Gardien

Chapitre 60

Clémence avait serré les poings. Sa vie était en jeu. Alors elle allait tout donner. Elle libéra avec rage ses chaînes sur Louise. Mais la démone les brisa sans le moindre effort. La jeune femme se courba, alors que la mobilité de ses jambes venaient de se couper. Telle une poupée coupée de ses fils, elle s'effondrait, vomissant ce qui semblait être des glaires. Je m'étais jeté sur elle, fusillant Louise du regard. Pourquoi allait-elle aussi loin ? Clémence ne connaissait rien à l'invocation ! La démone avait levé un sourcil. Son regard disait clairement que l'heure n'était pas à la tendresse. Elle avait très peu de temps pour faire de Clémence une Invocatrice capable de se défendre seule... Je le savais... Mais était-ce une raison pour la brusquer ainsi...? Cerbère avait surgit de son ombre. Visiblement, je n'étais pas le seul à rejeter cette manière de faire. Les prunelles dorées de Louise avaient rencontré celles de Drag. Il compris ce qu'il avait à faire.

- Tu manque de confiance en toi. Ce ne sont pas des chaînes que tu viens de lancer, ce sont des brindilles. Tu ne pourra jamais neutraliser un démon ainsi.; annonça Drag.

Clémence avait relevé la tête brusquement, agacée de se savoir aussi rapidement essentielle à la réussite de leur plan. Et je pouvais la comprendre... Toutes ces révélations... Tous ce stress devait lui peser sur les épaules.

- J'ai pourtant passé un pacte avec Cerbère !; s'écriait-elle.
- J'étais consentant.; avoua son démon.

Clémence semblait désemparrée. Elle avait resséré ses petites mains en tremblant. Je la prenais dans mes bras, essayant tant bien que mal de la rassurer. Elle n'avait rien demandé, et se retrouvait au milieu de tous ces désastres. Je serrais les mâchoires. Qu'est-ce que je pouvais détester Satan... Une vague de rage mêlée à la rancœur ennivrait mon âme. Comment pouvais-je protéger Clémence...?

- Renger... Tu me fais mal...; gémit Clémence.

Je me reculais. Mes sentiments avaient sûrement influencé ma force. Je m'excusais timidement. Ses yeux nuancés semblaient annalyser mon visage. Sentir son regard posé sur moi me rendait nerveux. Un sourire se frayait un chemin sur ses lèvres, mais je devinais bien qu'il ne venait pas de son cœur. N'importe qui aurait pu voir qu'il était forcé.

- Ça va aller.; souffla-t-elle.

Quelque chose en moi se briser quand je vis ses efforts pour noyer ses tremblements, alors que ses yeux brillaient à cause des larmes qui lui montaient. Au final, elle me protégeait, encore...

- Je suis...tellement...désolé...; gémis-je.

Elle semblait surprise, alors qu'elle m'interrogeait silencieusement.

- Si seulement...! Si seulement je n'avais pas accepté d'être ton Gardien...! Ta vie ne serait pas en danger...!; criais-je alors que ma gorge semblait se tordre.

Clémence s'était relevée, ayant serré les poings. Son visage affichait de la colère et une certaine frustration, alors que ses cheveux lui tombant sur le visage assombrissaient sa peau, lui donnant un air encore plus tourmenté.

- Tu me crois si faible que ça ?; gronda la jeune femme; Je vais te prouver le contraire !

Louise avait sourit à cette déclaration, alors que je restais abasourdis. Pourquoi s'était-elle énervée...? Clémence avait levé les yeux vers Drag, déterminée.

- Par quoi je dois commencer ?; demandait-elle fermement.

Le démon avait soupiré avant de montrer Cerbère du doigt. Le chien des Enfers avait grogné, n'aimant visiblement pas ce manque de respect.

- Il faudra d'abord apprendre à maîtriser ton démon.; expliqua Drag.

Clémence avait retroussé ses lèvres, visiblement dérangée à l'idée de forcer Cerbère. Mais le démon ne partageait pas son avis. Ils étaient sortis dans le jardin, afin de ne pas briser quoi que ce soit dans la demeure. Louise aurait fait un scandale si cela était arrivé. Je les avais suivis, inquiet pour ma protégée. Je me rongeais les doigts, torturant mon cerveau à trouver une solution pour l'aider. Mais je ne pouvais qu'attendre. Je ne pouvais absolument rien faire, et cela me rongeait. Je fus tiré hors de mes pensées par un cri de rage. Mon attention se reportait sur ma protégée, à terre, couverte de terre et de sueur. Elle s'énervait à ne pas pouvoir contrôler Cerbère. Et le concerné semblait se sentir coupable. C'était hilarant de voir sa tête de chien battu chaque fois que les chaînes de Clémence n'arrivaient pas à le plier à sa volonté. Drag lui donnait un autre odre, celui de courrir, et la jeune femme devait le forcer à s'arrêter. Mais chaque fois, le chien des ténèbres brisait ses chaînes, et les sermons de Drag sur la fragilité de ses chaînes résonnaient dans le jardin. Je pouvais voir Louise nous épier depuis la fenêtre, les traits déformés par l'inquiétude. Si Satan se décidait de nous attaquer dans les prochains jours, il était sûr qu'il arriverait à ses fins. Bien que le démon n'était pas encore au courant que le voile sur sa supercherie avait été levé, on devait se montrer prudent.