partie 22

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Elle ne sait pas depuis combien de temps elle marche lorsque le camion s'arrête à côté d'elle. Elle ne sait pas comment et s'ils l'ont convaincu ou non de monter à bord. Elle ne sait pas depuis combien de temps ils roulent...

La chambre dans laquelle elle se trouve est tout en carrelage. Du sol jusqu'au mur. Il n'y a pas de fenêtres. Juste un lit sur lequel elle est allongée. Elle entend la porte à sa gauche s'ouvrir. Quelqu'un se déplace jusqu'à elle.

- Tu es en sécurité maintenant, chuchote une femme. On va prendre soin de toi.

C'est dans le noir complet que Louve émerge à nouveau. Ses yeux mettent plusieurs secondes avant de s'habituer à l'obscurité. Elle se relève difficilement de son lit, et c'est en posant les pieds par terre qu'elle remarque qu'elle est nue. La fraîcheur du carrelage lui file la chair de poule. Elle prend son drap et le ramène autour de ses épaules pour se couvrir avant de se lever. Elle déambulle dans le noir et le cœur battant, elle colle sa tête contre la porte et toque une fois avec son poing, tout en retenant sa respiration. Elle toque à nouveau après quelques secondes. Et une troisième fois. Une quatrième fois. Toujours de plus en plus fort. Jusqu'à ce que toquer devienne tambouriner à la porte. Bientôt, ces cris rejoignent les coups qu'elle porte. Elle s'acharne pendant de longues minutes, jusqu'à ce que ses poings la fassent souffrir, que ses forces s'épuisent et que ses cris se transforment en sanglots étouffés. Elle s'écroule derrière la porte et reste là, allongée sur le sol, les yeux ouverts.

- (...) Je crois qu'elle est derrière la porte... indique une voix masculine.

- D'accord, fais attention et sois délicat en l'ouvrant, ordonne une femme.

Louve, groggy, sent son corps glisser de quelques mètres.

- J'avais raison, elle est là.

- Est ce qu'elle va bien ?

- A première vue seulement ses poings sont abîmés.

L'homme inspecte rapidement la blessée le temps que la femme entre à son tour. Il la ramasse ensuite avant de la déposer sur son lit. Louve ne se sent pas en état de contrôler son corps, elle a l'impression d'être trop loin de la réalité pour réagir. Une douleur la fige au niveau des mains mais elle n'a pas le réflexe de les bouger pour autant.

- Je vais te soigner, c'est pour ton bien, prévient la femme en voyant Louve grimacer.

La femme lui désinfecte une main après l'autre avant de les bander afin de protéger les plaies et surtout d'éviter que ses doigts bougent. Louve se force à tourner la tête, ce qui lui demande plus d'efforts qu'elle ne l'aurait pensé. Elle fixe la femme à son chevet qui s'occupe d'elle. Elle est jeune, mais son professionnalisme prouve une certaine maturité et un savoir-faire. La femme lui sourit, quelques mèches blondes lui tombent sur le devant du visage malgré son chignon bien serré, elle a des yeux bleus qui inspirent une confiance et sa voix apaise Louve instantanément. L'homme un peu en retrait sourit sereinement à Louve, il a des cheveux bruns de la même couleur que ses yeux, mais son visage semble pouvoir transmettre que des émotions calmes et positives.

Soudainement elle sent une piqûre dans son bras, les yeux de Louve se ferment, elle a juste le temps de voir la femme sortir, suivit par l'homme qui porte une main dans son dos; la chambre est à nouveau plongée dans le noir.

C'est le deuxième jour. La porte de la chambre s'ouvre et fait entrer un faisceau de lumière. Louve est dos à la porte, allongée sur le côté droit. Les yeux toujours dans le vague, elle n'entend pas le soignant qui s'adresse à elle. La porte se referme. Louve finit par sombrer à nouveau dans les mêmes cauchemars.

C'est le troisième jour. Ce matin, Louve est réveillée par le même aide soignant qui accompagnait la femme lors de sa prise en charge. Il est patient et l'attend afin de permettre à Louve de se préparer mentalement. Lorsqu'elle lui fait signe, elle pose les pieds par terre pendant qu'il maintient le drap autour de son corps afin de respecter sa nudité. Elle s'installe sur le fauteuil roulant et le remercie d'un signe de la tête lorsqu'il lui donne les pans du drap qu'elle serre contre elle.

you are alive (TWD) TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant