Chapitre 61

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En cinq jours, Clémence avait réussis à contrôler ses chaînes. Chacun de ces jour avait éte une découverte, une opportunité de nous méfier. Mais Satan n'avait toujours pas attaqué. Nous trouvions tous cela étrangement calme. Beaucoup trop calme. Et en seulement cinq jours, Clémence avait acquis les bases de l'Invocation. Ses chaînes manipulaient solidement Cerbère. Même si il le voulait, le démon ne pourrait désormais plus lui faire faux bond. Louise l'avait secrètement qualifiée de surdouée. Les Invocateurs mettent des mois à contrôler un démon. Et elle, l'avait fait en cinq jours. Était-ce l'adrénaline qui la poussait à repousser ses limites ? Le pouvoir de Lilith qui s'éveillait en elle ? Ou bien juste la peur ? Je n'en savais rien... Mais je serais là pour elle quoi qu'il advienne. Je l'avais vu céder à la pression plusieurs fois durant ces jours. Et malgré tout, elle se tenait debout. Les traits de son visage se faisaient plus fermes, plus matures. Elle avait changé, c'était indéniable. Et cela me pinçait le cœur. J'aurais souhaité une vie plus douce pour elle... J'aurais voulu qu'elle continue sa scolarité... Qu'elle ait des amis, ses sorties... La culpabilité me rongeait de l'intérieur. Je savais pourtant que Clémence ne me tenait pas responsable de tous ces évènements. Pourtant, c'était à travers mes yeux que Satan avait découvert qui dormait en ma protégée. Une lourde main se posa sur mon épaule. Je rencontrait le regard compatissant de Drag. Lui aussi n'était pas tout blanc dans cette histoire... Nos regards se portaient de nouveau vers les deux femmes. Louise semblait avoir complètement enfoui ses sentiments fraternelles envers notre ennemi. Ses prunelles brûlaient d'une détermination sans faille. Elle ne fairait aucun cadeau à Satan.

- Clémence.; appela-t-elle d'une voix ferme qui se voulait silencieusement douce.

Ma protégée avait relevé les yeux. Elle ferma les paupière, régulant doucement sa respiration. Louise s'était placé bien en évidence, au bon milieu de la cour. Un silence pesant enlaçait alors les lieux. Je pouvais entendre les battements de mon cœur. L'air entrer et sortir de mes narines. La brise, très légère. Le bruissement des feuilles.

Clémence ouvrit enfin ses paupières, dévoilant ses magnifiques iris nuancés. Le regard débordant de détermination, et d'un geste ferme de la main, une chaîne solide entoura avec souplesse son corps, comme une protection. De son autre main, une deuxième chaîne vint sortir de son dos, imposante, beaucoup plus robuste. Le lien semblait onduler tel un serpent, attendant le bon moment pour frapper Louise. La démone patientait calmement, bien consciente que si Clémence réussissait à la capturer, elle deviendrait son démon. Mais je pouvais sentir une certaine assurance dans sa gestuelle. Elle observait son adversaire avec un calme remarquable. Alors que moi, simple spectateur, en avait des frissons. Ces chaînes me rendaient mal à l'aise. Je n'étais pourtant pas un démon... Et pourtant toutes mes cellules criaient au danger. Mon cœur palpitait plus violemment dans ma poitrine.

De la peur ?

De l'admiration ?

Ces deux émotions semblaient si semblables que je ne su les différencier sur le moment. Cerbère surgit brusquement de nul part, toutes crocs dirigées vers la succube. Elle-même fut surprise par le choix de l'Invocatrice. Utiliser Cerbère pour une diversion ? J'en avais le souffle coupé. Tout s'enchaînait très vite. Clémence ne bougeait pas les lèvres, pourtant son regard se faisait dur. Elle devait donner des ordres à son démon par le lien qui les liait. Mais Louise n'était pas duppe. Elle couvrait bien ses arrières. Pendant de longues minutes, la démone accumulait les esquives alors que Cerbère ne lui laissait aucun répis. C'était à se demander comment le chien des Enfers trouvait la force de tenir aussi longtemps dans ce combat acharné. La jeune femme envoya brusquement valser le Gardien des Portes quelques mètres plus loin. Clémence répliqua en lançant deux chaîne à toute vitesse sur sa proie, qui en oublia pendant une fraction de seconde le démon qui venait de s'évanouir dans une ombre. Louise bloqua les liens de Clémence, alors que leur tintement déchirait les sons alentour. Un sourire se dessinait sur le visage pâle de la démone.

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