Chapitre 47

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Oliver

Du sang perle de sa lèvre inférieure et le lampadaire au bout de la ruelle éclaire faiblement le bleu qui commence déjà à se former sur sa joue. Elle est recroquevillée sur le sol, les bras crispés autour de son ventre comme si elle souffrait beaucoup. Je ne sais pas à quel point il a eu le temps de la frapper avant que je ne débarque et ça me donne la nausée. Je vais le démolir.

Je me rendais chez Vinny pour tout lui expliquer. J'avais besoin de la voir et de lui jurer que ce n'était pas moi qui avais placardé ces horreurs sur les casiers, alors j'ai décidé de me rendre chez elle à la fin de son service. J'aurais dû démentir immédiatement, j'en suis bien conscient, mais les choses qu'elle a dites m'ont fait réfléchir à deux fois. Et puis je me suis rendu compte d'à quel point ma réaction était puérile. Je me suis mis à sa place deux minutes et je me suis dis putain, j'aurais réagi exactement de la même façon. Alors j'ai attrapé un sweat et sans hésiter, j'ai entamé le chemin jusqu'à chez elle. Lorsque j'ai tourné à l'angle de la rue, j'ai tout vu. Je n'ai pas hésité. Je me suis jeté sur lui et j'ai balancé mes phalanges dans sa gueule de connard. Maintenant, il recule de plusieurs pas, chancelant. D'une main, il tente de retenir le sang qui jaillit de son nez et de l'autre, il se rattrape au mur. Cette vision apaise à peine la rage qui me consume de l'intérieur. Je m'avance vers lui à grands pas, avec l'envie de lui faire cracher tripes et poumons. C'est là que je la vois. Elle s'est plaquée contre un mur et elle observe la scène avec un regard perdu, les bras serrés contre sa cage thoracique.

– Camila?

Elle sursaute à l'entente de son prénom et le regard coupable qu'elle me lance me confirme qu'elle est dans le coup, elle aussi. Camila, la fille sympa et jolie que j'ai embrassée il y a à peine trois jours. Je la dévisage avec dégoût, en tentant de repousser la déception, l'indignation et la colère qu'elle m'inspire dans un coin de mon esprit. On verra ça plus tard. Avant que j'ai pu rejoindre Jack, je suis violemment tiré en arrière. Je me retourne à toute vitesse et j'esquive le poing qu'un gars brun avec une tête de squelette balance vers moi. Je lui bloque fermement le bras d'une main et je le fauche de la jambe gauche. Il s'écrase sur le sol avec un bruit sourd. Je pivote sur mes talons pour faire face au dernier mec qui s'est approché dans mon dos. Putain. Trois contre un.

Le coup qu'il me porte au ventre me coupe le souffle une fraction de secondes. Je me reprends assez rapidement pour l'attraper par le T-shirt et l'envoyer valser contre le mur. Il s'écrase sur la pierre froide en poussant un grognement essoufflé. Entre-temps, son copain s'est relevé et tente de me ceinturer par derrière. Je renverse violemment la tête et je l'entends pousser un grognement de douleur. Il se tient le crâne en jurant, mais je ne suis pas encore sorti d'affaire. Jack s'est redressé et son sosie en plus blond s'est écarté du mur. L'effet de surprise passé, je ne vais plus être capable de gérer la situation très longtemps - surtout si leur pote met moins de temps que prévu à se remettre de ses émotions.

Je jette un rapide coup d'œil à Vinny ; elle se relève tant bien que mal en s'appuyant au mur. Cette vision brise quelque chose à l'intérieur de ma tête et ma fureur revient à la charge.

– Vinny ! s'exclame quelqu'un dans mon dos.

Je tourne la tête vers la voix, que j'ai reconnue. Gabriel se précipite vers nous à toute vitesse. Première bonne nouvelle. Mon soulagement n'est que de courte durée. Jack a profité de mon inattention pour m'envoyer un crochet dans la mâchoire, ce fils de pute. Gabriel est à mes côtés la seconde d'après.

Il m'adresse un regard entendu et j'enfonce une nouvelle fois mon poing dans la tête de Jack. Après ça, tout va beaucoup plus vite. Gabriel, plus grand et plus musclé, parvient à maîtriser rapidement le blond, qui finit adossé au mur. Il suffit de trois coups de plus pour que Jack se retrouve accroupi au sol, le sang de sa bouche et de son nez gouttant sur le bitume. Le dernier gars est plus coriace et met plus de temps à tomber mais finalement, il se retrouve à genoux après un coup de poings dans l'abdomen. Je m'approche de Jack, encore tremblant de colère et d'adrénaline. La douleur se fera ressentir plus tard. Pour l'instant, elle m'accorde du répit. Jack relève vers moi un regard dont il n'a pas pu entièrement dissimuler la crainte.
– Barrez-vous d'ici, ou je te jure que j'appelle les flics, menacé-je, les yeux plantés tout au fond des siens.

Les touches noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant