Chapitre 26

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CHAPITRE XXVI

Clara

Je me réveille en fixant le plafond, une douleur atroce envahissant mon dos. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je n'ai pas rêvé et que Jessy est allongée auprès de moi. Je souris bêtement en me remémorant notre première nuit ensemble. Je n'arrive pas à croire que ça s'est réellement passé. Moi qui avais imaginé cette scène des centaines de fois, c'était encore mieux que dans mes fantasmes les plus fous. Notre corps était en parfaite harmonie et j'avais l'impression de savoir de quoi elle avait besoin. Je pense tout de même que l'alcool m'a aidé à appréhender les choses, parce que c'était la première fois que je touchais le corps d'une femme et pourtant, je n'ai été troublée à aucun moment. Peut-être tout simplement, car il s'agit de Jessy. Tout semble naturel avec elle, aussi tumultueuse notre relation soit-elle.

J'essaye de me faufiler hors de la couette sans faire de gestes brusques, mais Jack est couché à nos pieds. Je me lève en m'étirant. J'ai l'impression d'être passée sous un camion. Faire l'amour sur un tapis est excitant, mais y dormir, c'est autre chose. La migraine qui point me rappelle que j'ai encore oublié de m'hydrater et je me sers un verre d'eau. Je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je pose mes yeux sur le plan de travail de la cuisine, mais il s'efface quand je vois le pistolet de Jessy posé non loin de là où nous avons fait l'amour. Je n'avais même pas remarqué qu'elle l'avait posé.

Je fais couler un café et je profite du sommeil de mon amante pour préparer le petit-déjeuner. Je fouille dans les placards pour y trouver de quoi faire des pancakes. Ça devrait lui plaire, tout le monde aime les pancakes. Je m'affaire à la tâche en prenant soin de suivre la recette à la lettre. J'ai d'autres talents, mais la cuisine n'en fait pas partie. Comme c'était à prévoir, le premier est totalement brûlé. J'ai beau essayer de faire des efforts, rien n'y fait.

— Tu sais que je pourrais m'y habituer ?

La question de Jessy me fait sursauter et je lui offre mon plus chaleureux sourire avant de lui répondre :

— À cette odeur de brûlé dès le réveil ?

— À ce que tu cuisines entièrement nue.

Son air est des plus vicieux et j'adore ça. Elle se lève en enroulant la couette autour de ses bras et me rejoins. Elle dépose de délicats baisers le long de ma nuque et je frissonne. Elle m'entoure de la couverture et je sens ses tétons se plaquer à ma peau.

— Ne me déconcentre pas, je vais brûler celui-là, sinon.

— D'accord, je m'en vais.

Elle s'éloigne en laissant tomber la couette dans le salon et la vue de ses fesses rebondies me replonge dans un fantasme immédiat. Je grogne et décide de la suivre.

L'eau chaude qui ruisselle sur mon corps me procure une sensation des plus enivrante. Ses mains parcourent ma peau avec délicatesse et les baisers qu'elle dépose sur ma chair sont doux et apaisants. J'ai l'impression de rêver. J'aimerais fixer l'instant et ne plus jamais faire avancer le temps. C'est comme si tout ce que nous avons vécu de tumultueux n'existait plus, qu'il n'y avait plus que cet instant de douceur partagée. La tension de la veille s'est évaporée, seule subsiste la tendresse d'une étreinte presque pudique. Je ferme les yeux lorsque ses doigts caressent ma joue alors qu'elle y dépose timidement sa bouche.

— Ça sent le brûlé.

Elle susurre à mon oreille et il me faut une seconde pour comprendre ce qu'elle vient de me dire.

— Merde, j'ai pas éteint le feu !

Elle rit et je traverse l'appartement en courant pour éteindre la plaque. Cette fois-ci, j'en suis certaine, c'est la dernière fois que je prends le risque de cuisiner. Elle me rejoint et me donne son peignoir puis nous sert une tasse de café. Nous fumons une cigarette avant de nous blottir l'une contre l'autre sur le canapé taché. Une forte odeur de whisky s'en dégage, mais je m'abstiens de commenter. Si elle a autant souffert que moi durant les deux dernières semaines, elle a noyé son chagrin dans l'alcool. À en voir les bouteilles vides sur la table basse, je ne peux que confirmer mes soupçons.

— Tu ne vas pas courir, ce matin ? lui demandé-je.

— Je suis bien où je suis.

Je souris bêtement. J'aurai adoré la revoir dans son pantalon moulant, mais l'avoir pour moi toute seule est aussi plaisant. Nous restons là pendant de longues heures, à discuter de tout et de rien. J'en profite pour lui révéler toute la vérité sur mon passé et mes études. Elle hausse les épaules parfois, comme si elle connaissait déjà les réponses, mais je veux être totalement honnête avec elle, comme elle l'a été avec moi. D'un coup, elle se tourne vers moi et son air détendu disparaît.

— Clara, il faut que tu me promettes quelque chose. Quoi qu'il arrive, ne révèle à personne au Seven Mile que tu es journaliste. Tu m'entends ? À personne.

Son ton est sec et ferme. J'acquiesce d'un signe de la tête sans comprendre la raison de son inquiétude. Dans le pire des cas, que pourrait-il arriver ? Monsieur Jensen se passerait de mes services et je retournerais travailler dans un journal miteux en attendant le scoop qui fera décoller ma carrière.

— Promets-le-moi, insiste-t-elle.

— Oui, d'accord, je te le promets.

Elle m'embrasse tendrement avant de changer de conversation, mais quelque chose dans son regard a changé. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'intuition qu'elle me cache des choses. Peut-être que je ne me suis pas fourvoyée, en fin de compte. Peut-être que Jensen n'est pas l'homme qu'il prétend être. Il s'agissait peut-être d'une mise en garde, mais elle n'a fait qu'attiser ma curiosité. De nouveau, son visage s'est fermé. C'est vraiment comme si Jessy avait deux personnalités distinctes qui se battent en permanence pour savoir laquelle prendra le dessus. D'un côté, il y a la femme charmante et épanouie qu'elle est lorsqu'elle est à mes côtés, et de l'autre, le tyran détestable qu'elle devient lorsqu'elle est avec Jensen. C'est assez troublant, de voir l'emprise que cet homme a sur elle. Rien que d'évoquer le casino, elle s'est enfermée dans un mutisme absolu. Je lui demande :

— Pourquoi es-tu aussi inquiète que quelqu'un découvre la vérité ?

Elle détourne le regard un instant et se frotte les mains. Je ne suis plus la seule à mentir, désormais. Elle bafouille quelques explications :

— Je... Je tiens beaucoup à toi et j'adore travailler à tes côtés. Je ne voudrais pas que ça cesse.

Même si elle ne me dit pas tout, je suis certaine qu'elle est sincère parce que je partage le même sentiment. Je me contenterai de cette réponse, car c'est la seule que j'aurai. Elle est bien trop fidèle à Jensen pour se confier. Une question me brûle cependant les lèvres et j'inspire profondément avant de lui poser :

— Toi et moi, on a un avenir ?

Son corps se raidit et je regrette immédiatement de lui avoir demandé de cette manière. Je me corrige :

— Je veux dire, je...

— J'ai perdu bien trop de temps à me torturer l'esprit pour savoir si je devais donner une chance à notre relation. Tu es là et je ne veux plus te perdre.

Que pourrais-je bien répondre à ça, je n'en ai aucune idée. Je me contente de l'embrasser pour la remercier et elle prolonge l'instant en passant sa main dans mes cheveux emmêlés. Bordel, elle sent bon. Je défais lentement son peignoir pour laisser ses épaules à nu en parsemant sa peau de baisers voluptueux. D'une main posée sur sa poitrine, je la guide en arrière. Elle se laisse faire et s'allonge sur le canapé. Je l'enjambe en dénouant la ceinture à sa taille et me languis de ce corps parfaitement sculpté. Je sens son sourire se former sous mes lèvres lorsque mes doigts parcourent ses cuisses et un frisson se propage dans tout son être. Ses tétons pointent contre ma poitrine et ce contact ne laisse pas mon entre-jambes indifférent. J'insère mes doigts en elle sans aucune résistance et profite de la cambrure de son corps pour glisser ma main dans son dos. Je m'imprègne de chaque parcelle de peau qui s'offre à moi comme si je ressentais le besoin viscéral de me lier à son être. Ce n'est pas une illusion, j'exulte autant qu'elle. Nos cris se mélangent et la mélodie qui se joue est des plus harmonieuse. Notre cœur bat à l'unisson et le souffle humide qu'elle dépose sur ma chair me saisit. Ses muscles se contractent autour de mes doigts au moment où je dépose une légère morsure sur sa nuque. Ses mains agrippent fermement mon dos et je geins quand ses ongles s'y accrochent. Soudain, le calme envahit de nouveau la pièce. Son corps n'exprime plus aucune torsion et sa bouche plus un seul son. Nous n'avons pas besoin de parler, le baiser fougueux qu'elle m'offre exprime tout ce qu'elle ressent.

L'infiltrée (FxF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant