chapitre 1 Mauvais jour où on se casse la figure

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La vitesse, le vent, mon cœur qui pompait à toute vitesse dans ma poitrine, tout ça me procurait un bien fou. Je lâchai le guidon, je tandis les bras à droite et à gauche pour laisser le vent frôler ma peau chaude et moite. Et avec tout ça, je fermai les yeux. Je sentais la vibration que faisait le roulement des roues de ma bicyclette sur l'asphalte dur. J'étais si bien concentré sur ce plaisir que je ne portais même plus attention aux chants des oiseaux, du grincement des engrenages de mon vélo ni même le bruit des autres véhicules qui pourraient arriver sur moi. Je n'entendais que le bruit de mon souffle et de mon cœur.

Soudain, je sentis un regard sur moi vers la droite. J'ouvris les yeux et regardai à travers les arbres de la grande forêt sombre. Mais personne n'y était, pas même la moindre petite bête. Je me reconcentrai sur mon chemin et là...Bamm ! Le clackson, le bruit de freins et de fracas. Je passai par-dessus le pare-brise de la voiture en virevoltant dans tous les sens et retombai finalement sur le sol dur, à plat ventre.

Mince !

- Tout va bien ?! me demanda une petite dame en uniforme de bureau.

Je me secouai. J'avais les mains en sang, le pif aussi, les coudes et les genoux. La petite dame sortit son téléphone pour appeler les urgences. Mais, je me relevai et attrapai mon vélo maintenant fichu.

- Attendez ! Vous ne pouvez pas partir comme ça ! Il faut vous soigner ! me cria la dame alors que je m'en retournais en boitant.

Je ne répondis pas et continuai.

Comment je peux être encore en vie ? Et à une vitesse pareille ? Pourquoi je ne l'ai pas entendu arriver ?

J'étais un peu sonnée, mais je ne m'arrêtai pas. Il ne fallait pas. Une autre journée à se briser la gueule !

Je laissai mon vélo dans le garage et entrai par la fenêtre de ma chambre en priant pour que ma mère ne remarque rien. Grimper dans l'arbre pour monter n'est pas un jeu d'enfant quand on a les coudes et genoux fichus. Je mis une casquette et un sweat pour cacher le sang sur mes bras et sortis discrètement pour aller à la salle de bain me nettoyer tout ça.  L'eau me brûlait, les genoux allaient bien, les coudes, pas mal et mes mains étaient affreuses. J'avais une joue en feu et enflée, mon nez lui était pas trop mal sauf qu'il était entaillé d'une narine et très éraflé sur le dessus. 

Comment je me suis fais tout ça ? Excellente question ! La carrosserie d'une voiture ne devrait pas être assez tranchante pour me couper un bout de narine ! 

- Zut ! 

Bamm, bamm, bamm !

- Hé Kyara ! Tout va bien ?

Re, zut ! 

- Ouais ! répondis-je de ma voix la plus assurée. 

- T'ais sûr ? Ton vélo lui me dit autre chose ! 

Re, re, zut. Évidemment elle a vu le vélo. Tant qu'en être là...

J'ouvris la porte de la salle de bain et passai mon visage entre le cadre de porte pour que ma mère me voit. 

- Voilà, tout va super bien ! 

- Nom d'un chien ! Kyara, comment tu t'es fait une telle chose ?! 

- Relax maman, je vais bien. 

Mais elle courut chercher la trousse de premiers soins. Je ne pris que deux pansements, un pour mon nez, l'autre pour ma joue et les appliquai doucement sans l'aide de ma mère, qui fixait le moindre de mes mouvements sur les plaies. 

Heureusement pour moi, elle n'avait pas vu l'état de mes mains. Après s'être assuré que j'allais vraiment bien, Christine me ficha enfin la paix. J'allai au garage avec mon vélo. Il fallait qu'il soit prêt pour demain. Je passai toute la fin de journée à le rabibocher en compagnie de... de personne, juste de ma bonne musique et rien d'autre pour m'embêter. 

Décisions sans retours - Forêt - Tome 1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant