[Tu peux, tu devrais. Et si tu es assez courageux, tu iras.
Stephen King]__________________
A force de ne plus tenir sur ses jambes, de voir ses mains se mettre à trembler, malgré toute sa volonté, pendant des interventions chirurgicales et de déambuler dans les couloirs comme un revenant, Alaric a finit par écoper d'un arrêt maladie, signé de la main de son titulaire en personne, qui lui a formellement interdit de se présenter sur son lieu de travail tant qu'il n'aura pas fait, au moins, deux nuits de sommeil consécutives.
Il faut dire qu'il ne valait plus grand chose, à la limite de la dépression nerveuse, et il n'a finalement pas craché sur ces quelques jours de répits. Pourtant, ce n'est pas comme ça qu'il se changera les idées, bien au contraire d'ailleurs, tourner en rond dans l'appartement ne fait qu'augmenter le flot bruyant et incessant de ses pensées.
Du matin jusqu'au soir, il vagabonde, de son lit au canapé, du canapé au lit.
De temps en temps, il fait une escale par la cuisine.Trois jours qu'il erre dans l'appartement comme un ectoplasme.
Six jours qu'il a parlé à Gabriel.
Demain, ça fera officiellement un mois qu'ils sont séparés, et il n'a pas eu d'autres nouvelles depuis la dernière fois, bien qu'il n'ait pas particulièrement cherché à en avoir non plus.
Gabriel fait sa vie avec son nouveau mec, grand bien lui fasse, et Alaric doit apprendre à passer à autre chose, même si ça fait mal.
Même si c'est impossible, en réalité.Le soir, il passe la moitié de ses nuits dans la chambre de sa colocataire, à étancher ses maux au travers du flot de son impuissance.
Et elle l'écoute, patiemment.
Puis, les rares fois où il parvient à s'endormir, il se réveille généralement après deux ou trois heures de sommeil.
Dans ces moments-là, il retourne dans le salon et s'assoit par terre, au pied du canapé pour caler sa tête contre la mousse de l'assise.
Il allume la télévision, baisse le volume, juste assez pour entendre sans réveiller Emy, et il reste là jusqu'à ce que le son du téléfilm de la nuit berce sa fatigue.
Il somnole plus qu'il ne dort, et la position est moyennement confortable, mais il arrive à ne plus penser pendant un petit moment.Sinon, le reste du temps, il ne fait que voir et revoir l'image de ce gars, celui qui est venu s'accrocher au bras de Gabriel pendant qu'ils parlaient -s'engueulaient- sur le palier.
Maintenant qu'il a un visage et un nom à mettre dessus, il ronge encore un peu plus ses pensées.
Pourtant, il jure qu'il essaie, de dévier son attention sur autre chose, de se concentrer sur des tâches quelconques, mais c'est fou comme, dans des périodes comme celle ci, tout et n'importe quoi nous ramène à l'autre.Et aujourd'hui, alors qu'il broie du noir dans la cuisine, le coude appuyé contre le plan de travail en attendant que la cafetière chauffe, il se fait surprendre par des coups donnés contre la porte d'entrée. Encore en tenue de nuit, boxer t-shirt, à près de quinze heure, il se traîne jusque dans le hall, abandonnant la surveillance de la machine à café, pour aller ouvrir à son visiteur.
Pour être tout à fait exact, à la seconde où il tourne la clé dans la serrure, la porte s'ouvre brutalement de l'extérieur, manquant de lui cogner le front, et une ombre agitée lui passe à côté comme une fusée.
Pantois, debout au milieu du hall, il cligne plusieurs fois des paupières, avant de reconnaître Sinane, qui vient de faire une entrée fracassante et qui frappe dans ses mains en le dévisageant.– Me dis pas que tu te lèves juste ?!
Un peu abasourdi, il referme lentement la porte sans la claquer, regardant Sinane faire sa vie dans l'appartement, traversant le salon pour atteindre la cuisine.
– Non, je-
– Ouais, t'as juste passé ta journée à traîner. C'est ça ?
Depuis la cuisine, Alaric l'entend enclencher la cafetière, probablement en train de se servir le café qu'il attendait depuis tout à l'heure, et il arque en sourcil en le rejoignant d'un pas prudent.
En le retrouvant, près du plan de travail, occupé à -effectivement- siroter la tasse qu'il s'était préparé, il plisse le front alors que Sinane s'approche brutalement de lui pour le reluquer sous toutes les coutures.
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Son meilleur ami
RomanceLe coup de foudre, le vrai, aussi interdit que passionné. Quand il frappe le cœur de Gabriel, en même temps que celui d'Alaric, le meilleur ami de sa petite amie, il secoue soudain leur monde entier et brise certaines certitudes. Plongés dans un a...