Lorsque mes paupières s'ouvrirent, j'étais allongé sur le canapé du salon. Je passais ma main sur mon visage, avant de me relever et prendre mon crâne entre mes doigts. Allez ! Il fallait que je me ressaisisse ! Je bondissais sur mes jambes, et me dirigeais vers la cuisine, qui faisait aussi salle à manger. Louise était en train de faire la vaisselle, tendis que Drag lisait un journal. Mon regard se posait sur Clémence, qui croquait joyeusement dans son croissant. Mon cœur se fendait quand je me rappelais qu'elle ne pouvait pas me voir. Mais je refusais d'y croire. Mon rituel de chaque jours depuis mon arrivée commençait maintenant. Je m'avançais vers elle, et m'asseyais sur le siège d'à côté.
- Salut Clémence !; souriais-je.
J'attendais comme cela quelques minutes avant de soupirer. Elle n'avait bien sûr pas réagit. Je baissais les yeux, avant de les relever vers Zac. Ce sale petit clébard... Depuis notre arrivée, c'est à dire une semaine, il ne quittait pas Clémence des yeux. Je dirais même qu'il la dévorait du regard, et ça me mettait hors de moi. Elle ne pouvait pas le voir non plus, donc je n'avais aucun soucis à me faire, mais le simple fait qu'il la regarde comme ça suffisait à me mettre en colère.
- Zac.; dis-je fermement.
Le concerné sursauta, en détachant enfin son regard de ma protégée pour le reporter sur moi. Je pouvais lire de l'incompréhension dans ses yeux. J'allais le rejoindre, en m'adossant au mur.
- Tu as un problème avec ma protégée ?; lui demandais-je en le fusillant du regard.
Il resta silencieux quelques secondes. Je voyais que quelque chose le tracassait.
- ... Non.; finit-il par répondre en détournant son regard du mien.; je me demande juste ce qu'elle a de spécial. Tous les jours tu essaies vainement qu'elle te remarque, pourquoi ? Pour moi, ce n'est qu'une humaine.
Je souriais nostalgiquement. En fait, je n'avais pas de réponse à ça. Elle était juste spéciale. Le simple fait d'entendre sa voix m'apaisait. Peut-être parce que nous étions liés. Je regardais mon téléphone, effleurant l'écran de mes doigts. Mon pouce glissais sur l'appareil, le déverrouillant, puis je relisais les règles d'un Gardien. Tout ça me rappelait le jour de ma rencontre avec ma protégée. Je donnerais n'importe quoi pour y retourner, pour m'attacher à elle plus tôt. Une note attira mon attention, celle que Satan m'avait envoyé concernant le fait qu'elle ne devait pas toucher mon téléphone. Il m'avait dit que sinon, ses enfants viendraient chercher Clémence. Pourquoi ? A ce que je sache, ses enfants ne chassaient que les humains pouvant nous voir. Étrange. Quand j'y pense, Est-ce qu'il existait des exorcistes ? Comme dans les temps anciens ? Rien que d'y penser, j'en avais le sourire aux lèvres. Je sursautais quand je découvrais avec stupeur que Zac n'était plus à côté de moi. Je le cherchais du regard, avant de grimacer. Il s'était assit en face de Clémence, et il la dévisageait encore. J'avançais vers lui d'un pas assuré, puis m'emparais fermement de son bras pour l'attirer dans la pièce d'à côté.
- Écoute-moi bien Zac, j'aimerais que tu arrête de la regarder comme ça.; déclarais-je.
- En quoi ça gène ? Elle ne peut pas me voir.
- Et bien ça me gène.; concluais-je en relâchant son bras.
Il plongea ses yeux rouges dans les miens, cherchant une explication à mon comportement, puis je retournais dans la cuisine. Clémence venait de finir de manger, et débarrassait sa tasse de café qu'elle déposa dans l'évier. Aussi étrange que ça puisse paraître, je pouvais désormais prendre mes distances avec Clémence. Mes jambes ne disparaissaient plus quand je m'éloignais trop. J'étais content de ne plus avoir cette contrainte, mais au fond de moi, j'aurai préférer rester prisonnier. Je ne sais pas pourquoi. Elle monta ensuite les escaliers pour aller s'habiller d'un jogging gris, et d'un débardeur blanc, ses cheveux rassemblés en une queue de cheval nette. Elle mit ses écouteurs, et cherchait dans son mp3 une chanson, avant d'aller courir. Je la suivais aveuglément. Ses mouvements étaient gracieux, et légers. Louise m'avait expliqué que Clémence avait fait beaucoup d'efforts pour entraîner son corps, et ça avait apaisé son asthme. Avant même de m'en rendre compte, je souriais niaisement, heureux d'apprendre que la santé de ma protégée s'était améliorée. Elle s'arrêta après quelques minutes dans un parc, avant de s'asseoir sur un banc, reprenant sa respiration. J'examinais les lieux, et une vague de souvenirs me submergeait. C'était le parc où Clém' avait fait ses premiers pas ...! Et où elle m'avait snobé aussi. Mais bon, ça ce n'est pas important... Son regard était perdu dans le vide. Est-ce qu'elle essayait de se rappeler de quelque chose ? Peut-être que ses souvenirs n'étaient qu'endormis ? Ce qui voulait dire... Qu'elle pourrait peut-être les retrouver. Cette idée raviva la flamme de l'espoir de mon âme. Je savais où je pouvais trouver des réponses : L'Inferno-boutique. Si ma mémoire ne me jouait pas de tours, je jurerais qu'elle se trouvait à quelques rues d'ici. Je lançais un dernier regard sur ma protégée, vérifiant qu'il y avait suffisamment de gens pour réagir si elle se retrouvait en danger. Je m'élançais à toutes allures vers la boutique. Si il y avait bien une chose qui était avantageuse avec ce corps, c'est que je pouvais sauter si haut que je volais presque. Ce qui permettait d'augmenter ma vitesse au passage. Après plusieurs bonds dans les airs, je pouvais apercevoir une vieille bâtisse qui avait l'air abandonnée. Sérieusement, aucun humains ne pouvaient la voir ? Ils passaient à côté comme si elle n'existait pas. Je posais les pieds à terre avec souplesse, mon dos se courbant tout en accompagnant mon atterrissage. Je relevais les yeux vers la poignée de la porte et me redressais en m'étirant. J'avançais ma main vers la poignée avant de m'arrêter brusquement. Mes jambes refusaient de bouger. Je baissais les yeux vers mes jambes qui s'étaient évaporées.
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Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...