Chapitre 34

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CHAPITRE XXXIV

Clara

J'ai suivi Matt sans poser de questions. La tension entre Maddy et lui était déjà assez forte sans que j'en rajoute. Elle a garé sa voiture sur le parking réservé au personnel du Seven Mile et je lui ai demandé des explications qui sont restées sans réponse. J'avais pris la décision de partir, j'étais prête, et me voilà de retour au point de départ, sans savoir qui a demandé à me parler. Je n'en ai même pas une petite idée. Jessy n'est pas du genre à passer par quelqu'un d'autre pour dire ce qu'elle a à dire, et à part Maddy, personne n'est au courant de mon départ imminent. Du moins, en théorie.

Il m'a fait traverser un tas de couloirs que je n'avais jamais exploré. Me voilà donc dans une petite pièce sombre. La seule lumière provient de la vitre teintée qui sépare le local d'une salle vide. Je suis seule, Matt m'a demandé de ne pas bouger et cette ambiance lugubre me donne des frissons. Je me frotte les bras pour les faire disparaître. Je n'ai jamais été aussi mal à l'aise de toute ma vie, tiraillée entre l'inconnu et la peur. J'essaye d'actionner la poignée, mais la serrure est verrouillée et ma tension grimpe d'un coup. Dans quel pétrin me suis-je fourrée ? S'il y a bien une chose que Jessy m'a ordonnée, c'est de ne pas remettre les pieds au casino, et il a fallu d'un coup de téléphone pour que je m'y retrouve enfermée. Un vent de panique s'empare de moi et je secoue nerveusement la clenche, me revoyant quelques semaines auparavant, enfermée dans les toilettes. Mourir dans une cabine ou dans une si petite pièce, je ne sais pas ce qui est le mieux. Rester en vie est une meilleure option, mais à l'heure actuelle, je ne vois aucune échappatoire.

Je sursaute quand la porte de la pièce attenante s'ouvre. Je reconnais Matt, qui y pousse une jeune femme qui me ressemble étrangement. Entre ses yeux bleus et sa chevelure blonde, j'ai l'impression de me regarder dans un miroir. Elle est sans doute aussi apeurée que moi, même si je n'en suis pas au point de pleurer toutes les larmes de mon corps, contrairement à elle. Elle se laisse glisser le long du mur, et je donne un coup de poing dans la vitre pour tenter de lui porter secours, en vain. La seule entaille que j'ai réussi à faire est sur mes phalanges. Je suis piégée, et elle aussi. Je n'ai aucune solution pour lui venir en aide. Je ne peux que constater sa détresse en restant impuissante. La porte s'ouvre pour laisser entrer Matt et je me rue sur lui. Je ne sais pas trop ce que je vais pouvoir lui faire vu sa carrure, mais je ne pourrais pas me reprocher de ne rien avoir tenté.

— Calme-toi, Clara, je ne vais rien te faire !

— Ah ouais ? Et à elle, tu ne vas rien lui faire, non plus ?

Je suis en train de hurler et il plaque sa main contre ma bouche pour me faire taire.

— Non, rien du tout. Jensen voulait simplement te parler, il ne va pas tarder. Il faut juste que tu restes tranquille le temps qu'il arrive.

Même si ses paroles paraissent inoffensives, ses bras croisés autour de sa poitrine m'indiquent le contraire. Il se tient bien droit, le dos en appui contre la porte, ne m'offrant aucune façon de m'échapper. Quelque chose me dit que la conversation que me réserve Jensen n'est pas anodine. Une entrevue devrait avoir lieu dans un bureau, non pas dans une pièce si sombre et lugubre. Mes mains deviennent moites et je les frotte pour dissiper la tension qui se propage jusqu'à mes épaules. C'est légèrement efficace, mais quand je vois Jessy rejoindre la jeune femme prostrée, les battements de mon cœur se mettent à jouer une étrange symphonie et une décharge électrique traverse mon corps. Je la regarde. Une tristesse à peine voilée transparaît de son regard et je suis rassurée quand je la vois poser sa main sur le genou de la victime. Je ne remarque la présence de Jensen à mes côtés que lorsqu'il s'adresse à moi :

— Elle est merveilleuse, n'est-ce pas ? C'est ma plus belle création.

Choquée par les termes qu'il emploie pour décrire sa fille, je lui réponds sans détourner le regard de la scène qui se joue devant moi :

L'infiltrée (FxF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant