Le Jeu T1 : Alone

26/ Coupable.

     - Qu'est-ce qui vous a pris de quitter le cours comme ça ?!!

     - Je ne sais pas monsieur.

     - Vous ne savez pas ?!

   Je m'apprêtais à répondre que je savais parfaitement ce qu'avait dit le professeur d'anglais, ce qui m'avait fait dérailler, mais sur un coup d'œil du psy en face de moi, je refermais la bouche.

   Les épaules voûtées, tête basse, je me faisais docile et désolée.

    Mais intérieurement je bouillonais, je brûlais d'envie de rétorquer au proviseur qu'il devrait mieux choisir ses professeurs.

   Je ne disais rien, je me retenais.

  J'étais en colère. Mais une part de moi savait que j'avais exagéré. Peut-être était-ce cette même part qui se tenait recroquevillée, encore blessée par... ses mots.

   Je chassais l'image de William me hurlant dessus, pour faire face à celle, en temps réel, du proviseur.

    - Vous ne savez pas ? Eh bien moi non plus, je ne sais pas ce que je vais vous donner comme punition ! Je vais-

  Arrêter de crier ? me plaignais-je mentalement, en me forçant à ne pas couvrir mes oreilles tant sa voix dépassait les décibels naturels.

  - Et si vous parliez un peu moins fort monsieur le proviseur ?

  Je me tournais vers le psy, une lueur de surprise et de joie dans les yeux.

   Oh je l'aime. Lui il peut se permettre de le remballer !! le remerciais-je intérieurement alors qu'il expliquait au proviseur que selon des études psychologiques, crier sur les enfants avait l'effet inverse de celui attendu

  Mais je me repris aussitôt, reprenant un air contri tandis que mon interlocuteur continuait de me disputer.

     - Hem hem, oui pardon, vous avez raison M. Teki. Enfin... est-ce que vous vous rendez compte, si tout le monde faisait comme vous, comme ça à quitter le cours en plein milieu, selon son envie...

    Selon les insultes mais admettons.

   - Vous rendez-vous compte ?! Ce n'est pas-

   - Je pense que oui, elle se rend compte.

  Camouflant un rire en un toussotement, je ne pus m'empêcher de jeter un regard de vénération à M. Teki, qui n'arrêtait pas d'interrompre le proviseur, pour m'aider.

    - Mais bien sûr que non ! Regardez là, elle glousse de rire !

    - Non, je crois plutôt que ce sont les séquelles de l'incendie qui ressortent, elle tousse voyez-vous ? fit-il en me désignant, tandis que je hochais la tête vivement, en accentuant ma "souffrance".

    - Bon, bon... si vous le dites... c'est vous l'expert... vous êtes sûr qu'il est nécessaire que vous assistiez à toutes mes réprimandes sur les élèves ?

    - Hum eh bien oui, je peux avoir un œil extérieur à l'éducation, et voir plutôt l'honnêteté des gens, et leur respect réel...

    - Et vous allez me dire que c'est son cas à elle ?

   Je simulais une larme (de rire en réalité) alors que M. Teki reprenait :

    - Bien sûr, regardez là, elle s'en veut terriblement... enfin il ne faut pas trop lui en vouloir, je pense que tout cela est dû à ses... problèmes particuliers... son état mental.