[ Ce n'est pas ce qui vous arrive qui importe,
mais votre façon d'y réagir.
Epictète. ]__________
Comme beaucoup d'autres soirs, l'esprit plongé dans le talk-show que diffuse l'écran de la télévision du salon de leur appartement, Gabriel s'affale sur le canapé en étalant ses jambes sur la méridienne, puis allume une cigarette en soufflant sa fumée droit devant lui.
L'humour des présentateurs ne l'amuse pas vraiment, et il se fout pas mal de ce qu'ils racontent, mais ça lui vide la tête après sa journée de travail.– Ouvre la fenêtre quand tu fumes. Tu vas encore déclencher le détecteur de fumée.
Il râle pour la forme en tapant l'arrière de son crâne sur le dossier, parce que sa petite amie a raison malgré tout, et s'extirpe de son assise confortable pour aller ouvrir une fenêtre.
Et finalement, les résidus de chaleur de cette soirée d'été qui viennent se frotter à son visage se montrent plus agréables que le rire débile d'un animateur sans personnalité et de sa bande de baltringues.
Alors, sans trop d'hésitation, il reste planté devant, appuyant ses coudes sur le rebord en béton pour suivre du regard les déplacements des piétons en bas de son immeuble. Le bruit des voitures et des klaxons dans la rue masque la voix du présentateur, et c'est pas plus mal, de toute manière il ne dit jamais rien d'intéressant.Puis, l'écho d'une petite quinte de toux attire son attention, et il se retourne pour lancer un regard à sa petite amie, alors occupée à relire une énième fois son mail professionnel avant de l'envoyer.
Elle secoue sa main autour de sa tête pour chasser le petit nuage de fumée qui vient englober son visage, et il lève les yeux au ciel en la voyant plisser le front sur son écran. Il lui a déjà dit qu'elle accorde trop d'importance à son boulot.
Qui plus est, c'est vendredi soir, elle ferait mieux de fermer ce maudit pc et se détendre un peu.– Quoi ? ricane t-elle sans le regarder.
Il arque un sourcil innocent en lui tournant à nouveau le dos, il sait combien elle est attachée à son job, et il aura beau lui dire mille fois de se calmer un peu sur la charge de travail qu'elle s'impose à elle-même, il sait aussi qu'elle n'écoute jamais rien.
– J'ai rien dit.
– Je t'ai vu lever les yeux au ciel.
Il retient un rire moqueur en baissant la tête, portant son regard sur les voitures garées sur le bitume. De la hauteur du troisième étage, il a une vue d'ensemble sur ce qu'il se passe dans le petit quartier.
– Tu travailles trop. finit-il néanmoins par décrocher.
Elle soupire bruyamment sans vraiment lui répondre, de toute façon, il sait pertinemment qu'elle continuera de bosser quand même.
Elle ne peut pas s'en empêcher, c'est juste plus fort qu'elle, Sacha déteste savoir qu'il reste du travail non finit dans son ordinateur.– J'en ai pas pour longtemps.
Ouais, elle doit juste vérifier une douzième fois qu'elle n'a pas fait de faute de frappes dans ce mail extrêmement important, qu'elle a commencé à rédiger il y a trois jours, avant de pouvoir l'envoyer à son supérieur.
Cela dit, Gabriel ne peut pas vraiment lui en vouloir d'être angoissée, c'est sa première année dans le monde du travail. Et après sept longues années d'études pour accéder au poste d'architecte, il veut bien comprendre qu'elle tienne tant à donner une image parfaite d'elle et de ses capacités.S'il s'était cassé le cul pendant sept ans pour apprendre un seul métier, il voudrait que tout le monde s'incline à ses genoux en le couvrant d'éloges.
Mais les études, ça l'a assez vite gonflé à vrai dire, il avait beau être bon élève, il déteste l'odeur des fiches bristol et de l'encre à surligneur.
Alors il n'a pas insisté longtemps après le bac, abandonnant volontiers les salles de classe pour aller se former sur le terrain auprès d'un employeur pas trop regardant, qui lui a signé un contrat sans aucune qualifications.
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Son meilleur ami
RomanceLe coup de foudre, le vrai, aussi interdit que passionné. Quand il frappe le cœur de Gabriel, en même temps que celui d'Alaric, le meilleur ami de sa petite amie, il secoue soudain leur monde entier et brise certaines certitudes. Plongés dans un a...