Je ne respirais plus.
Je sentais un poids sur ma poitrine, m'empêchant de remplir d'air mes poumons.
Je luttais, à tâtons dans la semi-obscurité.
Je cherchais à dégager la chose qui m'étouffait.
La chose, ou la personne.
Je tentais de réfréner ma panique, de moduler les battements de mon cœur, mais tout cela était vain.
J'étouffais. Il m'étouffait.
Une odeur. De renfermé. Une fillette. Enfermée.
Suppliant la silhouette qui refermait son poing sur sa gorge de desserrer sa prise, de relâcher sa pression avant que ce ne soit elle qui lâche prise et s'évanouisse. Pour ne jamais se réveiller.
Ne plus bouger. Etre immobilisée. Immobile. Comme les deux corps à ses côtés.
Elle abandonna. Elle s'abandonna. Elle fit la morte.
Et le devint aux yeux de son agresseur. Qui la relâcha. Qui l'abandonna.
Comme eux. Eux, vers qui elle rampa ensuite, cherchant son souffle, cherchant une quelconque trace de vie, un quelconque souffle de leur part, une quelconque chaleur humaine dans la froideur de cette cave.
Cherchant un sens.
Abandonnée, laissée pour morte, elle demeura, des jours durant, seule.
Seule.
Elle était dorénavant seule.
Et le demeurerait.
- Arghl !!
Je prenais une grande inspiration et repoussais Mick sur le côté. Les larmes coulant le long de mes joues m'avaient rappelées à la réalité, du moins suffisamment pour que je mordre le bras de mon ami, qui avait fini par se dégager.
Je me redressais, haletante, en essayant de reprendre mes esprits.
- Tout... va... bien... je ... suis chez... Mick, oui c'est ça... je vais bien, je respire... fouuuu inspire...
Je serrais les poings en me focalisant sur la douleur que créaient mes ongles dans mes paumes. Parvenant à réguler mon rythme cardiaque pour le faire revenir à la normale, je me sentais trembler, à cause de la baisse soudaine d'adrénaline.
Je séchais rapidement l'eau sur mon visage et souriais face au spectacle du blond, totalement tombé hors de son lit.
- Allez... je vais te remettre dans au... pieu ! tentais-je, en voulant -sans succès- trainer mon ami jusqu'à son lit. Trop lourd. Oui, t'es vraiment lourd, j'en ai bien eu la preuve.
J'hésitais à descendre voir William, mais je me rabrouais en me disant que je ne devais pas le déranger.
À cette heure là, je devais être la seule éveillée. J'étais seule.
Je m'assis à même le sol, posant une main sur le parquet frais de la chambre, et une autre dans les cheveux blonds de mon -balourd- d'ami endormi.
Le silence du petit matin m'apaisa, presque aussi efficacement que la pensée de me savoir en sécurité chez mes amis.
Et avec mes amis... ça c'est encore mieux. souriais-je en portant mon regard sur Mick, qui dormait décidemment à poings fermés.

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Le Jeu T1 : Alone
Mystery / Thriller"J'avais tout. Rien d'exceptionnel, mais tout à mes yeux. Et ce "tout", IL me l'a enlevé. Arraché. Laissant un Vide béant en moi. IL m'a tout pris. IL m'a retiré la vie. ...