Chapitre 5

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Des lunettes de soleil cachées sous un bob, une chemise à fleurs rouge entrouverte, un short kaki lui arrivant juste au-dessus du genou, et des tongs. Voilà comment s'était habillé Satan, un jour où la neige s'abattait avec force sur le sol qu'elle avait déjà nappé de son manteau blanc.


- Je peux savoir à quoi tu joues ?; lui demandais-je en croisant les bras.

- Je prend des vacances. Ça se voit, non ?

- Nous somme le 21 Décembre. ; lui fis-je remarquer en le dévisageant.


Il se retourna vers moi, abaissant légèrement ses lunettes afin que je puisse voir ses yeux malicieux. Son regard disait clairement : « Et alors ? ». Pourquoi est-ce que j'essayais de résonner cet échappé de l'asile ... ? Je me le demande encore... Il se pencha sur le landau dans lequel dormait ma protégée, et examina l'enfant en silence.


- Alors tu as tenu 9 mois... ; murmura-t-il l'air pensif.


Quand Clémence eut entendu la voix raillée de Satan, elle fut projetée hors de son paisible sommeil. Je l'entendis renifler bruyamment : elle s'apprêtait à pleurer, et mes oreilles ne voulaient pas entendre ça. Je me précipitais sur elle, plongeant mon regard dans ses petits yeux noisettes, et passait ma main sur son frêle crâne. Elle me souriait, je pouvais lire dans ses yeux ronds, un soulagement silencieux. Depuis qu'elle avait eu ses premières dents, il y a quelques mois, j'avais fait une overdose de pleurnichements. Alors autant tout mettre en œuvre pour ne plus pulvériser mes oreilles inutilement... Et visiblement, je ne l'effrayais plus. Avant, elle refusait de me regarder, et désormais, elle me regardait droit dans les yeux, sans que son regard ne divague. Elle avait beau être encore très jeune, personne n'avait jamais osé soutenir mon regard. Au début, j'étais resté perplexe, car les vivants ne sont pas censés nous voir. Mais le clown m'a expliqué que les nourrissons sont sensibles à notre présence, et que le « don » disparaît en grandissant. Je n'avais donc aucun souci à me faire ! Satan passa ses doigts sur son menton, le regard perdu dans le vide.


- C'est étonnant tout de même. ; finit-il par dire d'une voix roque.


Je lui lançais un regard interrogateur.


- Qu'un moins que rien comme toi aies réussi à la maintenir en vie pendant 9 mois. ; articula-t-il avant d'afficher un sourire carnassier.


Je pouvais sentir le sang bouillir dans mes veines. Si seulement il était mortel... Je me serais fait une joie de le dépecer vivant. Je secouais brusquement la tête. Il ne fallait pas que je pense à mes crimes passés. Je devais supporter les visites régulières de ce démon, c'était rien à côté des flammes de l'Enfer. Son iris roula jusqu'au coin de son œil afin de rencontrer les miens. Son regard était si glacial que j'en avais des sueurs froides. Je ne savais pas si les démons pouvaient lire dans les pensées des gens, ou non, mais à chaque fois que je pensais quelque chose de négatif, ils me dévisageaient. Il s'avança vers moi et scanna ma tenue, avant de claquer sa langue contre son palet.


- Ça fait un moment que je me pose la question mais...Pourquoi tu portes encore ça ?; me demanda-t-il.

- Peut-être parce que je ne peux rien toucher ? ; gloussais-je nerveusement.

- Tu n'as pas fait un tour dans nos boutiques ?; rétorqua-t-il en haussant un sourcil.

GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant