Chapitre 31

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Je me relevais brusquement, les joues encore humides, et le souffle court. Le plus douloureux de mes souvenir venait de jaillir de mon inconscient : Celui de la mort de Clovis, mon père adoptif.

Après m'être calmé, je prêtais attention au léger poids qui s'appuyait sur mes jambes. Je découvrais avec surprise une Clémence endormie, à moitié par terre et tenant fermement ma main.


- Il était temps !


Je me retournais incompréhensif vers Zac. Il était assit en tailleur sur son lit, son dos appuyé contre le mur. Il grimaçait en m'expliquant que Clémence avait été là pendant trois heures, autrement dit le temps de ma sieste improviste.


- Elle doit vraiment s'en vouloir pour faire ça...; marmonna Zac dans sa barbe.


Non.

Je souriais tendrement, passant ma main dans ses cheveux. Je savais que malgré sa carapace, elle était toujours le même petit ange que j'avais connu jadis. Car même si elle fait mine de mépriser les autres, elle ne peut s'empêcher de se faire du soucis pour eux. Voilà ma Protégée. Une ado bornée, acide, mais une véritable douceur se cache dans son cœur. Ses doigts se resserrèrent sur mon poignet, enfonçant ses ongles sous ma peau. Sa petite tête se releva lentement, et je croisais deux yeux étranges, voilés de colère. Elle ôta ma main de ses cheveux, se redressant brusquement.


- Ça t'arrives souvent de faire des peurs folles aux autres ?; gémit-elle nerveusement.


Une réaction normale aurait été de me défendre, ou, ce que je fais habituellement : user de l'ironie. Mais là, je ne sais pas si c'était parce que j'étais encore dans les vapes, je m'étais contenté de lui sourire bêtement. Un véritable idiot. Elle sortit de la pièce en grinçant des dents.

Zac avait plongé ses yeux rubis dans les miens, le visage inexpressif. Il resta ainsi de longues minutes, sans rien dire. Commençant à devenir gêné, je lui demandais la raison de cette réaction.


- Tu fais pitié.; articula-t-il.


Je ne relevais pas cette dernière moquerie. Je m'empressais d'aller rejoindre ma protégée, tout en trottinant. Elle ouvrit de grands yeux quand elle vit que je l'avais rattrapé.


- Qu'est-ce que tu veux ?; soupira-t-elle.

- Rien ?; répondis-je un sourire béat aux lèvres.


Elle leva les yeux au ciel, tout en accélérant le pas. J'accélérais donc de même, afin de revenir à sa hauteur. Ses prunelles roulèrent sur le coin de ses yeux, et ses sourcils se froncèrent. Elle se mit soudainement à courir dans les couloirs à toute vitesse. Il me fallut quelques secondes avant de réaliser qu'elle venait de me planter seul. J'esquissais un sourire amusé, avant de moi aussi me lancer dans une course folle, à sa poursuite. Nous courions à en perdre haleine, et elle commençait à rire, sans savoir pourquoi. C'était comme le jeu du chat et de la souris, elle se cachait, et je m'efforçais de la retrouver.

Après plusieurs heures de rires, nous nous laissions tomber dans l'herbe, aussi essoufflés qu'épuisés. Nos regards se croisèrent et une larme coula le long de sa joue. Je me relevais brusquement :

GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant