Rainbow in the dark

- Alive -

Londres, Novembre 2006.

C'est un coup de coude de Steve qui réveilla Eddie au milieu de la nuit.
- C'est à ton tour Eds...

20 ans avaient passé depuis les événements d'Hawkins. Et beaucoup de choses avaient changé dans la vie de Steve et Eddie. Mais il y avait une constante. Ils étaient toujours ensemble. Et ils s'aimaient comme au premier jour.
Ils avaient emménagé en Europe au milieu des années 90. Eddie avait eu des opportunités de boulot en Angleterre. Et il était hors de question pour Steve de laisser son metalleux.

Eddie n'était pas vraiment devenu une rock star mais il vivait de la musique. Il avait une certaine notoriété chez les connaisseurs et ceux dont c'était le métier respectaient son travail. Il avait son groupe bien sûre, mais il était surtout guitariste et compositeur pour un tas de groupes très connus. Il avait à peine osé en rêver et maintenant c'était réalité.
La vie d'Eddie était très largement plus confortable aujourd'hui mais il n'avait pas changé grand chose. Il avait juste un peu de plus de tatouage et de piercing, les cheveux un peu plus long dont il rasait le dessous et un peu plus de t shirt de groupe. Il portait toujours des jeans troués et des vestes à patchs.

Steve était éducateur. Il avait un poste au centre lgbt de Londres, il s'occupait de jeunes en rupture avec leur famille en raison de leur orientation. Le rôle de maman il connaissait ça bien. Lui non plus n'avait pas tellement changé. Il avait juste plus de poils sur le torse, ce qui ne déplaisait pas à Eddie, la même coupe de cheveux qui faisait toujours sensation.

Un soir en rentrant du travail il rejoint Eddie dans le studio qu'il s'était créé chez eux, une maison de ville de Nothing Hill. Eddie ne l'avait pas entendu entrer à cause du casque qu'il avait sur les oreilles. Steve s'annonca en caressant l'arrière de crâne rasé d'Eddie. Celui ci ferma les yeux en souriant. Sentir Steve le toucher lui faisait le même effet.
- Ta journée s'est bien passée beauté lui demande Eddie alors que Steve s'asseyait sur ses genoux.
- Fatiguant mais ça va dit il en l'enlacant. Je voudrais te parler d'un truc.
- Je dois m'inquiéter ?
- J'espère pas dit Steve mystérieusement en souriant. Je prépare à dîner et on parle ?

Ils étaient assis sur leur grand canapé une bière à la main, leurs jambes entremêlées.
- Je sais qu'on en a parlé en rigolant mais... La loi est passé, on peut adopter maintenant...
- Steve...
- je sais que t'as peur, à cause de ton enfance, tes parents, les miens... Mais on est pas comme eux.
- Je sais pas si je suis près Steve. On est bien là tous les deux. Tu trouves qu'il nous manque un truc ?
- T'aimerais pas avoir des petits Munson qui courent partout dans la maison ?
- Ou des petits Harrington ?
- ou des petits Harrington. 
- Nos gamins auront beaucoup trop de cheveux....
- Si y'a bien un aspect de l'éducation pour lequel je m'en fais pas c'est bien les soins capillaires...
- T'es con Harrington.

Steve était revenu à la charge plusieurs fois. Il adorait sa vie et il aimait Eddie plus que tout. Mais justement. Il voulait fonder une famille. Il savait qu'il le regretterait s'il n'avait jamais d'enfants. Et aujourd'hui en Angleterre la loi était de leurs côtés. Il n'allait pas lâcher l'affaire si facilement.

Quelques semaines plus tard. Il trouva Eddie sur le canapé du salon à se battre avec une multitude de papiers étalés tout autour de lui.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Je me bats avec la bureaucratie de ce pays, tu vois pas ?
- Mais c'est quoi tout ce merdier.
- C'est la demande d'agrément pour l'adoption.
- Hein ?
- Fais pas cette tête beauté.
Steve s'assis, le surprise lui ayant coupé les jambes.
- Ça t'a pris comme une envie de pisser ?
- presque. Je te vois bien Harrington. Je sais que t'es heureux avec moi mais je sais que ça te manque de pas avoir de famille. Je sais bien comme tu es avec les gamins. Je t'ai vu à l'époque d'Hawkins. Et je te vois maintenant. Je suis pas sûre d'être un bon père mais je sais que tu peux rétablir la balance. Et t'es venu t'installer à l'autre bout de la planète pour moi. J'ai pas le droit de t'empêcher d'être heureux.
- Eddie Munson ?
- Oui?
- Vous êtes le meilleur mec du monde.
- T'as eu que moi.
- J'en veux pas d'autre.

Quelques semaines plus tard ils eurent l'agrément. Le nom d'Eddie et le boulot de Steve n'était pas pour rien dans la rapidité de traitement de leur dossier. A chaque fois que leur téléphone sonnait Eddie manquait de peu l'arrêt cardiaque. Il se mettait à rêver de tous petits T shirt Metallica et de toute petite batterie. Steve voyait bien que le projet murissait en lui. Il ne lui en parlait pas. Il ne voulait pas le brusquer. Et puis est ce qu'on leur confierait vraiment la garde d'un enfant ? Si celui ci n'arrivait jamais Steve serait inconsolable mais il savait qu'Eddie aussi.

- Steve ! Harrington putain!
La voix apeurée d'Eddie effraya Steve qui devala les escaliers jusqu'au salon.
- Quoi ? Il s'attendait à le retrouver un bras en moins ou se battant avec une créature maléfique. Au lieu de ça il trouva Munson terrifié en regardant le combiné du téléphone.
- ca y est.
- Quoi ?
- Ça y est putain!
- Quoi ? T'es nomine au Brit Awards?
- Mieux que ça !
- Un Oscar?
- Une petite fille Steve...
- Quoi ?
- On va avoir une petite fille.
Steve sauta dans les bras d'Eddie, immobile, une larme coulant sur sa joue.
- Eddie, on va être papa.
- On va être papa...
Il prit Steve dans ses bras et les deux hommes sauterent littéralement de joie.
- On va être papa !

Aria arriva dans leur vie quelques semaines plus tard. Elle avait deux mois et les deux yeux bleus les plus grands du monde. Quelques boucles châtains lui mangeaient déjà le visage. Elle était une enfant très calme. Elle prenait parfois son pouce dans la bouche et regardait ses papas avec un air très sérieux.
La première fois qu'Eddie la pris dans ses bras, le monde s'était arrêté de tourner. Il était à la fois heureux et pétri de peur. Il ne pensait pas qu'il était capable d'aimer autant un humain qu'il ne connaissait pas et eut instantanément la sensation qu'il devait protéger ce petit être du reste du monde.

Il se remémorait cette première rencontr avec sa fille cette nuit de Novembre. Alors qu'il lui préparait un biberon avec la même dextérité avec laquelle il interprétait le solo de Master of Puppets. La petite avait aujourd'hui 8 mois et Eddie était certain qu'il était capable de tout pour elle et son autre père. Et que tant qu'ils étaient tous les 3, ils étaient les plus forts du monde.