La pluie s'abattait avec force dehors, ruisselant sur les carreaux de ma fenêtre, telles des larmes sur un visage. Le vent s'engouffrait sous les tuiles dans un bruit monstrueux, me glaçant le sang. Je tremblais de tout mon être, recroquevillé au pied de mon lit. Mère venait de me laisser. A cette époque, je n'avais que cinq années d'existence, j'étais bien trop jeune pour comprendre cette femme. Je ne savais pas pourquoi elle revenait toujours vers moi. A chaque fois que mon père la froissait, elle venait me tirer hors de mes draps dans un horrible vacarme, ses doigts brûlants sur mon faible poignet. Elle me ruait de coups, exaltant sa rage et sa frustration sur moi, un fils indigne, né de l'union entre un noble marchand, et une courtisane.Mais son visage était si doux. Ses yeux sombres contrastaient avec sa chevelure blonde, ondulant, à la façon des anglaises, sur ses épaules blanches. Elle était toujours vêtue de manière raffinée, et passait son temps à lire, et à jouer du piano. Il n'y avait qu'avec moi qu'elle montrait des traits aussi déplaisants.
Enfant, je ne savais pas pourquoi elle me détestait. Je ne connaissais même pas le visage de mon père, et je doute qu'il connaissait mon existence. L'esclave qui s'occupait de moi, m'avait dit un jour, que ma mère m'aurait enfermé ici dans le but de me cacher aux yeux du Monde. Cacher le fruit d'un adultère, qui amènerait le déshonneur sur la famille.
J'étais trop jeune. Je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre, pas encore. Ou peut-être que je ne voulais pas le voir. Je ne pouvais qu'observer, et constater. Constater que cette mère, me détestait. Elle me haïssait, et pourtant, elle m'avait isolé dans des appartements bien plus que convenables. Certes, ils se trouvaient au grenier, mais j'étais logé, et bien nourrit. Et le regard de cette femme me poursuivait, même dans mes songes. Il était empli de culpabilité, de remords, et de douleurs. Je ne pouvais pas savoir que j'en étais la cause, mais cela me troublait déjà. Je la craignais. Je craignais toutes les femmes depuis qu'elle avait posé ses mains sur moi. Chaque femme me rappelais ma mère.
Mes yeux larmoyants se posèrent sur le coin de ma chambre, attirés par un petit point noir qui s'agitait dans le vide. Je me rapprochais, rampant sur le sol, bien trop épuisé pour me relever. Ma jambe me faisait horriblement mal. J'avais beau essayer de la masser, rien n'y faisait.
Une fois prêt du mur, je pus clairement distinguer cet insecte. Cette passionnante créature qu'est l'araignée. C'était la première fois que j'en voyais une. J'étais fasciné par la manière dont elle se balançait pour tisser sa toile, c'était comme une danse. Une danse parfaitement calculée, et ordonnée. C'était magnifique...
Mais souvent, les plus belles choses sont les plus dangereuses. Ce n'est que deux jours après que j'ai pu observer l'utilité de son œuvre, lorsqu'une pauvre mouche était venue se piéger dans cette toile. Le prédateur était sortit de l'ombre, lentement, sûrement, comme pour faire durer son plaisir. La proie s'agitait, essayant bien que mal de s'échapper, mais on ne pouvait s'échapper de cette toile. Une fois qu'on y est piégé, tout est fini. L'araignée observa encore quelques instants sa proie, comme pour se délecter de sa souffrance, puis, d'un geste vif, elle l'assaillit, enfonçant ses crocs dans la carcasse de l'insecte. Elle l'entoura ensuite d'une toile, se déplaçant à une vitesse fulgurante. Il ne restait qu'un cocon de fils lorsque le monstre se tapit de nouveau dans l'ombre.
Je sursautais quand la porte s'ouvrit dans un grincement sourd, laissant apparaître la petite tête blonde de la servante. J'hurlais de terreur à la vue d'une femme, bondissant sous mon lit pour m'en cacher. Je pouvais sentir mon cœur palpiter contre ma poitrine, et ma respiration se faisait de plus en plus saccadée.
- Monsieur... Je ne vous ferais aucun mal... Sortez de votre cachette...; murmura-t-elle en se penchant pour rencontrer mon regard.
J'hurlais de nouveau, lui faisant savoir que je ne voulais pas qu'elle m'approche. Je ne voulais pas qu'elle me touche, je ne voulais pas qu'elle me frappe...!
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Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...