de retourner travailler. Je n'ai jamais ressenti cette tension dans mes épaules ni dans mon estomac. Nous marchons côte à côte en traversant le tapis rouge qui a retrouvé toute sa splendeur. Je salue chaleureusement mon camarade à l'entrée et passe la double porte vitrée, le cœur battant à tout rompre. La grande salle est comme dans mes souvenirs, elle n'a pas été impactée par l'incendie et heureusement, monsieur Jensen doit déjà être dans tous ses états d'avoir du fermer le casino pendant autant de temps. Heureusement qu'il en possède trois autres et qu'il a pu s'y consacrer pleinement, sinon je n'ose imaginer l'homme aigri que je m'apprêterais à retrouver.

Nous traversons les couloirs en écarquillant les yeux devant chaque nouvelle pièce. Je n'ai jamais été ébahie devant des toilettes, et c'est une situation assez cocasse, mais il faut dire que le décorateur a fait des merveilles. Ma main tremble légèrement, j'ai l'impression que la fumée envahit de nouveau mes narines et mon souffle se coupe. Clara glisse son bras autour du mien en me le caressant et ma respiration reprend son cours normal. Je la regarde tendrement, c'est comme si sa seule présence était capable de m'apaiser et de me ramener à la raison. Mais lorsque je pose mes yeux sur la brûlure encore rosée de mon avant-bras, l'angoisse reprend ses droits sur mon corps et je suis tétanisée. Clara se met sur la pointe des pieds pour m'embrasser et chuchote à mon oreille :

— Je suis là, ça va aller, c'est derrière nous, tout ça.

Sa voix douce me calme instantanément. Elle s'éloigne un instant pour fermer la porte et glisse ma main dans la sienne pour continuer notre route jusqu'aux vestiaires. Elle se déshabille lentement en me fixant et je ne peux m'empêcher de sourire, oubliant tout le stress qui envahit mon être. Cette fille fait ce qu'elle veut de moi. Je m'approche d'elle d'un pas décidé et la plaque contre les casiers. Elle ne peut plus bouger, mes mains projettent ses poignets contre la paroi métallique. Ma bouche parcourt sensuellement sa nuque et glisse jusqu'à la naissance de ses seins, mais la porte s'ouvre et je bondis de l'autre côté de la pièce, les joues aussi chaudes que le reste de mon corps.

— Sérieusement ? grogne Maddy.

Je n'ose pas la regarder dans les yeux et essuie ma lèvre mouillée d'un geste vif. Clara ne prononce pas un mot, mais elle rit à gorge déployée.

— J'ai... Je... On se voit tout à l'heure, bafouillé-je.

Je sors de la pièce, la tête baissée, en riant, sans même prendre le temps d'embrasser Clara. Je crois que j'en ai assez fait pour aujourd'hui.

Alors que j'attends que l'ascenseur doré ouvre ses portes, Matt me rejoint. Je lui offre une étreinte des plus chaleureuses, je suis ravie de le revoir.

— Jack n'est pas là ?

Je n'arrive pas à y croire, j'ai oublié le chien à la maison. Clara me fait vraiment perdre la tête, bordel. Dans tous les sens du terme.

— Il n'avait pas l'air en forme ce matin, lui dis-je.

Je ne sais pas pourquoi, mais le sourire accroché à mon visage refuse de s'effacer et il me regarde, suspicieux.

— Tu as l'air de bonne humeur pour quelqu'un dont le chien est malade.

— Je suis contente de revenir travailler.

Je ne suis pas très loin de la vérité, même si l'idée de revoir Jensen m'angoisse au plus haut point. En trente-cinq ans, je ne lui ai jamais menti. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il ne me pose aucune question sur l'avancée de l'enquête qu'il m'a confiée sur Clara, sinon je suis morte. Et elle aussi, de manière définitive. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et nous y entrons tous les deux. C'est comme si rien n'avait changé. Les dorures sont les mêmes et le grand miroir est à sa place. J'étais pourtant persuadée qu'il avait brûlé et si c'est réellement le cas, l'orfèvre qui a travaillé ici est bourré de talent.

Nous nous dirigeons vers notre bureau et je reste figée en ouvrant la porte d'une énorme pièce vide. Le regard de Matt est aussi confus que le mien et sans réfléchir, nous entrons dans le bureau de notre patron. Ma gorge se resserre et mon estomac se noue, mais je lui souris chaleureusement. Je suis tout de même heureuse de le revoir, même si j'ai littéralement la peur au ventre. Il m'explique que notre salle de surveillance se trouve désormais au rez-de-chaussée. Je suis étonnée de voir qu'il a accédé à ma requête, mais c'est bien plus logique de cette façon. Si Matt et moi voulons être efficaces, c'est plus efficient d'installer notre bureau au plus près des fauteurs de trouble. Nous discutons des prochaines réunions et des pertes financières subies à cause de l'incendie. C'est comme si ces dernières semaines n'avaient pas existé. Il m'ordonne de neutraliser une femme et m'en dépeint une description très précise. Je ne pose pas de question, il est sûr de lui, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Il m'ordonne de sortir de la pièce et je m'exécute. Je soupire en refermant la porte derrière moi. Peut-être que je me fais du souci pour rien, mais avec lui, mieux vaut rester sur ses gardes.

J'emprunte de nouveau l'ascenseur doré en quête de mon nouveau bureau. J'espère qu'il se tient éloigné des toilettes réservées au personnel, sinon je doute de pouvoir me concentrer sur mon travail. Traverser les flammes pour porter secours à Clara m'a impacté sans doute plus que je voulais le croire. Quand je repense à ma réaction de tout à l'heure, c'est une certitude. Le petit son indiquant que je suis arrivée au rez-de-chaussée retentit et les portes s'ouvrent au moment où Clara passe dans le couloir. Je l'agrippe par la manche et la fais entrer avec moi en l'embrassant sauvagement.

— Où en étions-nous, tout à l'heure ? lui demandé-je avant de mordiller son cou.

Elle rit, mais ne répond pas. Je me recule d'un pas et capte son regard émerveillé. Elle tourne sur elle-même pour ne rien perdre des dorures et je la regarde avec le même air.

— J'ignorais que cet ascenseur était aussi beau, avoue-t-elle.

— Tu n'as même pas le droit d'être là, c'est celui de Jensen. Il n'y a que Matt et moi qui avons le droit de l'emprunter.

— Oui, ça, je le sais.

Je regarde les portes se refermer et dès qu'elles se joignent, je me rue sur Clara. Je déboutonne sa chemise avec aisance et plonge mon visage contre sa poitrine. Ma langue parcourt son buste et je me délecte du goût de sa peau salée. Une main maintient fermement son sein alors que l'autre relève sa jambe et je me rapproche d'elle. Laisser un espace entre nous m'est insupportable. Je libère sa poitrine et déboutonne son pantalon en y faisant glisser mes doigts. Je caresse son entre-jambes en souriant. Je la torture, et j'adore ça. Sa main placée dans mes cheveux m'ordonne de l'embrasser, mais voir le plaisir sur son visage est bien trop satisfaisant, alors je résiste. Je joue avec elle, les yeux rivés dans les siens. Je savoure chacun de ses sursauts jusqu'à ce qu'elle me supplie :

— Prends-moi, putain.

Comme elle l'ordonne, j'insère mes doigts en elle avec ardeur. Elle plaque ma bouche à la sienne et mord ma lèvre en étouffant un cri strident. Je sens son plaisir couler le long de ma main et je suis certaine que mon entre-jambes est dans le même état. J'accélère la cadence en admirant le rebond de ses seins à chacun de mes mouvements.

Les portes de la cage s'ouvrent et je ne remarque la présence des deux hommes que lorsque l'un d'entre eux tousse bruyamment. Dans la panique, je ne sais pas trop ce que je fais, mais je me place devant Clara qui a la poitrine dénudée. Cette fois-ci, je suis morte, c'est certain. Jensen m'attrape par le col de ma chemise et me traîne avec lui hors de l'ascenseur. J'ai juste le temps de croiser le regard aguicheur de Matt avant que mon patron me pousse dans son bureau en claquant la porte.

L'infiltrée (FxF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant