[Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge.
Winston Churchill]________________
Les paupières ankylosées, le dos endolori et la gorge sèche, emplie d'un goût particulièrement désagréable, il ouvre péniblement les yeux quand la lumière naturelle du jour vient frapper son visage endormi. Sentant son corps tout entier geindre d'une sensation d'inconfort, une plainte gémissante résonne dans sa bouche fermée alors qu'il presse sa main sur son crâne douloureux.
Le soleil, qui crache ses rayons à travers la fenêtre, ébloui complètement ses pupilles meurtries et, dans un réflexe, il cherche malhabilement un coussin autour de lui.
Remarquant le vide à côté de lui, alors que son bras retombe lourdement sous son propre poids, touchant le sol du bout des doigts, il plisse le front en redressant légèrement le cou.
Les pensées ralenties et ramollies, il bat plusieurs fois des cils avant de se rendre compte qu'il se trouve dans le canapé du salon.Avachi sur le dos, la main traînant par terre et la nuque grinçante d'un méchant torticolis, il arque un sourcil fatigué en essayant de comprendre ce qu'il fait là.
Faisant le point sur les dernières heures, il s'aperçoit avec une touche d'effroi que son dernier souvenir remonte à l'effervescence de sa soirée au milieu de la foule.
Sans la moindre idée de comment il est rentré, ni à quelle heure, il plaque une de ses paumes sur ses lèvres quand quelques flashs flous lui reviennent les uns après les autres.Sur la piste centrale, il se souvient vaguement de quelques instants déformés, son torse nu dans la foule, et la chemise qu'il a abandonnée à son sort sur le sol.
– Fait chier ...
Puis, quelques pas de danse avec Sinane, et sa chute maladroite contre un inconnu.
Et sa langue, dans la bouche d'un homme dont le visage échappe à sa mémoire.
Le fourmillement de ses doigts sur sa peau, puis l'intervention de son ami pour l'empêcher d'aller plus loin.– Putain ..
Ses souvenirs s'arrêtent à peu près là, peut-être un tout petit peu plus loin, il n'est pas vraiment sûr.
Cognant l'arrière de son crâne contre l'accoudoir, regrettant par ailleurs son geste immédiatement après alors que la migraine s'amplifie tout à coup, il tente mollement d'étirer ses jambes sur l'espace réduit du canapé.
Les épaules lourdes et la langue pâteuse, il se redresse laborieusement sur ses avant bras, grimaçant quand une douleur désagréable le lance près de son coude droit.S'asseyant, sa tête tourne quelques secondes avant qu'il ne se stabilise complètement sur son assise. Se sentant encore imbibé et passablement crasseux, l'odeur de la transpiration chatouille son nez quand il grimace instinctivement.
Cherchant alors l'origine de la douleur de son coude, il plie son bras près de son visage pour analyser sa peau, découvrant deux plaies disgracieuses et encore marquées de sang séché.Bien que peu profondes, elles s'étalent chacune sur plusieurs centimètres carré, et de léger bleus en tracent les contours. Mais, même en forçant, impossible de se rappeler de ce qui a bien pu lui arriver pour se blesser ainsi.
Remarquant toutefois quelques petits points noirs sur sa peau râpée, il soupire en supposant qu'il a dû se vautrer sur du goudron.
Peut-être même à plusieurs reprises.Il faut qu'il désinfecte ça.
Mais ses jambes encore trop lourdes l'empêchent de se redresser dans l'immédiat, et il appuie ses coudes sur ses genoux, plongeant son visage dans ses mains. Soufflant dans ses paumes, laissant couler quelques secondes, le temps que son corps accepte de bouger, il finit par se relever difficilement en s'aidant de l'accoudoir.
Debout, il tangue un peu sur ses pieds déchaussés, sans savoir s'il a lui-même retiré ses chaussures ou si quelqu'un l'a fait à sa place. Juste vêtu de son jean et le ventre à l'air, il cherche son téléphone dans les environs, avant de s'apercevoir que celui-ci se trouve toujours dans sa poche.
Soudain, une inquiétude le saisit à la gorge, et il ouvre de grands yeux paniqués en attrapant brutalement l'appareil, le déverrouillant à la hâte.
Pressant nerveusement l'onglet de sa messagerie, il soupire de soulagement en remarquant qu'il n'a pas fait la connerie d'écrire à Gabriel avec ses trois grammes dans chaque œil.
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Son meilleur ami
RomanceLe coup de foudre, le vrai, aussi interdit que passionné. Quand il frappe le cœur de Gabriel, en même temps que celui d'Alaric, le meilleur ami de sa petite amie, il secoue soudain leur monde entier et brise certaines certitudes. Plongés dans un a...