Les bars se remplissaient, et l'alcool coulait à flot dans le gosier des hommes. J'observais ces pitres s'amuser avec les catins depuis l'obscurité. Ce n'était pas très luxueux ici, mais au moins j'avais trouvé un toit pour la nuit. Il fallait juste que j'arrive à isoler mon esprit des cris et des luttes. Je posais mon verre sur la table dans un tintement sourd. Mes yeux s'attardèrent sur mes mains. Elles étaient sales, et de la terre s'était incrustée sous mes ongles. Je grimaçais en descendant un peu plus ma capuche sur mon visage.
Cela faisait combien de temps que j'errais de ville en ville sans trouver ma quête ? Des mois ? Des années ?
Epuisé, je décidais de monter à l'étage. J'allumais une bougie avant de relever le rideau qui cachait les escalier. Les marches en bois humide grinçaient et menaçaient de s'écrouler. Heureusement que je n'étais là que pour une nuit... Demain, à l'aube, je reprendrais la route. Je ne savais pas où aller. Mais il fallait que trouve une nouvelle raison de vivre. Je ne pouvais pas me laisser mourir, car Clovis ne l'aurait pas toléré. Et pour protéger ma mère, il fallait que je devienne un homme fort. Les hommes forts sont ceux qui ont une raison de vivre, un but. Je ne pouvais pas faire marche arrière les mains vides.
J'avais pensé à la vengeance. Mais qui étais-je ? Je n'avais aucun moyen de savoir qui l'avait dénoncé. J'arrivais finalement en haut des marches, dans un couloir plongé dans l'ombre. J'avançais, avec pour seule lumière ma petite bougie dont la flamme menaçait de s'éteindre au moindre coup de vent. J'arrivais après quelques pas devant une porte en bois altérée par le temps. La poignée était à moitié dévissée, et une odeur de renfermé s'engouffrait dans mes narines. Je couvrais mon nez, m'apprêtant à entrer dans ma chambre.
- Petit ?
Je relevais la tête. Cette voix m'était familière. Je me retournais pur voir un homme assez âgé. Il semblait un peu plus jeune que mon défunt père. De nombreux draps recouvraient son corps, déformant ainsi sa silhouette d'origine. Il baissa le tissu qui recouvrait le bas de son visage. Je reconnu ce teint mat, ces yeux luisant comme du charbon, et ses cheveux de suie emmêlés aux airs rêches. Cela ne faisait aucun doute, c'était Icris qui se tenait devant moi. Un nœud se nouait dans ma gorge, alors que d'anciens souvenirs refaisaient surface. Il émit un faible sourire, comme soulagé, avant de me dire timidement :
- Comme tu as grandi.- Tu es encore en vie ?; réussis-je à murmurer sous le choc.
- Oui.; avoua-t-il doucement.
Je restais silencieux, et me contentais de l'observais avec un regard méprisant et empli de questions.
- Tu dois te demander beaucoup de choses concernant ma personne... N'est-ce pas, petit ?; finit-il par dire après un long silence.- Je ne veux rien savoir... Rien !; criais-je; Tu as du culot de te tenir devant moi après toutes ces années sans donner le moindre signe de vie !
J'ouvrais brusquement la porte de ma loge, et m'y engouffrais avec rage. Quelque chose vint m'empêcher de refermer la porte. Mes iris roulèrent jusqu'au bas de mon œil, pour constater qu'un pied bloquait le bout de bois. Je reportais mon regard sur Icris qui semblait désespéré.
- J'ai... J'ai appris pour Clovis. Je suis désolé.; gémit-il.- Si tu es venu pour me dire ça, tu peux tout aussi bien rebrousser chemin.; lui crachais-je à la figure tel un serpent crachant son venin.
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Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...