Ah...
J'ouvrais avec difficulté mes lourdes paupières. Ma vue était d'abord trouble, et ma tête tournait. Lorsqu'elle devint enfin nette, je pris conscience que j'étais allongé sur le sol glacé de ma cellule. L'odeur de l'humidité et de la paille sèche vint chatouiller mes narines. Elles m'étaient tellement familières. Après tout, j'avais passé 500 ans avec ces parfums. Je plaquais les paumes de mes mains sur les ardoises ciselées, afin de me relever. J'avais l'impression qu'un éléphant s'était assit sur mon dos. Tous mes membres étaient engourdis, et j'étais partagé entre le froid du sol, et la chaleur du brasier à côté de ma prison. Je gémissais en me hissant aux barreaux de la fenêtre. Les flammes dansaient dehors, se reflétant dans mes yeux. Les âmes des plus grand criminels brûlaient devant moi, appelant vainement à l'aide. Les nouveaux arrivants avaient encore leur chair, mais elle n'allait pas tarder à fondre. Je crois que le pire dans cette punition, c'est que tu peux voir ton corps brûler, et ressentir la chaleur te ronger de l'intérieur, tout en restant conscient. Les plus anciens avaient déjà perdu tout ce qui les rendaient humain : Leur chair, leurs muscles, leurs organes. Il ne leur restait plus que leur voix pour hurler. Je souriais tristement. Après tout, j'allais bientôt les rejoindre. Et cette fois-ci, je n'aurais pas la chance de danser une dernière fois. Je me laissais glisser le long du mur, fixant mes pieds. Au moins je ne mourrais pas en petite robe en lin. Voyons les côtés positifs des choses ! Je ne pouvais pas m'empêcher de rire. Et le gardien de ma cellule devait sûrement me prendre pour un fou. Mais je trouvais ma situation tellement ironique ! On m'avait donné une seconde chance, j'avais rejeté ma protégée, puis je ne pouvais plus me passer d'elle, et me voilà de retour à la case départ. Je prenais fermement mon crâne entre mes mains, passant mes doigts sur mes tempes, dans l'espoir d'apaiser la migraine qui résonnait dans ma boîte crânienne. Mes dents grincèrent sous la pression qu'exerçait ma mâchoire. Un liquide, d'une âcre saveur métallisée, se rependait dans ma bouche. Je me surpris moi-même en réalisant que je m'étais mordu la langue au point de la faire saigner.
Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir de la prison. Je basculais la tête en arrière, un rictus ironique accroché à mon visage. Je n'avais pas besoin de me poser la question de "C'est pour qui cette fois ?", la porte de ma cellule s'ouvrit dans un grincement interminable. Je levais les yeux vers le démon qui était venu me chercher. À ma plus grande surprise, ce n'était pas Drag. C'était un jeune homme, assez souriant. Sa peau pâle rappelait la couleur de ses cheveux argentés, qui partaient un peu dans tous les sens si j'ose dire, sa tête était un véritable champs de bataille; ses yeux avaient la couleur des rubis et semblaient me transpercer. Il semblait assez frêle. Il portait une petite veste à capuche assez ample, et un baggy noir, qui se resserrait au niveau des mollets. Mais qu'Est-ce qu'un gamin venait faire dans les prisons de l'Enfer ? Il trottina vers moi, et empoigna mon bras afin de me mettre debout.
- Viens mon chou, je t'emmène loin d'ici.; annonça-t-il enjoué.
Je restais frigorifié. Il venait de m'appeler mon chou, c'est ça ? Est-ce que tous les démons étaient si expressifs ? Il m'entraîna hors de ma cellule, tout en dégustant une sucrerie qu'il avait sortit de sa poche. Nous marchions dans le sombre couloir qui reliait les cellules, sous les regards envieux des prisonniers. Mais la seule question que je me posais maintenant... C'était... Est-ce que Drag a prit sa retraite ? J'espère que c'est une mauvaise blague, je sais que les démons sont taquins. Ce gamin ne pouvait pas être celui qui allait m'accompagner dans les flammes, si ? Je ne pourrais même pas l'embêter durant le trajet vu sa personnalité ! Oh non ! Drag était facile à provoquer, j'aurais au moins voulu pester quelqu'un avant de brûler éternellement ! Un garde nous arrêta, ce qui m'interpella. Il nous demanda pourquoi j'étais en liberté, et le gamin répondit qu'il m'amenait à mon jugement. L'autre démon se retira, et nous laissa passer. Nous arrivions à l'extérieur des prisons. Je regardais le couloir que j'avais pris lors de mon dernier jugement. Il se trouvait devant moi. Mes jambes semblaient plus lourdes, et l'air peinait à entrer dans mes poumons. Pourquoi ce malaise ? Je ne pouvais pas y échapper de toutes manières... Le jeune homme s'arrêta soudainement. Il me fallut un certain temps pour réaliser que si je continuais de marcher, j'allais lui rentrer dedans, je m'arrêtais en panique, manquant de perdre mon équilibre. J'en profitait pour examiner les lieux, et rien n'avait changé. Les nymphes chantaient toujours dans leur lac baigné de lumière, les pierres étaient toujours parfaitement blanches et entretenues.
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Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...