Chapitre cinquante-et-un

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[Les émotions les plus belles sont celles que tu ne sais pas expliquer.
Charles Baudelaire]

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Le dos légèrement courbé vers l'avant, les mains toujours accrochées aux cuisses de son petit ami, Alaric laisse sa tête tomber lourdement vers le bas en avalant sa salive.
Passablement essoufflé et les cheveux vaguement décoiffés, il inspire deux fois par le nez dans l'espoir de rectifier son rythme cardiaque désordonné par l'effort.
Lentement, comme si sa colonne vertébrale pesait tout à coup une demie tonne, il se redresse en vidant l'air de ses poumons, avant de desserrer progressivement l'emprise de ses doigts sur les jambes de Gabriel.

Sans hâter ses mouvements, la paume de sa main gauche caresse doucement sa peau, remontant vers le creux de son genou, puis dessinant le tour de sa cuisse pour aller finir son trajet le long de son tibia.
Le ventre encore crépitant des sensations enivrantes, il baisse les yeux vers son propre pelvis, entreprenant de se retirer.
Abandonnant la jambe de Gabriel pour libérer son bras, il maintien le préservatif en place sur son sexe a moitié mou, histoire que celui ci ne reste pas partiellement coincé à l'intérieur au moment de sortir, avant de l'enlever complètement une fois dégagé.

Puis, en reculant sur le lit, il laisse entièrement retomber les deux jambes presque amorphes, s'éloignant un moment de Gabriel pour aller se débarrasser de son morceau de latex.
En posant ses deux pieds au sol, il tourne une fois sur lui même tout en nouant le préservatif, puis ramasse dans la foulée celui qui traîne par terre, avant de finalement sortir de la pièce, rejoignant la salle de bain pour les y jeter.
Près de la vasque, se postant devant le miroir, il sourit à son propre reflet en passant ses doigts dans ses cheveux.
Faire l'amour avec lui est définitivement extraordinaire et, ce soir, il a pris plus de plaisir qu'il n'en a pris dans toute sa vie.

Encore un peu euphorique, il jette ensuite un regard hésitant à la cabine de douche derrière lui. Il aurait bien besoin d'y faire un tour.
Sans s'y attarder plus que ça pour autant, savonnant son corps sans traîner, il s'agite à se débarrasser de la transpiration et des résidus de lubrifiant sur ses mains.
Le contact de l'eau est agréable, mais il préfère se dépêcher de retrouver Gabriel, sa peau lui manque déjà.
Alors, en sortant, il se sert une nouvelle serviette, l'autre étant restée abandonnée sur le sol de la chambre, et sèche les gouttes qui ruissellent un peu partout sur ses jambes et ses bras.
Et, sans vêtements à se mettre, il traverse à nouveau le petit couloir pour retrouver la chambre.

Passant près du lit, il sourit à Gabriel qui, semblant de nouveau conscient, le suit du regard à travers la pièce. S'approchant du matelas, il se traîne à quatre pattes sur les draps, puis s'allonge près de lui, remettant en place quelques mèches blondes sur son front.
Admirant son visage apaisé, il caresse sa joue, puis son épaule, avant d'embrasser rapidement sa bouche.

– Ça va ?

– Oui .. Mais j'ai besoin d'une douche.

Avec un petit sourire taquin collé aux lèvres, Alaric coule un bref regard sur le bas de son ventre, luisant de sperme à moitié sec, et hoche la tête en se pinçant les lèvres.

– En effet.

Passant ses mains sur son visage pour réveiller ses joues cotonneuses, Gabriel inspire profondément, contracte ses épaules comme s'il s'apprêtait à se lever, pour finalement ne pas bouger davantage, soupirant dans ses paumes.
Prenant quelques secondes de préparation psychologique pour se dégager de la flemme infernale qui lui ramollit les muscles, il grogne comme un ours dérangé en pleine hibernation.
Puis, réunissant ses forces, il redresse le haut de son corps, se figeant un instant en position assise comme s'il jaugeait sa capacité à se remettre complètement debout.

Son meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant