Le jours J était enfin arrivé. Je jetais un regard complice à Louise qui me le rendit, avec un sourire qui montrait son impatience. Depuis quelques mois, nous avions lié une véritable amitié. Je comprenais maintenant pourquoi elle était si bipolaire. Il fallait comprendre que c'était un puissant démon, qui avait vécu plusieurs millénaires sans cœur, et seulement quelques siècles avec celui de son bien-aimé. Les émotions humaines se bousculaient en elle, et elle ne savait pas toujours les contrôler. Et puis n'importe qui serait bipolaire après avoir vécu une si horrible expérience.
Je me précipitais dans ma chambre et fouillais dans mon placard pour en extirper une petite boîte poussiéreuse. Je soufflais dessus pour dégager la saleté, et l'ouvrais, tendis qu'une odeur de renfermé emplissait mes narines. Il était là. Mon petit gadget préféré. Je prenais le téléphone entre mes mains, et je me rappelais de la petite Clémence que je protégeais. J'allais enfin la revoir ...! Je serrais le téléphone contre moi, avant de prendre un énorme sac en cuir brun, et d'y fourrer toutes mes affaires : vêtements civils comme uniforme et armes de Faucheur. Je jetais ensuite le sac par dessus mon épaule et me pressais de rejoindre Louise qui m'attendait devant le portail. Je courais à en perdre haleine, la brise fraîche fouettant mon visage, et ébouriffant mes cheveux. J'arrivais enfin devant Min'O, qui s'inclina respectueusement en guise de salut. J'étais essoufflé, mais l'impatience me faisait vite oublier cela.
- Tout le monde est prêt ?; demanda la voix rauque du minotaure.
Je secouais vivement la tête en guise d'affirmation, un sourire niais aux lèvres. L'homme-taureau se dirigea vers le portail, et celui-ci s'ouvrit. Louise emboîta le pas, et je la suivis, trépignant d'impatience.
- Attendez-moi !; hurla une voix familière derrière nous.
Nous nous retournions pour apercevoir Zac, un énorme sac sur le dos, l'air grognon.
- Vous ne comptiez pas partir sans moi, quand même ?; grogna-t-il une fois arrivé à notre hauteur.
- Tu ne viens pas.; répondit sèchement Louise.
Tous les regards se braquèrent sur elle. Elle avait dit ces mots avec un ton si froid, si distant, que Zac ne savait pas quoi répondre. Elle l'avait séché. Il la fixait avec des yeux exorbités, la bouche entrouverte. Il fronça ensuite les sourcils, les traits de son visage déformés par la frustration. Il s'avança d'un pas décidé vers le portail, laissant un grognement sourd s'échapper de sa poitrine. La main de Louise le rattrapa aussi sec par le col, et l'envoya valser quelques mètres plus loin. Il toussa avant de se relever, puis il la fusilla du regard.
- Pourquoi ?; cria-t-il.
- C'est trop dangereux pour toi.; déclara-t-elle toujours aussi froidement.
- Trop dangereux ? Je suis plus fort que cet imbécile, et tu me dis, à moi, que c'est trop dangereux ?; riposta-t-il.
Il me fallut quelques secondes pour réaliser que l'imbécile, c'était moi.
- Qui c'est que tu traites d'imbécile, clébard ?; rétorquais-je vexé.
- Hybride.; corrigea-t-il.
Son regard noir rencontra le mien. Je me retournais, faisant comme si de rien n'était. Je n'avais pas envie de revoir Clémence en étant couvert de bleus. Louise soutenait le regard du jeune homme, puis voyant qu'il ne bougeait pas, elle soupira. La démone se retourna ensuite vers moi, me faisant signe que nous pouvions passer le portail. Nous avancions vers le liquide, et nous apprêtions à le traverser quand des bruits de pas retentirent dans mes oreilles. Louise en fut aussi alertée, elle s'apprêtait à se retourner quand deux bras nous encerclèrent, tout en nous poussant dans le portail. Je poussais un hurlement de surprise quand l'Erebe disparut de mon champ de vision, laissant place à une distorsion étrange, accompagnée d'une langue qui m'était inconnue.
VOUS LISEZ
Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...