Chapitre 34

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La dernière sonnerie des cours retentit dans mes oreilles. Clémence fourra vivement ses affaires dans son sac, enfila un gilet, et sortit de la classe en me lançant un regard rapide. Au lycée, elle ne pouvais pas se permettre de me parler si il y avait des gens autour, alors on avait inventé quelques codes visuels pour se parler. Je lui emboîtais le pas, amusé, tout en contemplant les couloirs de l'établissement. Il était remplit d'élèves, discutant de leurs professeurs, ou bien quelques groupes de filles parlant secrètement d'un garçon, mais mon regard s'arrêta sur deux jeunes homme dévorant ma protégée des yeux.

J'haussais un sourcil, l'air méprisant. Clém' ne semblait pas avoir remarqué. Ayant moi-même été un jeune homme, je savais très bien à quoi ils pensaient. Et je ne pouvais pas laisser passer ça, pas quand cela concernait Clémence. Je les fusillais du regard, avant de me rappeler qu'ils ne pouvaient pas me voir. Toutefois, instinctivement, j'avais rapproché Clémence de moi, à l'aide de son épaule. Elle ouvrit de grand yeux quand elle bascula, et fit mine de trébucher pour ne pas éveiller les soupçons. J'étais moi-même surpris, c'est vrai que je pouvais la toucher ! Nous étions arrêtés à la hauteur de ces garçons, qui se trouvaient dans mon dos. Clémence releva un regard meurtrier vers moi. Un sourire stupide naquit sur mes lèvres. En fait, j'avais eu ce que je voulais. Etant devant eux, et étant invisible aux yeux de tous, c'était un peu comme si c'était eux qu'elle avait fusillé du regard. Elle ne remarqua pas leurs air déconcerté, et continua sa marche vers la sortie, pendant que je m'esclaffais à la vue de ces visages décomposés.

L'épaule de Clem' vint brusquement se heurter contre celle d'un jeune homme. Un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres. Décidément, les lycéens ne faisaient attention à rien dans les couloirs ! Elle s'apprêtait à se retourner et à crier sur celui qui l'avait gêné, et je pouvais comprendre son énervement. Ce n'était pas comme si je l'avais faite tomber juste avant ! Mais, à ma plus grande surprise, aucun son ne sortit de sa gorge. Elle rougit, à la vue du jeune homme, et baissa les yeux. Elle s'excusa du bout des lèvres, détournant le regard, pendant que le concerné la rassurait avec un grand sourire. Clémence se retourna pour reprendre sa route, le pas plus lent, et les yeux rêveurs. J'haussais un sourcil, accélérant le pas pour arriver à sa hauteur. J'examinais ses joues qui avaient prises un teint rouge, ses lèvres retroussées, et son air gêné.

Pourquoi ?

Son expression changea brutalement quand elle remarqua mes soupçons. Elle fit comme si de rien était et passa le portail du lycée.


- C'est qui ce garçon ?; lui demandais-je avec une pointe d'amertume dans la voix.

- Quelqu'un.; répondit-elle sèchement.


Ok.

Je vois.

Je ne pourrais pas aborder le sujet de cette manière. Et si je continuais mon interrogatoire, j'allais droit dans le mur. Il fallait que je trouve un autre sujet de conversation...

Après maintes réflexions, une balançoire attira mon attention. Clém' adorait en faire autrefois ! Je tirais nerveusement sa manche, ce qui l'incita à se retourner, un air surpris. Fier de moi, je gonflais mes poumons tout en lui désignant la balançoire du doigt. Elle la regarda un bon moment, avant de se retourner vers moi.


- Tu veux faire de la balançoire ?; murmura-t-elle perplexe.


Peut-être qu'elle me proposait d'en faire avec elle ? Et qu'elle était gênée ? Oh ! Il ne fallait pas ! Je fis vivement oui de la tête, un sourire jusqu'aux oreilles.

GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant