Chapitre dix-sept

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[On n'a rien à craindre de ceux qui crient.
Ce sont les silencieux qu'il faut surveiller.
Henning Mankell.]

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La nuit qui a tiré sa révérence restitue sa place aux rayons du soleil quand la maison commence doucement à se réveiller. Les uns après les autres, les occupants vacanciers s'échappent de leurs chambres pour investir le salon, s'agitant mollement autour de la cafetière qui tourne à plein régime.

Pieds nus, parfois torse nu pour certains, ils s'entassent sur la terrasse pour aller frotter leurs peaux aux premières chaleurs de la journée, armés souvent d'une tasse, quelques fois d'un pot de confiture. Dans les discussions encore frêles, la voix toujours enrouée par le sommeil, chacun se réveille tranquillement à sa manière.

La lumière naturelle d'une matinée d'été frappe la table en bois et se reflète dans les écrans de téléphone, alors que la journée qui s'annonce va être très pénible pour Gabriel. Les coudes sur le plateau, les yeux piquants de n'avoir pas dormi de la nuit, il promène un regard peu intéressé sur l'assemblée, scrutant les environs alors que Sacha et Adam sont les seuls à dormir encore.
La fatigue le rend vaseux, au moins autant que son malaise le rend nerveux, soit le cocktail parfait pour perdre sa patience d'une seconde à l'autre.

Alaric ne se tient pas très loin, trois chaises à sa droite pour être précis, pourtant, il se sent à des années lumières de lui. Parce qu'il ne peut pas le regarder comme il le voudrait, forcé de réprimer l'éclat de ses sentiments sous ses iris.
Quand il a fallu rejoindre le salon avant les autres, ils se sont embrassés une dernière fois avant d'ouvrir les volets électriques des baies vitrées, et depuis, il sent la frustration lui grignoter la peau.
Cependant, personne n'a réagi outre mesure à leur prétendu réveil particulièrement matinal, pas même Sinane, qui s'est levé le premier, et qui a sourit chaleureusement à Alaric.

Même Alec ne l'a pas encore fusillé du regard, la tête penchée dans son café qu'il touille un peu mollement. Ça ne devrait pas tarder cela dit, Gabriel ne se fait que peu de doute là dessus.

Dehors, le vent déjà trop chaud souffle sur ses épaules dénudées, alors qu'il est toujours couvert de son simple jogging, faute d'avoir pu repasser par sa chambre, et il soupire d'agacement en pensant aux prochaines heures à venir.
Alaric est si près de lui qu'il pourrait lui prendre la main s'il tendait le bras, mais il ne peut pas le faire, il ne peut même pas se perdre à trop le contempler, au risque de se faire repérer.
Au lieu de ça, il ne peut que se contenter de le regarder du coin de l'œil quand il l'entend parler à quelqu'un d'autre.
Sa voix est si naturelle et spontanée que personne ne pourrait se douter de ce qu'il a fait de sa nuit, dans le dos de sa meilleure amie.
Gabriel s'étonne d'ailleurs franchement de la qualité de son jeu d'acteur, même lui pourrait croire qu'il ne s'est rien passé.

Progressivement tout de même, alors que les corps s'étirent un peu plus et que les paupières terminent de s'ouvrir complètement, l'ambiance devient graduellement plus agitée, remplissant peu à peu l'air de quelques éclats de rire entre deux bâillements résiduels.

Malgré ça, Gabriel pique sévèrement du nez, alors que chacun de ses cils semblent peser une demie tonne, et il doit lutter contre sa fatigue pour ne pas voir son crâne s'écrouler sur la table.
Ce serait sûrement suspect, de s'endormir avant neuf heures du matin, et il ne doit surtout pas griller sa couverture. Alors, avec l'espoir de réveiller ses membres engourdis et alourdis, il enchaîne quatre ou cinq cafés, gonflant son estomac de caféine en s'efforçant de rester discret.

La journée commence à peine, se serait tout de même con de céder si vite.

Seulement, quand sa petite amie apparaît en bas des escaliers, la frange encore emmêlée et les pommettes rougies par le contact de l'oreiller, il se sent soudain animé d'une agitation nouvelle, et il se redresse vivement en oubliant sa fatigue.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant