33/ Premières

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      - Alors... vous devez nettoyer tout l'étage... ce qui inclut donc les salles de cours ainsi que le couloir.

   Après nous avoir expliqué tout cela, et nous avoir fourré dans les mains deux balais, M. Lagoust nous salua et s'en alla rapidement, comme s'il craignait quelque chose.

      Je fixais avec perplexité le balai dans ma main et m'interrogeais moi-même :

      - On va vraiment faire le ménage avec ça ?

      - Tu veux en faire quoi sinon ? Tu veux t'envoler avec ? me rétorqua Edwin.

      - Oh toi ça va !! Je te ferai remarquer que c'est de ta faute si je me retrouve ici avec un... un balai à moitié chauve à la main !

      - À cause de moi ?! releva-t-il en s'avançant d'un pas. Rappelle moi juste à quel moment je t'ai demandé d'insulter le prof d'anglais ?!

   J'ouvrais la bouche avant de la refermer.

  Je n'avais plus envie de me battre. Soudainement, je n'en avais plus la force.

      - Sérieu... sement... pourquoi t'as fait ça faut pas être... débile pour... hésita alors Edwin face à mon manque de réaction.

    Ce n'était pas à cause de lui que je m'étais emportée. Ce n'était pas pour lui. C'était pour William.

   Qui ne répondait plus.

   Je refermais résolument ma main sur le balai, avec la volonté d'exterminer toute poussière se retrouvant sur mon chemin.

    Plus vite je finirais ça, plus vite je pourrais sortir d'ici et vérifier mon tél.

      - Déga- pousse toi s'il te plaît, Edwin.

  Il me dévisagea un instant, puis se décala avec un sourire mauvais :

      - Très bien, Lane. À toi l'honneur.

   Je me rapprochais d'une salle de cours (que je savais facile à nettoyer) et lui lançais :

      - On prend 10 salles chacun, moi à droite, toi à gauche, et on se rejoint au couloir dans une heure. Et pas moyen de discuter.

    Il haussa les sourcils, surpris par mon ton autoritaire et me répondit :

       - Oh comme tu es étrange... un coup tu m'agresses, un coup tu m'ignores, une fois tu me poursuis, et une autre tu la joues fair-play...

    Et c'est lui qui dit ça ?!

  Cependant je m'abstenais de tout commentaire et le défiais :

      - Celui qui met le plus de temps s'occupera du couloir.

      - Hum... ok.

      - Ah. Bah cool.

  Nous restions un moment plantés là à nous dévisager sans rien dire.
 
   Puis il finit par se détourner, alors que je relevais mon balai pour partir aussi.

      - Ah et au fait...

      - Oui ?

   Il garda les yeux au sol alors que j'attendais. Pas très patiemment.

      Je m'apprêtais à le relancer quand soudain...

   La brosse de mon balai tomba au sol avec un bruit... nul.

Le Jeu T1 : AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant