Chapitre 46

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Je ne le reconnais pas instantanément. Je mets même plusieurs secondes à mettre un nom sur ce visage, qui s'était presque effacé de mon esprit. Jack. Le grand garçon roux qui s'est fait viré de l'équipe de basket en même temps que Raven. Celui qui m'a maintenue plaquée au mur, le jour de l'altercation avec l'équipe de Breenhight. Lorsqu'on s'est mis à soupçonner Raven, on n'a pas considéré une seule seconde l'idée que le coupable soit le deuxième garçon à se faire renvoyer. J'aurais dû prendre cette histoire plus au sérieux. Et soudainement, alors que Jack sourit fièrement, je comprends que personne n'attend Gabriel devant le restaurant. C'était un piège. On s'est bien fait avoir. Merde.

Il y a une lueur dans ses yeux. Un éclat étrange, une étincelle de folie qui allume des sirènes d'alarme dans toutes les cellules de mon corps. Tu es en danger. Il me maintient contre le mur avec une telle hargne que je sens ses doigts s'enfoncer douloureusement dans la peau de mes épaules. Il me laissera sûrement des bleus. Jack n'est pas seul. J'aperçois trois silhouettes plongées dans la pénombre par-dessus son épaule. Elles s'avancent de quelques pas et je découvre leur visage. Je me pétrifie. Qu'est ce que... Il y a un garçon que je ne connais pas. Grand, les cheveux ternes et en brosse et la dent de devant cassée. Malgré son air lugubre et ses biceps énormes, ce n'est pas lui qui me statufie sur place. C'est une petite blonde aux longues boucles soyeuses qui me détaille de ses iris bleu océan.

Camila. Mes yeux s'agrandissent de stupeur, tandis que je me mets à repasser à toute vitesse les évènements des derniers mois. Camila, qui s'intéresse subitement à moi au milieu d'une colle et qui me pose des questions très personnelles sur mon travail et là où j'habite. Camila, que je retrouve comme par hasard au Mel's burger bar avec son cousin Tobias, alors qu'elle n'y a jamais mis les pieds. Tobias qui se tient juste à côté d'elle et qui ressemble étrangement à Jack, maintenant que je les vois côte à côte. Qu'est ce que t'es conne, putain. Je lui ai fourni toutes les informations dont elle avait besoin sur mon quotidien. Je leur ai bien mâché le travail. Comme s'il lisait dans mes pensées, Jack m'offre un sourire cynique.

– Je te présente mon petit frère et ma cousine! Mais je crois que vous vous connaissez déjà, n'est-ce pas? Et lui c'est «Bones», un ami.

Le surnom est sinistre. Sans prendre la peine de lui répondre, je me mets à me débattre pour tenter de me défaire de sa prise . Lorsqu'il sent qu'il commence à faiblir, il fait un signe de tête à Bones. Je me retrouve clouée au mur par quatre bras costauds et mon mince espoir d'évasion s'évapore.

– Qu'est ce que tu me veux? craché-je en faisant en sorte de me tenir droite.

Son sourire s'agrandit. Quelques secondes, il retire l'une de ses mains de mon épaule pour rabattre ses cheveux roux en arrière.

– T'as aimé les petits cadeaux qu'on t'a laissé? S'enquiert-il .

Je ne prends même pas la peine de répondre.

– Ta pauvre petite gueule déconfite quand t'es tombée sur la tête de poupée, ça m'a refait ma soirée, ajoute Jack. Et j'espère que t'as apprécié les jolies affiches que Camila a épinglées dans le hall. Elle s'est donnée beaucoup de mal.

Mon cœur rate un bâtiment. Camila. C'est Camila qui a accroché les affiches. Mais alors Oliver... La culpabilité me vrille le ventre. Je rue violemment, à m'en disloquer l'épaule, et mes deux assaillants manquent de perdre l'équilibre sous la surprise. Ils se reprennent trop rapidement pour que je puisse tenter quoique ce soit. Je me redresse, les yeux braqués sur lui.

– Lâche-moi, ordonné-je fermement.

Jack se met à secouer la tête, très lentement.

– Oh non.

Les touches noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant