[La curiosité excite le désir plus encore que le souvenir du plaisir.
Anatole France.]_______________
Abandonnant sans vergogne son verre vide sur la table de l'espace extérieur, il s'étire succinctement avant de se remettre sur ses jambes.
Encore un peu secoué par l'alcool et leur dernier échange de regard, il fait un pas vers l'avant et suit, du coin de l'œil, les déplacements d'Aly qui se lève à son tour.Marchant l'un derrière l'autre sans se parler, ils traversent à nouveau la salle bruyante.
Ses oreilles habituées au presque calme de dehors vibrent douloureusement quand la musique vient lui cogner les tympans, et il se fraie un chemin dans la foule en poussant les corps autour de lui, attirant sur sa personne quelques regards noirs.Mais il a urgemment besoin de sortir d'ici, perturbé par ce qu'il vient de se passer avec Aly.
Il faut qu'il prenne l'air et qu'il se remette les idées en place, et très vite !Un peu perdu dans la foule affolée, il plisse les yeux pour tenter de repérer la sortie et s'immobilise quand il se rend compte qu'il peine à s'orienter dans la quasi pénombre.
Cherchant du regard à droite et à gauche, il sent à peine le contact léger sur son épaule, et tourne son visage vers Alaric, qui lui indique le chemin d'un mouvement du menton.En le suivant, il le regarde évoluer au centre de la foule, évitant agilement quelques mouvements brusques d'ivrognes. Sa démarche paraît toujours sereine, néanmoins, il semble se tenir volontairement éloigné de lui, le distançant de plusieurs pas.
Progressivement, la sortie se dessine droit devant eux, et Gabriel accélère un peu plus le pas pour s'empresser de quitter cet endroit trop bruyant.
En passant la porte, il lui faut quelques secondes pour s'acclimater au changement d'atmosphère, retrouvant le parking et la rue endormie, encore plongée dans la nuit sombre.Rapidement, il remarque la présence de leur groupe d'amis, agglutinés près des voitures, et qui semblaient justement guetter leur arrivée.
Marchant à côté d'Aly, ils s'avancent lentement vers eux et, quand ils arrivent à leur hauteur, Alaric s'éloigne de quelques pas sur la gauche sans relever les yeux, pour finalement s'engouffrer rapidement dans le premier véhicule.– On a faillit attendre ! se plaint faussement Adam.
Il ignore la petite remarque du blond, plein comme un tonneau et avachi contre la carrosserie, et s'empresse de monter à son tour dans la deuxième voiture, évitant les regards des autres sur sa personne, et récupérant au passage son téléphone et ses clopes.
C'est sans doute seulement dans sa tête, mais il se sent observé, comme si tout le monde pouvait lire son malaise sur son front.
Assit près de la vitre, il s'affale dans le siège, regardant du coin de l'œil sa petite amie venir prendre place près de lui.
Apparemment épuisée, elle s'effondre sur la banquette et ferme les yeux immédiatement après avoir enclenché sa ceinture de sécurité.
Les paupières closes, elle appuie son crâne sur son épaule, et il ne peut pas se retenir d'avaler nerveusement sa salive.Pourtant, il n'a rien fait de mal, mais ce frisson et cette sensation d'intimité qu'il a ressenti en plongeant dans les yeux d'Aly lui donne l'impression d'avoir commis un acte immoral. Comme si le fait d'avoir ressenti cet étrange bien être à ses côtés résonnait déjà comme une trahison discrète.
Il a aimé être dehors avec lui, dans le calme, il a remarqué la bienveillance dont il a fait preuve avec lui et, a cet instant, s'il avait dû choisir entre rester près de lui ou rejoindre Sacha, il serait resté avec lui.
Et il est presque sûr que ça craint.
Il ne devrait pas penser et réagir de cette manière, c'est mal.
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Son meilleur ami
RomanceLe coup de foudre, le vrai, aussi interdit que passionné. Quand il frappe le cœur de Gabriel, en même temps que celui d'Alaric, le meilleur ami de sa petite amie, il secoue soudain leur monde entier et brise certaines certitudes. Plongés dans un a...