Chapitre treize

130 20 1
                                    

[Il est encore trop tôt pour savoir s'il est trop tard.
Pierre Dac.]

______________

Les bras tremblants et la nuque raide à s'en froisser une vertèbre, le contact de l'eau sur son corps, jusque là agréable, devient maintenant pénible.
En fermant les yeux, il recule d'un pas, marchant au fond du bassin en secouant quelques remous autour de lui.
Cherchant à éviter le regard d'Alaric, il pivote sur lui-même pour s'avancer jusqu'à l'échelle.

Il faut qu'ils sortent de là.

Aaron est parti, mais il va bientôt revenir, et Gabriel ne se sent plus capable de regarder qui que ce soit dans les yeux. Il a maintenant cette impression tout à fait désagréable que son faux-pas s'est gravé sur son front et que tout le monde va s'en rendre compte.

Un pied sur l'échelle, une main sur la petite rambarde en métal, il hisse son corps hors de l'eau, espérant retrouver un peu d'air frais une fois de retour sur les dalles en béton. Il a l'impression que sa respiration s'est échappée, partie en courant pour fuir l'angoisse qui noue douloureusement son estomac.

Derrière lui, il entend Aly se déplacer, mais il ne se retourne pas pour le regarder, il a bien trop peur de ce qu'il pourrait voir dans ses yeux.
Néanmoins, alors qu'il s'apprête à sortir complètement du bassin, une main se pose discrètement à l'arrière de sa cuisse, et il se fige instantanément. Contractant tous les muscles de son corps, il demeure immobile et silencieux, face à la dalle en béton alors que les doigts d'Alaric semblent se resserrer dans sa peau pour l'interpeller.

Sa voix lui parvient comme lointaine, ses oreilles bourdonnant encore un peu, et il avale sa salive en l'entendant lui parler doucement.

– Écoute moi une seconde.

Lentement, d'un mouvement mécanique, il tourne sa tête et incline son menton vers le bas, apercevant vaguement la silhouette d'Alaric dans sa vision périphérique.

– Pourquoi ?

Est-ce qu'il y a véritablement besoin de dire quelque chose ?
Doivent-ils réellement verbaliser le fait que ce qu'ils ont fait vient de les mettre dans une position terriblement inconfortable ?
Gabriel a laissé son corps parler tout seul, oubliant tous ses principes.
C'est juste ... Dégueulasse.

Mais ce qui est encore plus immonde, c'est d'avoir encore l'impression de sentir les caresses d'Alaric sur son torse, de ressentir encore le goût de sa langue dans sa bouche et la pression monstrueuse de son sexe touchant le sien.
Comme si Alaric était littéralement entré à l'intérieur de lui, il a laissé sa marque et son influence sous sa peau.
Et il aime ça.

C'est ça, le plus affreux.

Il a l'impression que, désormais, il ne pourra plus vivre sans.
Que, s'il veut rester en vie, il va devoir lui quémander sa présence, le supplier de lécher encore son cou.

– Regarde moi. lui demande Aly dans un soupir.

En s'agrippant un peu plus à la rambarde pour ne pas glisser dans la manœuvre, Gabriel fait alors tourner son corps pour se mettre face à lui. Les mollets contre le petit escalier, il vient s'asseoir sur le rebord en béton, gardant seulement les pieds dans l'eau.

En gardant une distance qui se veut sûrement sécuritaire, Alaric se contente de refermer ses mains sur ses chevilles, s'arrimant à lui en levant ses yeux dans son regard.

– Il faut qu'on soit naturels.

Arquant un sourcil, Gabriel soupire par le nez en affaissant ses épaules.

– Merci, j'aurais pas deviné.

Alaric tourne lentement sa tête de droite à gauche en tiquant légèrement, semblant vouloir dire que Gabriel n'a pas compris où il voulait en venir.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant