La sonnerie retentit, et la foule se mit en mouvement.
Tous se bousculèrent, mais aucun ne me frôla.
Le seul contact que je reçus fut la main de Mick, qui se posa sur mon épaule. Et c'était bien suffisant.
- Eh bah ça m'avait pas manqué... mais il est temps d'y retourner.
Je hochais la tête, et nous nous dépêchions de suivre les autres élèves avant de nous retrouver tout seuls.
Oui, mieux vaut ne pas arriver après tout le monde... déjà qu'ils nous évitent tous.
Parvenus à notre salle de cours, le labo de physique, nous marquions un temps d'arrêt. Je vis la main de Micker, posée contre la battant de la porte, trembler un peu. Quant à moi, j'affichais un air impénétrable, faussement nonchalante, alors que je savais très bien que si le blond faisait demi-tour en courant, je le suivrais avec joie.
J'étais à moitié cachée par sa silhouette, mais ce que je voyais à l'intérieur de la salle m'était déjà bien suffisant.
Tous les élèves de notre classe s'étaient arrêtés dans leur mouvement. Tous ceux qui sortaient leurs affaires de leur sac s'étaient figés, une trousse suspendue dans les airs ici, un cahier dont les feuilles menaçaient de tomber là-bas.
Un silence bien trop pesant régnait dans cette classe, ce qui ne donnait vraiment pas envie d'y retourner. Mais ce silence interloqua la professeure, qui, pleine de lucidité, nous interpella.
- Ah Micker, Lane, formidable, vous voilà de retour !! s'exclama-t-elle prestement, en s'approchant de nous à grands pas. Venez, venez, suivez-moi.
Mon ami parut hésiter, mais face à la mine catégorique de Mme Criard, il finit par faire un pas en avant, achevant de celer notre présence en cours.
Et comme là où il allait, je le suivais... j'entrais à mon tour dans la salle. J'aurais aimé aborder un regard confiant, et indéchiffrable, mais face à toutes les paires d'yeux que je sentais sur moi, je me contentais de rentrer la tête, gardant mon regard, sûrement bien trop sombre, sur le sweat de Mick.
Malgré tout, je captais quelques uns de ces regards, bien malgré moi. Et j'obtenais la confirmation d'une chose. Ils savaient.
Les rumeurs vont bien plus vite... qu'un incendie.
Leurs yeux assoiffés, avides de spectacle, brûlés par l'envie de voir, voir par leurs propres yeux, si tout ce qu'ils avaient entendu était vrai.
Et ça l'était.
Ils regardaient, ils observaient et scrutaient tous mon côté gauche, cette partie, cet endroit de moi qui ne m'appartenait plus.
Ils ne pouvaient rien voir bien sûr. J'avais pris soin de porter une chemise ample, une de celles que mettait souvent William, pour les empêcher d'apercevoir la moindre chose anormale.
Ils voulaient tous voir ce bras, cette blessure. Voir, pour pouvoir en parler, voir pour pouvoir afficher cette moue dégoutée, voir pour pouvoir montrer les frissons que cela ferait naitre sur leur peau, ou la sensation de ce coup dans l'estomac, ce semblant de douleur, que leur provoquerait la vision de ce bras, dépourvu de sensation, insensible à toute douleur, à toute chose.

VOUS LISEZ
Le Jeu T1 : Alone
Mystery / Thriller"J'avais tout. Rien d'exceptionnel, mais tout à mes yeux. Et ce "tout", IL me l'a enlevé. Arraché. Laissant un Vide béant en moi. IL m'a tout pris. IL m'a retiré la vie. ...