Chapitre 55

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Hein ?

Je saisissais Alice brusquement par les épaules. Qu'est-ce qu'elle venait de dire ?

L'Ordre des Élus... Avait fait assassiné mon père...?

- Pourquoi ?; hurlais-je alors que mes ongles se glissaient sous sa peau.

Elle gémit de douleur, tout en secouant nerveusement la tête.

- J-Je ne sais pas ...! Je n'étais pas au courant ...!
- Tu te moques de moi ?; criais-je de nouveau.
- B-Berthe...! C'est Berthe qui vient de me le confier...!; pleura Alice.

Ses yeux larmoyants ne mentaient pas. Je détournais le regard, incapable de lui en demander plus. Je me sentais profondément coupable. Autant que lâche. Je tournais les talons avant de me hisser sur mon cheval. Alice releva la tête, son visage déchiré par la panique. Elle attrapa fermement ma botte.

- N-Ne cherche pas à te venger !; s'écria-t-elle.

Quoi...?

- Je t'en pries... Ne souille pas ton cœur. Je...; commença-t-elle avant d'étouffer ses mots.

Elle me relâcha, tout en reculant d'un air perdu. Elle essayait de le cacher, mais ses mains tremblaient. Comment pouvais-je lui tourner le dos...? Je descendis de ma monture, avant d'encadrer son visage avec les mains. Je lui demandais tendrement ce qui lui arrivait. Ses prunelles fixaient le sol, alors que ses lèvres restaient scellées. Elle se libéra de mon étreinte, avant de bondir sur son cheval. Je regardais la scène, incompréhensif. La bête semblait rétissante. Ses sabots frappaient nerveusement le sol, alors que sa queue s'agitait jusqu'à s'écraser contre sa croupe. Mais la jeune femme réussit à calmer l'animal, en caressant doucement son encolure. Pourquoi semblait-elle si pressée tout à coup ?

La porte de la bâtisse claqua, et l'amie de ma mère en sortit en trombe, effrayée. Ses yeux se perdirent jusqu'à se braquer sur Alice. Elle cria de terreur en la pointant du doigt.

- S-Sorcière ! Sorcière !

Alice semblait encore plus effrayée, alors que ses doigts fins se resséraient sur les reines de son cheval, jusqu'à les faire vibrer. Quand la femme croisa le regard de mon amie, elle recula, tombant au sol, avant de se relever et de prendre la fuite.

- Qu'est-ce qu'il lui arrive ...?; soupirais-je encore sous le choc.

Mais la concernée restait muette. Un bruit se fit entendre. Je reportais toute mon attention sur l'entrée de la maison. Dans l'encadrement de la porte se dessinait une silhouette familière. Celle de ma mère. Berthe. Elle semblait tout aussi surprise que moi, bien que nous n'avions sûrement pas les mêmes raisons. Elle avait retrouvé son teint coloré, et se tenait debout sans aucun effort. Pour dire ce qui était, elle semblait en parfaite santé... Mais comment ? Comment avait-elle pu guérir aussi vite ?

- Un ange...; murmura ma mère à l'attention  d'Alice.; Un ange ma guérit.

Je fixais Alice. Elle avait guérit ma mère...?

Je n'eu pas le temps de lui demander ce qu'il se passait, qu'elle lança sa monture au galot.

- Rattrape-la mon petit ! Je veux la remercier !; cria Berthe.

Alors comme ça on voulait fuir ? Ça ne lui ressemblait tellement pas... Je m'élançais à sa poursuite. L'air me fouettait le visage avec la vitesse de ma jument. Je n'allais pas la laisser s'échapper comme ça... De quoi avait-elle peur ? De mon jugement ? Elle pensait peut-être que j'allais raconter à tous ce qu'elle venait de faire ? La sorcellerie était un crime. Mais sorcière ou non, elle venait de sauver ma mère d'une mort lente et certaine. Ce passé dont elle m'avait parlé, ce passé qu'elle fuyait, était-ce lié à ça ?

GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant