14/ Le jeu

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     - Tu veux vraiment jouer à ça ?

     - Je ne joue pas. Je gagne.

  Après un court silence où nous nous contentions de nous fixer, nous jaugeant mutuellement, il esquissa un sourire.

  Un sourire, et un mouvement.
                 Infime, mais vers le disjoncteur.

      - Ne bouge pas ! criai-je.

  Il s'arrêta, et je remarquais qu'il fronçait les sourcils une fraction de seconde, avant de reprendre une tête indifférente.

      - Quoi ? Tu vas m'empêcher de bouger jusqu'à quoi ? L'arrivée d'un prof ?

  Comment ?! Comment a-t-il pu deviner mon plan aussi facilement !

      - Peu... peut-être bien !

  Il soupira, comme déçu.

       - Pas très maline comme idée...

  Comme je ne bougeai pas, ni ne répondait, toujours tendue, prête à intervenir, il ajouta

        - Écoute. Tu veux des réponses ou je sais pas trop quoi d'accord, très bien, je te dirai ce que tu veux entendre et on s'en ira chacun de notre côté tout "contents".

  Je distinguais que le "content" était empli d'ironie, comme s'il était déjà lassé.

      - Je ne veux pas entendre ce que j'aimerai, je veux la vérité.

     - Tiens donc ? La vérité ? Et laquelle "Mlle" ?

     - Je veux savoir pourquoi tu m'as espionnée au lac, pourquoi tu te retrouves toujours où je suis, je-

     - Pourrai te retourner la question...

     - ... veux savoir en quoi tu es impliqué dans ces problèmes techniques-

     - Et pourquoi serai-je impliqué ?

     - ... puisque tu te retrouves manifestement sur tous les lieux du... "crime".

      - Parce que toi non peut-être ?

      - Moi je ne fais que te suivre !

      - Alors qui espionne qui au final ?

  Il m'énervait. Il arrivait à m'énerver, en si peu de phrase, il me poussait déjà vers mes limites. J'avais déjà envie de crier. Il fallait que je trouve la faille. Sa faille.

    Lui qui paraissait si confiant, si indifférent, comme si je ne pouvais en rien le gêner, il fallait que je lui montre qu'il se trompait.

    Et que moi aussi, je pouvais l'impatienter, et lui faire du mal. Restait à savoir sur quoi.

  16h26.                   1er essai.

      - Tu me suis parce que tu crush sur moi ?

      - Bwahahaha !!! explosa-t-il.

  Il avait d'abord haussé les sourcils, mais il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un rire franc (et humiliant).

      - Ha. Marrante celle là. Allez, c'est ça, crois en tes rêves !

  Tu parles d'un cauchemard... 1-0 pour lui.
Raté. Je n'arriverai pas à le gêner... je pourrai tenter... la peur ?

     Je consultai ma montre, qui affichait 16h27. Pour l'instant, il m'accordait toujours son attention, mais c'était uniquement parce qu'il lui restait du temps.

Le Jeu T1 : AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant