Chapitre 2

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Je fus soudainement projeté dans une salle d'hôpital. J'essayais de maîtriser ma chute en m'accrochant aux rideaux, mais je les traversais, et m'écrasais sur le sol avec une grâce remarquable. ... C'était du sarcasme. Je me relevais, pressant ma main contre mon pauvre nez. Ça avait marché, j'étais dans le monde des vivants... Je ne pensais pas que ça serait aussi facile d'échapper au Jugement. Mon téléphone sonnait, je le pris et examinais l'écran. Il affichait la silhouette d'un nourrisson sur un fond rouge, et à côté une légende décrivant son état physique et mental. Il y avait marqué : Danger d'accouchement. Un cri me sortit de mes pensées. Je me retournais et vis alors une patiente, le ventre rond, essayant bien que mal d'accoucher. Les médecins se pressaient autour d'elle, tentant de stabiliser son état. Visiblement, ça se passait mal. Mon gadget continuait de sonner, ce qui perturbait mes sensibles oreilles. Tout ça ne me regardait plus, j'étais sorti de l'Enfer, c'était tout ce qui comptait. Le reste, ce n'était pas mon problème. Je m'apprêtais à sortir de la pièce, mais mes jambes refusaient de bouger. Je fus d'abord surpris. Je réessayais de nouveau, mais elles restaient de nouveau clouées au sol.


- C'est une blague ? ; ronchonnais-je avant de m'apercevoir que mes pieds s'étaient évaporés.


Le téléphone émit une sonnerie différente, ce qui attira mon attention.

Vous avez reçu un nouveau message.

Je l'ouvris.


« Note 1 :

Si vous vous éloignez à plus de 10 mètres de votre protégée, vous retournerez en Enfer.

-Cordialement, ton démon préféré. »


J'avais la chair de poule rien que d'imaginer Satan écrire ce texto... Comment pouvait-il ajouter «  ton démon préféré » ? C'était vraiment flippant. Mais... Cela voulait dire que je n'avais vraiment pas le choix ? Je devais vraiment protéger cet enfant ?


- Et merde ! ; hurlais-je en faisant demi-tour vers la table d'opération.


J'encourageais les médecins à faire tout leur possible, paniqué, ils DEVAIENT sauver cet enfant !

- Allez, tu peux le faire ! FAIS-LE ! ; hurlais-je à un médecin en voyant qu'il n'y parvenait pas.


Mais les vivants ne semblaient pas me voir. Je sortis de nouveau mon téléphone et parcourais les instructions en vitesse. Mais rien n'y fit. J'appelais alors le 666. Je n'avais pas vraiment le choix... Les sonneries d'attente me semblaient durer une éternité. Mais un son attira mon intention, et je pus entendre la voix de Satan au travers l'appareil.


 « Allô ? »

- Tu en mets du temps pour répondre !

« Oh, Vengeur... Attends, tu m'appelles déjà ? »

- Mon protégé est sur le point de naître mais ça se présente déjà mal ! Comment je dois faire ? Je n'ai pas le temps, alors bouges-toi !

« Ah... Ce manque de politesse, c'est pour ça que je t'aime. C'est simple, si tu veux sauver l'enfant, tu dois sacrifier la mère. »

- Quoi ?

«  Tu m'as très bien compris. C'est ou l'une, ou l'autre. Choisis. Tu veux tenter une nouvelle vie, ou bien venir me rejoindre ? »


Je raccrochais. Cette dernière déclaration m'avait étrangement dégoûté. En regardant de plus près, je pus constater qu'un fin cordon reliait la nuque de la mère au sol. C'était plus un fil qu'un cordon pour être plus précis. Il était fin, d'une couleur bleu pâle, et la lumière qu'il émettait était atténuée.


- Si tu le coupes, elle meurt. ; me murmura une voix familière.


Je sursautais et me retournais brusquement pour découvrir Satan. Il s'était littéralement affalé sur le lit d'à côté.


- Qu'est-ce que tu fou là ? ; lui demandais-je avec un sourire forcé.

- C'est rude de raccrocher au nez de quelqu'un. On ne t'a jamais apprit les bonnes manières ? Et à part ça, tu crois qu'on a le temps de discuter ? ; me dit-il en montrant du doigt la patiente.


Je serrais les poings et me mordais les  lèvres.  Cet enfant allait grandir sans mère ? Pourquoi je devenais sentimental, moi ? Ce n'était pas mon problème.


- Si j'étais toi, je me dépêcherais... ; roucoula Satan.


Je pris alors le cordon avant de le tirer brusquement afin qu'il se rompe. Le lien s'évapora dans ma main. Il était si fragile. Était-ce une vie ... ? La jeune femme se laissa tomber, tout en convulsant.


- Qu'est-ce qu'il se passe ? ; cria un médecin.

- Crise cardiaque ! On la perd ! On la perd ! ; rétorqua un autre.

- On peut encore sauver le petit ! Césarienne ! Vite !


Ils ouvrirent alors le ventre de la mère, et en extirpèrent le nourrisson ensanglanté. Je poussais un long soupir de soulagement, l'écran de mon téléphone était redevenu vert, signe que mon protégé était en bonne santé. Je me retournais vers Satan avec un sourire satisfait aux lèvres, quand les premiers pleurs de l'enfant avaient résonné dans le bloc opératoire.


- Tu vas voir, je vais le protéger jusqu'à ce qu'il devienne un homme ! Un vrai !

- Oh... Je suis content de ton enthousiasme mais... Je suis désolé de t'annoncer que c'est une fille. ; me répondit-il.


Quoi... ?

Je me retournais vers les médecins. Ils avaient recouvert le corps de la défunte, et parlaient en effet d'une naissance in extrémiste d'une magnifique petite fille .


- Une fille ? C'est une blague ? ; grognais-je en attrapant Satan par le col.


Il me souriait malicieusement. Cela voulait clairement dire : « Si t'avais vu ta tête ».


- Si tu n'oses pas voir le corps d'une femme nue, tu n'auras qu'à attendre de l'autre côté du mur... Puisque tu ne pourras pas aller à plus de dix mètres de ta protégée.

- Tu savais que j'ai la phobie des femmes... ; avais-je dit entre mes dents serrées.


Son rictus avait confirmé mes doutes. Je le relâchais avant de suivre les médecins qui emmenaient la petite dans une autre pièce.


- Je te l'ai dit non ? Divertis-moi. ; avait une fois de plus chanté la voix de Satan.


Je détestais les femmes.

Mais étrangement, je n'avais jamais eu peur de mes victimes. Peut-être parce que je ne les considérais pas comme des êtres vivants.

Dans quoi Est-ce que je m'étais embarqué ...


         

GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant