Chapitre cinquante

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[Il est grand temps de rallumer les étoiles.
Guillaume Apollinaire]

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Le cœur battant d'émotion au fond de la gorge, le ventre secoué d'excitation et le souffle alourdi d'envies impatientes, la fièvre réchauffe son corps tout entier quand Gabriel se redresse en prenant appui sur ses mains, éloignant son visage du bassin d'Aly.
En fermant la bouche, il avale la salive qui colle à sa langue, mélangée au goût si singulier du liquide séminal.

Sur sa tempe, la paume d'Alaric l'invite à revenir à sa hauteur, exerçant une légère pression sur le côté de son crâne et, avant de lui obéir, il pince ses lèvres pour les éponger et embrasse l'intérieur de sa cuisse.
Sentant sa peau frémir au contact de sa bouche, il ferme les yeux en répétant le baiser deux centimètres plus loin, puis une troisième fois, passant en même temps ses doigts sous son genou replié.

La respiration lente et sifflante d'Alaric, déréglée par les sensations décuplées, murmure à ses tympans des incitations à poursuivre la course de ses lèvres encore un peu plus.
Alors, sans se presser, prenant tout le temps dont il a besoin pour ne négliger aucun grain de peau, il remonte les courbes de son corps en enchaînant les baisers humides.
Passant près du pli de son aine, au dessus de son nombril puis s'attardant sur chacune de ses côtes, marquant une pause sur les lignes de ses pectoraux pour y faire glisser sa langue, il parcoure toutes ses formes les unes après les autres.

Pour ne rien perdre, sa main droite accompagne son exploration, remontant progressivement les reliefs de ses abdominaux, puis ceux de son épaule quand sa bouche atteint sa gorge.
Dans le creux de son cou, il pince un morceau de peau entre ses dents avant de l'embrasser, comme pour couvrir la blessure.
Puis, alors qu'Alaric referme ses jambes autour de son dos, semblant le supplier de venir enfin à la rencontre de son visage, il termine son voyage sur les pentes de son corps en atterrissant, enfin, sur ses lèvres. Pressant ses doigts sur la ligne de sa mâchoire, semblant vouloir l'embrasser plus fort qu'il n'est possible de le faire, il goûte à nouveau à sa langue.
Leurs souffles se mélangent l'un à l'autre, réveillant davantage de frissons le long de ses bras et de sa colonne vertébrale, et il se perd complètement au creux de cet échange.
Les yeux fermés, le front brûlant et la poitrine martelée par la tachycardie, il sent les chevilles d'Alaric se resserrer contre son coccyx.
Dans la folie de l'instant, ses dents heurtent parfois les siennes et quelques échos gutturaux échappent à leurs gorges.

Au milieu d'eux, un gémissement discret surgit, sans qu'il ne puisse dire s'il vient de lui ou d'Aly et, finissant par quitter sa bouche pour respirer, il pose un baiser mouillé à sa joue tout en frottant ses hanches entre les siennes.
A travers le tissu de son boxer toujours présent, il perçoit malgré tout les sensations dévorantes qui font frémir ses reins, et rouvre ses paupières en plaquant son front contre le sien.
Plongeant à l'intérieur de son regard pour s'y noyer un moment, il amplifie les mouvements de son bassin en entrouvrant sa bouche, cherchant l'air qui lui fait défaut.

En appuie sur un seul avant bras, tremblant qui plus est, il s'affaisse progressivement, sans vraiment sans rendre compte, faisant peser tout son poids sur le thorax d'Aly, qui lui sourit malgré l'asphyxie, chuchotant néanmoins en essayant de bouger en dessous de lui.

– Gab', tu m'écrases.

Un rire nerveux et mécanique lui échappe alors qu'il réunit ses forces pour redresser son buste à la force de ses bras, écartant son visage du sien en relevant le menton.
Les yeux maintenant face au mur, il inspire autant d'air que possible avant d'avaler sa salive en secouant la tête, agitant ses cheveux sur son front.
Le désir est si fort qu'il va bientôt s'étouffer avec.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant