- Mon Vengeur Rouge !
Je me retournais vers Alice. Elle avait son éternel sourire jovial accroché aux lèvres. Je sasissais fermement sa main. Cette femme... Si je la lâchais, elle risquait de disparaître. Depuis notre promenade qui avait mal tourné, elle se faisait de plus en plus distante. Ses sourires cachaient une certaine crainte. Et je savais que c'était lié à cette personne de son passé... Mais que pouvais-je faire ? Je ne pouvais qu'attendre qu'elle se confie à moi. Elle me tendit une lettre. Je la questionnais du regard, mais elle insista pour que je la lise. J'ouvrais l'enveloppe, avant d'en déplier le papier que j'en sortis. C'était une lettre de Berthe. Ma mère. Elle était très malade... Je froissais le papier, braquant mes iris sur Alice.
- Comment...
- Icris.; coupa-t-elle; Icris m'a demandé de te la donner.Je baissais les yeux. Ce vieux grincheux était donc toujours en contact avec ma mère. Il savait pourtant que je ne pouvais plus la revoir... Je m'étais juré de ne retourner la voir que quand je serais devenu un homme...! Je serrais les poings. Alice posa sa main sur ma joue, et ses prunelles azures se plongèrent dans les miennes. Elle extirpa doucement la lettre de mes mains, avant de la défroisser du mieux qu'elle le pouvais.
- Pourquoi es-tu si têtu ? Tu veux voir ta mère, non ?; soupira la jeune femme.
Je restais silencieux. Bien sûr que j'avais envie de la voir... Mais pas tant que tous mes meurtres n'auront pas pris un sens.
- Qu'est-ce qu'elle penserait de moi si elle me voyait ainsi ?; gémis-je.
- Imbécile.Je relevais les yeux vers Alice. De quoi m'avait-elle traité...? Elle semblait agacée.
- Tu crois vraiment qu'elle pense à ça ? Si elle souhaite te voir c'est que le mal qui la ronge la submerge ! Met ton honneur de côté, et va la voir !; cria-t-elle.
Je fixais le sol, comme un gamin. Les mots de cette femme avaient trop d'influence sur moi. Elle laissait rouler ses iris vers le haut, tout en se retournant. Instinctivement je retenais son poignet. Elle se retourna, surprise. Qu'est-ce que je pouvais lui dire...? J'avais agis spontanément, sans même le vouloir. Mes lèvres commencèrent à trembler.
- V-Viens avec moi... S'il te plaît...; articulais-je.
Elle me dévisageait, avant qu'un tendre sourire ne se dessine sur ses lèvres. Elle m'avait donné son accord. Et je me sentais déjà rassuré.
Nous partions deux jours plus tard, à dos de cheval. Il nous fallut une journée entière pour arriver aux village où était soigné ma mère. Mon cœur se serrait. J'allais la revoir après plusieurs années... Est-ce qu'elle m'en voulait...? Je resserrais mes doigts sur la main d'Alice. La jeune femme apaisa mes craintes d'un sourire tendre. Il fallait que je rassemble mon courage pour entrer dans la demeure qui se dressait face à moi. Pourquoi était-ce si dur...? Mes jambes semblaient s'être enracinées dans le sol. La jeune femme me poussa doucement. Un sourire complice s'étirait sur ses lèvres, alors que ses doigts se glissaient entre les miens. Elle ouvrit la porte, qui donnait sur une cuisine mal entretenue. Une femme assez maigre nous accueuillit. Elle inspira grandement quand elle compris qui j'étais, avant de chanter des louanges. Elle me racontait tout le bien que Berthe avait dit de moi, et toutes les larmes qu'elle avait pleuré après mon départ. Elle me tirait, impatiente, vers la chambre où se trouvait ma mère. Mais, comme un chien effrayé, je trainais les talons. Je lui avais fais tant de peine... Il serait normal qu'elle me renvois. Avant que je ne le réalise, la porte de sa chambre avait été ouverte, et je me trouvais face à elle. Elle était étendue dans un lit, le teint livide. D'énormes cernes soulignaient ses yeux vaseux. Ses cheveux, rassemblés dans un chignon lâche, avaient perdus leurs couleur. Quand elle me vit, une lueur scintilla dans ses prunelles sans vie. Elle s'empressa de tirer la couverture qui la couvrait, avant de se lever en vitesse. Elle tituba, avant de perdre l'équilibre. Je la rattrapais, tout en prenant soin de ne pas la brusquer, de peur qu'elle ne se brise... Maintenant que son corps n'était plus dissimulé sous des draps, je pouvais constater à quel point elle avait perdu du poids. Et en la regardant de plus près, ses joues étaient creusées, aussi. Était-ce à cause de la maladie...?
Elle ressera ses doigts squelettiques sur moi, me pressant de toute ses forces contre elle, comme si je pouvais disparaître la seconde où elle me lâcherait. Elle tremblait. Et elle pleurait. La voir ainsi réveillait en moi les émotions que j'avais tant essayé d'étouffer depuis la mort de Clovis. Je refermais mes bras sur elle, alors qu'un flot de larmes ruisselait sur mes joues.- Je suis... Je suis désolé, mère...!; gémis-je.
Elle releva la tête afin de mieux me voir. Sa main fragile caressa ma joue.
- Tu es là... Tu es là... Mon petit...; murmura-t-elle à bout de force.
Je resserais mon étreinte. Comment avais-je pu croire que la laisser serait la meilleur solution ? J'aurais dû être là pour elle...! Pendant toutes ces années, je n'avais été aveuglé que par la Vengence. Et j'en avais perdu de vue l'essentiel : Les êtres chers qu'il me restait. Je jetais un rapide coup d'œil sur le visage attendrie d'Alice. C'est elle qui m'avait fait revenir à la raison. J'aidais ma mère à se recoucher. Je ne pouvais pas rester longtemps... Alors je lui promis de lui écrire une fois par mois, et de venir la voir plus souvent, quand une occasion se présenterait. Alice discuta un peu plus avec elle alors que je partis préparer les chevaux à notre départ. Elle ressortit de la bâtisse quelque peu secouée. Je riais nerveusement et lui demandais si elle avait vu un fantôme.
- Je ne savais pas que tu était rentré dans l'Odre... Pour venger ton père.; avoua-t-elle.
- Ah...; soupirais-je; C'est du passé désormais...
- Non, Mon Vengeur Rouge. Tu te trompes.; gémit-elle.Les traits de son visage se rongèrent de remord. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Je m'approchais d'elle, alors que ses mains recouvraient ses yeux.
- Mon pauvre petit Vengeur Rouge...! Tu t'es rallié à ceux qui t'ont pris ton père...!
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Gardien
FantastikOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...