38/Guetteur

29 1 0
                                        

  Il entre dans la salle.

    Il ne jette qu'un coup d'œil habitué à son reflet dans le miroir avant de le décaler pour pouvoir entrer.

   Il prend la clé qu'il porte quotidiennement à son cou, et l'insère dans la serrure au niveau du sol.

  La porte coulisse sous sa demande, et il se retrouve de nouveau dans cette pièce qu'il chérit tant.

    Il appuie sur l'interrupteur en face de lui.

  L'éclat crème des rideaux lui tire un sourire, lorsqu'il se souvient une énième fois de ce qu'il a mis en place, derrière.

    Il tire alors ses rideaux d'un grand geste qui se veut théâtral.

  Il rit.

    Il fait mine de saluer son public.

Avant de cesser de sourire instantanément.

    L'heure n'était pas à la fin de la pièce, ce n'était que le premier acte, qui laisserait bientôt place au second.

  Les tragédies et les drames se jouent en 3 actes songea-t-il. Il me faudra remédier à cela.

    Il s'assoit alors, après avoir récupéré une de ses tasses favorites et contemplé quelques secondes le fruit de son travail (ce tableau étincelant aux mille images).

    Sur sa chaise, il retrouve son habitude, et se met encore aujourd'hui à parcourir des yeux tous ces écrans, qu'il aime tant.

   Un crayon à la main, un carnet posé devant lui, il prend note.

  De chaque élève, de chaque habitude, de chaque chose en ce monde.

  Il sait tout.

  "Mais cela ne se peut que grâce à un dur labeur."

    On pourrait penser qu'il n'a aucun but, aucune piste, aucun objectif, aucune découverte à faire.

  Ce serait se tromper.

   Pour lui, tout était relié via ce grand tableau, dans tous ces dossiers cachés derrière les portes de ses précieux casiers.

Tout ne gravite qu'autour d'une chose.

"Mais il n'est pas encore temps de le savoir"

    Au lieu de cela, son œil attentif se pose sur la caméra, sur cette silhouette qui parcourt ce couloir, et s'arrête face au miroir.

   Sirotant avec plaisir sa tasse, il contemple avec délectation le garçon qui se jette un regard haineux à lui-même, dégoûté par ce propre reflet qui ne lui convient pas.

  Qui ne lui conviendra jamais plus.

     "J'ai bien fait d'installer cette caméra dans le couloir derrière cette porte condamnée." se félicite-t-il.

Il part aussitôt dans un rire frais et décalé.

"On y voit toujours de belles choses."

Le Jeu T1 : AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant