Chapitre seize

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[Me revient des jours passés, a s'aimer comme des dingues, comme deux fous à lier.
Serge Gainsbourg.]

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Pour éviter de faire du bruit et d'alerter toute la maison, il fait couler un maigre filet d'eau hors de la pomme de douche, passant le jet au plus près de son corps pour nettoyer sa peau malgré le manque de pression. A côté de lui, nu, propre, et attendant patiemment qu'il ait terminé, Alaric le reluque sans aucune vergogne, baladant avidement ses yeux sur les muscles de ses bras et de son torse.

Puis, alors qu'il lui tourne le dos par pudeur pour nettoyer son pauvre membre désormais mou et rétrécit, il sent la main d'Alaric se promener sur son dos, traçant un petit chemin et semblant l'inspecter.
Il plisse un peu les paupières pour mieux ressentir les déplacements de ses doigts sur sa peau, frissonnant de temps à autre et faisant vibrer quelque chose de nouveau dans son cœur.

Quelque chose comme de la douceur.

Murmurant près de son oreille, appuyant son menton sur son épaule, son amant referme en même temps ses bras sur son torse, nouant ses mains en dessous de son diaphragme.

– T'as un lentigo.

Malgré la délicatesse de sa voix, qui fait chanter ses tympans d'une onde nouvelle et subtile, il arque un sourcil sans se retourner, fixant le mur devant lui.
Un quoi ?

– Quoi ?

– Des tâches pigmentaires. explique Aly. A cause des coups de soleil répétés.

Baissant les yeux sur ses mains liées et posées sur son ventre, Gabriel respire calmement avant de basculer sa tête vers l'arrière pour capter son regard, tombant sans s'y attendre sur son expression réprobatrice.

– C'est dangereux tu sais.

Ses yeux arrimés dans les siens, le cou plié pour faire à peu près face à son visage, ses lèvres sont si proches des siennes qu'il a envie de les capturer tout de suite.
Et les garder pour lui, pour toujours.

Mais, sentant Alaric sur le point de lui faire la morale pour cette histoire de coup de soleil et de tâches sur son dos, il prend sur lui encore un moment, ravalant son envie de l'embrasser.

– C'est rien.

Alaric fait rouler ses yeux dans ses orbites, semblant s'agacer un peu de sa réponse et, venant embrasser le sommet de son épaule, il chuchote dans son cou.

– Fais attention à toi s'il te plaît.

Il ressent un long frisson remonter tout son corps, tirant sa racine dans ses tendons d'Achille, le frémissement trace son chemin dans ses jambes et son dos, venant faire sortir la chair de poule sur ses bras et le bas de son ventre. En inspirant profondément, il éteint doucement le maigre filet d'eau et raccroche la pomme de douche dans son socle sans faire tinter le métal, avant de pivoter sur lui-même, venant faire face à Alaric.

Collant leurs fronts ensemble, il fixe son regard sur l'éclat sincère de ses yeux avant d'embrasser silencieusement sa bouche, distinguant sur ses lèvres le goût frais du dentifrice.

– J'y penserais. promet-il presque sous la contrainte.

Battant un peu des paupières, Alaric se mordille la lèvre en le dévisageant un petit instant, avant d'inspirer lentement tout en passant sa main dans les mèches blondes de son amant, les remettant quelque peu en place à l'aide de ses doigts.

– Viens un peu dans ma chambre.

Déposant ses mains sur ses hanches dénudées, Gabriel crispe un peu ses phalanges en fermant les yeux. Il meurt d'envie d'aller dans cette chambre avec lui, juste pour s'allonger un petit moment à ses côtés, pour mettre son nez dans ses cheveux et faire courir ses doigts le long de la cambrure de son dos.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant