Oliver
En rentrant chez moi après l'altercation avec Raven, je tombe sur une inconnue au milieu de ma cuisine. Elle a de longs cheveux auburn retenus par un sert-tête blanc, de grands yeux bleus et des épaules recouvertes de petites taches de rousseur. Elle porte une robe légère à motifs floraux qui lui descend en dessous des genoux et une paire de sandales en cuir. Elle est derrière le comptoir de ma cuisine, un verre d'eau à la main et l'autre plongée dans un bol de chips.
– Euh... Salut? fais-je, planté au milieu du salon.
Elle lâche tout ce qu'elle a dans les mains et le verre d'eau manque de se fracasser sur le sol. Elle m'offre un gigantesque sourire en agitant la main.
– Salut Oliver!
Elle doit finir par se rendre compte de mon air perdu, puisqu'elle s'empresse de se présenter.
– Je suis Diana, la copine de ton frère. Il est au téléphone avec son supérieur dans sa chambre.
Tout est plus clair, tout d'un coup. J'ai vaguement souvenir que mon frère m'ait parlé de la potentielle venue de sa copine ce matin, mais j'avoue avoir complètement zappé - trop occupé à épingler un trou du cul au mur. Ce putain de connard de Raven.
– Enchanté, je réponds, avec un hochement de tête et un petit sourire.
– Tu veux des chips? me demande-t-elle en tendant le petit bol dans ma direction.
– Non merci.
– D'accord!
– Hello Oli!
Mon frère apparaît à la sortie du couloir qui mène à la salle de bain et aux chambres. Comme à son habitude, il porte une chemise - aux manches roulées jusqu'à ses coudes - et un jean bleu près du corps. Si il y a bien une chose qui peut nous différencier à tous les coups avec mon frère, c'est notre style vestimentaire - et sa barbe de trois jours, aussi. Je ne jure que par les sweat-shirt et les jean larges, alors qu'il a horreur de ça. Il aime avoir l'air chic et propre sur lui. Achille vient m'ébouriffer les cheveux du plat de la main, le sourire aux lèvres.
– On fait des pâtes, t'en veux?
Je jette un coup d'œil au plan de travail pour y découvrir un pot de sauce tomate entamé.
– Bolognaises?
Mon frère m'adresse un sourire sournois.
– Bien sûr.
– Sans façon, décliné-je avec une grimace.
J'adore les pâtes, sincèrement. Un truc pratique, pas compliqué et vachement bon. Pourquoi gâcher tout son potentiel en y ajoutant trois bouts de viande hachée tous fades et une sauce visqueuse? Mon frère glousse joyeusement en jetant un regard à Diana, l'air de dire "je le savais".
– J'en étais sûr. Y a du cordon bleu et de la purée dans le frigo, ingrat.
– J'évite juste une intoxication alimentaire.
Il me donne un léger coup de poing dans l'épaule.
– Petit con, va.
Diana rit. Je balance sans grande délicatesse mes trois cordons bleus dans une assiette remplie de purée.
– Tu vas vraiment manger tout ça? s'étonne Diana en lorgnant mon assiette avec un regard impressionné.
Je lui adresse un sourire amusé.
– C'est l'idée, ouais.
– Achille, j'ai trouvé plus glouton que toi.
Mon frère, qui est en train de dresser le couvert, rit de bon cœur. On s'installe tous les trois autour de la table ronde. J'avoue avoir hésité une seconde à emporter ma purée dans ma chambre pour manger en solitaire, mais je sais que c'est important pour mon frère que je fasse connaissance avec sa copine, alors j'ai décidé de faire un effort social. Diana dévore ses pâtes avec enthousiasme et le buste de sa robe écope presque immédiatement d'une tâche de sauce tomate. Achille la lorgne avec amusement, sans faire de commentaire. J'en déduis qu'il y est habitué. Les cordons bleus sont un peu trop cuits sur le dessus, mais ça ne m'empêche pas de les dévorer en trois bouchés chacun.

VOUS LISEZ
Les touches noires
RomanceL'amitié de Vinny et Oliver a toujours sonné comme une évidence. Le genre de relation unique, grandiose et indicible qui remue au plus profond de l'âme. Jusqu'au dix-huit janvier de l'année de leurs quinze ans. Jusqu'à l'horreur, les larmes et les f...