Rainbow in the dark

- While my guitar gently weeps -

(Il y a un anachronisme que je vous explique à la fin, pour les nerds de la musique).

Le petit n'avait pas versé une larme depuis que sa mère était partie. Mais il avait cet air grave sur le visage presque constamment. Ses yeux sombres n'en finissaient pas de grandir sous ses sourcils froncés. A mesure que les semaines passaient, des boucles brunes commençaient à se dessiner autour de son visage triste.
Il avait élu domicile près de la fenêtre, il y avait installé tout un tas de disques et de cassettes qu'il écoutait à longueur de journées en scrutant au loin. Puis il avait fini par se résoudre.

Wayne était démuni face à la situation. Le stratagème des disques avait fonctionné, alors il colla sa guitare entre les mains du jeune garçon. Celui ci apprit à en jouer à une vitesse assez phénoménale. Il mimait les attitudes de ses musiciens préférés en se regardant dans le miroir.
- Wayne. Je voudrais une guitare électrique.
- Hmm je crois aussi qu'il est temps Eddie.
La guitare acoustique de Wayne avait été bien utile mais les solos de guitare sonnaient un peu moins bien.
- On va passer un marché. Si tu economise 50$ je complete le reste.
- Yahou ! Merci Wayne,  t'es le meilleur. Merde attends comment je vais faire pour trouver 50$ ?
- Ben tu vas bosser mon garçon, dit il dans un rire.
- J'ai l'impression de m'être fait avoir la.
- On a rien sans rien petit !

Eddie n'avait que 12 ans mais c'était un Munson. Il se rendit chez Harry, le patron de l'Hide out.
- Mais qu'est ce que tu veux que je fasse avec un gamin de ton âge.
- Déjà je suis beaucoup plus débrouillard que n'importe quel gamin de 12 ans et ensuite je peux réparer des trucs, nettoyer des machins...
- Réparer des trucs et nettoyer des machins, nous voilà bien... Écoute tu viens après les cours et avant l'ouverture et tu m'aides à faire un coup de propre. J'aurai bien quelques trucs et machin à te faire faire...

Tout les après midi Eddie était à l'Hide out. Il nettoyait le dessous des tabourets du bar, les pieds des tables, enroulait des kilomètres de câbles sur la petite scène, empilait des fûts vides... Et il découvrait une faune qui n'avait droit de citer que derrière les murs de ce club : Des bikers en cuir, des metalleux aux cheveux longs, des alcooliques qui ne se sentaient pas trop épiés dans ce décors, quelques drogués,  de ceux qui restaient assez nets pour ne déranger personne. La seule façon pour que Harry, le patron, ne les laisse s'accouder au comptoir.

Rapidement Eddie recoleta l'argent. A l'instant où il obtint le dernier cent, il couru voire Wayne son butin à la main.
- On va acheter ma guitare ?
- OK petit. Ce week-end on va a Indianapolis et on t'achète ça.

Eddie cru être au paradis lorsqu'il passa la porte du Music Go Round. Des guitares, des basses, des batteries,  des claviers... Tout ce dont il avait besoin pour devenir une rock star et parcourir le monde. Et soudain il la vit... Une NJ Warlock de BC Rich,  comme celle de Slayer et Megadeth, craquelée de rouge, les bords pointus, il n'avait rien vu d'aussi métal.
- C'est elle que je veux.
- Petit, qu'est ce que tu vas faire avec cette guitare. Prend quelque chose de plus simple pour quelqu'un de ton âge.
- Je vais jouer du métal, dit il avec tout l'aplomb dont il était capable.
- Si c'est celle là que veut le petit, alors c'est celle là qu'il aura, l'appuya Wayne.
Le vendeur décrocha la guitare, la brancha a un ampli et la tendit à Eddie. Celui ci plaça très solennellement la sangle derrière sa tête, accorda très tranquillement la guitare et joua Sultan of Swings juste parce qu il savait qu'à son âge, ça en jetait. Ce n'était pas un morceau métal, mais c'était un langage que comprenait le vendeur, à son âge.
- On repart avec.
Eddie aligna sa fortune sur le comptoire du magasin et repartit le plus heureux des gamins de 12 ans.

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La NJ Warlock de BC Rich n'est sorti qu'en 81. Slayer et Megadeth au début des années 80. Ça ne colle pas avec les 12 ans d'Eddie. Mais si je voulais en faire un jeune prodige de la guitare, il lui fallait au moins quelques années de pratique derrière lui. Alors j'ai pris quelques libertés avec la réalité des faits. Vous ne m'en voudrez pas !