Chapitre douze

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[Je voudrais pas crever avant d'avoir usé sa bouche avec ma bouche, son corps avec mes mains, le reste avec mes yeux.
Boris Vian.]

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L'air entre et sort de ses poumons au rythme de sa folie, qui s'insinue derrière son front, s'ouvrant sur son crâne pour prendre en otage ses neurones, qui se déconnectent les unes après les autres.

Ses pupilles bougent un peu, alternant parfois entre ses lèvres et ses yeux alors qu'un incendie se déclare au fond de sa gorge, obstruant son larynx pour l'empêcher de respirer convenablement. Le feu se propage, brûlant derrière ses rétines, et il est certain qu'Alaric peut voir les flammes faire danser ses iris.

Descendant le long de son corps, la chaleur continue son chemin à travers ses membres, atteignant son bassin après avoir calciné ses côtes, puis jusqu'à venir souffler l'incandescence sous la ligne de son pelvis.
Il a parfaitement conscience du début de réaction qui s'élève tout en bas, il s'en mord un peu l'intérieur des joues en sentant l'élasthanne de son boxer s'étirer sous la pression.

Il faut dire que la tension qui se crée autour d'eux ne peut définitivement pas le laisser indifférent, à moitié nus dans l'eau claire alors qu'Alaric fait glisser son regard le long de sa gorge, semblant en analyser tous les traits.
Son cœur en train de battre entre ses hanches fait pulser le sang directement dans les parois internes de sa verge, sans passer par le reste de son corps, et l'érection qui en découle devient de plus en plus importante.
Les muscles de ses cuisses se contractent à chaque pulsation, faisant imperceptiblement trembler ses jambes d'un mélange d'excitation et de frustration.

C'est trop.
Juste trop.
Gabriel ne se souvient pas avoir déjà bandé aussi fort, dans aucune situation, encore moins avec cette sensation bourdonnante qu'il pourrait éclater d'une seconde à l'autre.

Ses épaules se tendent alors que son dos s'affaisse, arquant sa colonne vertébrale d'une cambrure inhabituelle et, en ouvrant un peu la bouche pour chercher de l'air autour de lui, inspirant quelques particules de chlore, il tire un peu plus fort sur la main d'Alaric.

Il sait qu'il ne devrait pas faire ça, il le sait vraiment, mais le voile qui recouvre ses pensées l'empêche d'agir autrement, parce qu'il en a trop besoin.
Et furieusement envie. Il veut le sentir plus près, frotter sa peau sur la sienne et le voir imbriquer son bassin entre ses hanches.
Sa poitrine tressaute brièvement quand Aly se déplace dans l'eau, créant une petite vague qui vient frôler les muscles de ses pectoraux et faire réagir son épiderme au contact humide.

Le menton très légèrement relevé et les lèvres entrouvertes, Alaric bouge dans la piscine pour changer de place, décollant son dos du liner, il vient se poster en face de lui en se laissant plus ou moins porter par le courant discret créé par ses propres mouvements.
Juste quand leurs jambes peuvent se toucher sous la surface, il prend à nouveau appuie sur le fond du bassin, ancrant ses talons dans le sol pour rester stable.

Désormais parfaitement face à face, liés par une main et par leurs souffles qui s'emmêlent à mi chemin entre leurs torses, Gabriel avale sa salive en plaquant son dos contre la paroi derrière lui, sentant le liner coller sa peau, pour y prendre appuie.
En forçant un peu sur son coude, il tire doucement sur les doigts d'Alaric, l'invitant à venir un peu plus près.

Encore un peu plus près.

Son corps s'affole, ses genoux s'affaissent, sa poitrine se ramollit et ses bras se contractent un peu plus alors que, répondant à une pulsion soudaine, il fait remonter sa main libre sur le bras blessé d'Alaric.
Ses doigts explorent sa peau et les aspérités de la cicatrice qu'il a déjà touchée, une fois, sur la table en bois de l'espace extérieur de la boîte de nuit.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant