Chapitre 49

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Dix-huit ans. Nous sommes le vingt huit mai et j'ai dix huit ans. Je suis officiellement majeure et autorisée à boire de l'alcool dans plusieurs pays. Pas le mien, donc ça n'a pas grand intérêt, mais c'est bon à savoir. Je me redresse dans mon lit et jette un coup d'œil à mon reflet dans le miroir. Toujours la même, sans grande surprise. En juste un peu plus bouffi. Ça fait un peu plus de deux semaines que mon altercation avec Jack a eu lieu, et mon visage en porte toujours les séquelles. Accompagnée de Gabriel, je suis allée faire une déposition au commissariat. La police a lancé une procédure et a dit qu'elle nous rappellerait.

J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et je fronce les sourcils en constatant que je n'ai pas reçu de notification au cours de la nuit - à part un petit message de Mel, qui me souhaite un joyeux anniversaire avec beaucoup d'émojis. D'habitude, mes amis sont aux aguets et s'empressent de m'envoyer un message vers minuit. Je me suis endormie comme une souche aux alentours de vingt-et-une heures, mais j'étais persuadée d'ouvrir leurs petits mots le lendemain matin. Je hausse les épaules en écartant ma déception dans un coin de ma tête. Ils me le souhaiteront sûrement dans la journée. Avec la fin des examens de fin d'année et les réponses d'université que tout le monde attend avec anxiété, je sais qu'on est tous un peu crevés et sur les nerfs.

Après quelques minutes de plus à traîner sur mon téléphone, emmitouflée dans mes couvertures, je me décide à sortir de mon lit. Dans la cuisine flotte une bonne odeur de pancakes et de sucre. Ma mère est derrière les fourneaux, occupée à verser de la pâte épaisse dans une poêle. Le bruit du beurre qui crépite contre les bordures brûlantes m'arrache un sourire.

– Bon anniv, sista, m'apostrophe Aiden, accoudé à la table.

Ma mère se retourne vers moi, lâche sa poêle et vient me prendre dans ses bras.

– Bon anniversaire, mon bébé ! s'exclame-t-elle d'une voix ravie.

Aiden m'adresse un haussement de sourcil amusé, tandis que je rends son étreinte à ma mère en souriant. Elle m'écarte d'elle, les mains sur mes épaules, et elle me détaille avec un regard attendri et fier.

– J'ai une fille magnifique, affirme-t-elle.

Je lève les yeux au ciel.

– Maman...

Et puis Orion déboule comme un boulet de canon et me saute dans les bras en braillant Happy Birthday à tue-tête. Nous finissons tous assis autour de la table, à discuter avec animation et à engloutir des pancakes à la confiture de prune. Ma mère est rayonnante. Aiden sourit un peu plus et Orion est une vraie pile électrique. Je me sens bien.

Après le petit-déjeuner, ma mère propose que nous regardions un film tous ensemble. Nous nous retrouvons sur le canapé devant un film de Noël. Au bout d'environ une demi-heure de visionnage, mon téléphone se met à sonner à côté de moi et je l'attrape avec espoir. Peut-être Gaby ou Elio qui veulent me souhaiter mon anniversaire en FaceTime. Je fronce les sourcils en déchiffrant le nom qui apparaît à l'écran. C'est Mel. Je décroche en haussant les épaules à l'attention de ma mère, qui m'interrogeait du regard.

– Allô ?

– Vinny, mon chou, je suis vraiment désolée de te demander ça mais Charlie vient de vomir et il se sent vraiment pas bien, là. C'est mieux qu'il rentre chez lui, avant de foutre encore plus de gerbe partout.

Je retiens un soupir. Mel m'a autorisé un jour de congé pour mon anniversaire, que j'ai accepté avec plaisir, et Charlie était censé me remplacer pour l'occasion. S'il ne peut pas assurer le service, il faut croire que je vais devoir m'y coller.

– Pardon, vraiment, mais tu crois que tu pourrais venir nous donner un coup de main? On a beaucoup de clients et pas assez de bras.

Je m'humecte les lèvres en jetant un coup d'œil dépité à la télévision et à mon canapé moelleux. Ça sera pour plus tard.

Les touches noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant