Gardien

Chapitre 9

Aucun mot ne suffirait pour décrire la tension qui régnait dans la pièce. Je me trouvais dans les appartements de Louise. Les tapisseries luxueuses étaient décorées de tableaux, les meubles étaient anciens, taillés dans du marbre noir finement incrusté de feuilles d'or. On pouvait dire que cette pièce, que je devinais être un salon de thé, était décorée avec goût. J'étais assis sur un sofa, tandis que Louise et Satan l'étaient également sur un autre sofa qui me faisait face. Seule une table basse nous séparait, sur laquelle était disposé un service en porcelaine. Louise me fusillait du regard, resserrant ses doigts sur sa magnifique robe d'époque. Satan dégustait son thé avec fantaisie, comme à son habitude, sans avoir l'air inquiété de quoi que ce soit. Clémence jouait au fond de la pièce avec de petits chevaux en bois. Quant à moi... Je n'osais pas briser le silence.

- Allons Elther, notre petit Vengeur doit sûrement se sentir oppressé si tu le regardes de la sorte. ; murmura le Seigneur des Enfers tout en reposant sa tasse sur son socle.

La concernée se contentait de baisser les yeux, sans même dire une parole. Il fallait que je me lance ! Tant de questions se bousculaient dans ma tête ! Je m'apprêtais à commencer mon interrogatoire quand Satan me fit signe de garder le silence.

- Je sais ce que tu te demandes, petit.; annonça-t-il en s'adossant contre le dossier; Et tu as le droit de savoir qui sont les Djinns. La première fois que nous nous sommes rencontrés, tu m'as parlé de possession... Tu t'en souviens ?

J'inclinais la tête en guise d'affirmation.

- Et bien ce sont les Djinns , qui sont la cause de ces cas.

- Pourquoi s'attaquent-ils à ma protégée ?; demandais-je frustré.

Louise se leva brusquement, et si ses yeux pouvaient tuer, je ne serais sûrement plus de ce monde ! Ses poings tremblaient, il était évident qu'elle se retenait de m'étriper. Sérieusement : Qu'est-ce que je lui avais fait ? Satan prit doucement la main de la concernée et l'incita à s'asseoir.

- Excuse-la, Elther est très sensible en ce qui concerne l'avenir de ta protégée.; expliqua Satan d'une voix douce qui semblait calmer la démone; Concernant ta question, je ne peux pas te répondre.

- Pourquoi ?; m'exclamais-je en me levant à mon tour.

Un sourire carnassier se dessinait sur ses lèvres. Je venais de poser une question idiote. La réponse était évidente. J'étais son jouet. Je me rasseyais calmement, essayant de reprendre le dessus sur mes émotions. J'éprouvais tellement de colère, et je me sentais tellement humilié, qu'il était difficile pour moi de rester tranquillement assis sur ce foutu divan.

- Donc si je comprend bien...; repris-je; ces démons continueront d'attaquer Clémence sans que je puisse la défendre ?

Le regard malicieux du Seigneur s'assombrit soudainement. Je savais ce que je faisais. Tout comme je savais qu'il avait horreur que l'on compare ces êtres avec ses enfants. Il se mit à taper nerveusement son index sur la table, et je compris que mon plan avait marché. Je n'avais qu'à attendre qu'il me crache le morceau sur la nature des Djinns. Louise, elle, n'attendait qu'une chose, c'était qu'il lui donne l'ordre de me tuer.