Un froid glacial me sortit de mon sommeil. Je me redressais en sueur, avant de gémir de douleur. Mon corps entier me faisait encore mal, et mes jambes refusaient de bouger. Les effets de ce foutu venin avaient vraiment du mal à se dissiper... C'est sûrement la dernière fois que j'approche un Djinn à main nue ! Je jetais la tête en arrière afin qu'elle s'appuie contre le mur. Je balayais du regard la cave qui me servait de chambre avant de soupirer. Rien n'avait changé depuis ma mort en fait. Je dormais toujours entre quatre murs, un simple lit rigide en guise de couche, l'humidité emplissant mes narines, et le froid comme seule compagnie. Les rayons du soleil peinaient à traverser la petite fenêtre se trouvant en haut du mur. La vie commençait à s'éveiller dans l'Erebe, comme tous les matins. Je passais mes jambes par-dessus mon lit et posais avec difficulté mes pieds au sol. Je me dirigeais ensuite vers la petite commode où était disposés mes vêtements. La porte s'ouvrit alors que je m'apprêtais à m'habillais. Je pus reconnaître le visage de Louise, avant que mes oreilles ne se fassent assiégé par un cri de terreur.
- Tu pourrais au moins t'habiller quand quelqu'un entre !; cria-t-elle agacée.
- Je crois que j'ai encore le droit de dormir nu ! Et puis on ne t'a jamais appris à toquer aux portes ?; grinçais-je entre mes dents.
- Mais il fait un froid pas possible ici ! C'est complètement stupide !
- Ça me rend plus résistant au froid, c'est tout. Sinon, tu comptes rester ici encore longtemps ou je peux m'habiller ?; lui demandais-je en arquant un sourcil.
Elle me dévisageait, folle de rage et rouge de honte.
- Ne te fais pas d'illusions, il n'y a rien à voir chez toi.; dit-elle sèchement en ayant repris son regard glacial.
Puis sur ces mots elle claqua la porte avec violence, soulevant la poussière qui s'était accumulée sur le sol. Je toussais en agitant ma main, cet endroit était vraiment pourri, dans tous les sens du terme. Je sortis ensuite dehors, une fois vêtu correctement, pour rejoindre Louise et Zac. La démone fit comme si rien ne s'était passé, en même temps, je n'étais sûrement pas le seul homme qu'elle avait dû voir nu comme un vers, étant donné qu'elle est une succube. Quand j'y pense, je n'avais jamais vu Louise quitter l'Erebe. Comment faisait-elle pour se nourrir ? Les succubes absorbent l'énergie des hommes en couchant avec eux, mais je n'ai jamais vu d'hommes près de la démone, on pourrait même dire qu'elle se montrait extrêmement froide avec eux. Non, les seuls hommes qui pouvaient l'approcher étaient Satan, Zac et moi. Aux dernières nouvelles, il ne s'était rien passé entre nous, et Satan ne peut pas venir de lui-même ici, ce qui veut dire que... Je levais les yeux vers Zac qui m'interrogeait silencieusement, et une image horrible me vint à l'esprit, me forçant à détourner le regard du jeune homme. Comment pouvait-elle abuser de cet enfant ? Son "apprenti" ? Mon œil ! Son garde-manger, oui ! J'orientais furieusement mon regard vers Louise, qui haussa un sourcil d'un air méprisant. Je ne l'imaginais pas comme ça. Mais Zac ne semblait pas perturbé par tout cela, peut-être avait-il des sentiments pour la démone ? Dans ce cas, en tant que coéquipier, je me devais de l'aider. Après tout, c'est la solidarité masculine ! Un grondement sourd vint me sortir de mes pensées. Je me retournais pour reconnaître Min'O, et j'étais heureux de le voir en si bonne santé.
- Des Djinns essaient d'entrer dans l'Erebe, Maîtresse.; déclara-t-il à l'intention de Louise.
- Encore pour Vengeur ?; demanda-t-elle désintéressée.
- En effet.
La démone soupira, se passant une main dans ses cheveux qui tombaient en cascade sur ses hanches.
- Je ne sais pas ce que tu as de spécial, mais depuis ton arrivée ici, les Djinns ne nous laissent aucun répit. C'est comme si tu les attirais, ou plutôt que Clémence les attirait.; murmura Louise.
- Qu'est-ce que Clémence a à voir là-dedans ?; rétorquais-je alarmé par ces propos.
- Elle et toi êtes liés. Et à ce que je sache, tu n'étais pas poursuivi par des Djinns lorsque tu étais encore en cellule. ; démontra-t-elle en regardant le ciel.
Je regardais le ciel à mon tour et découvrais avec stupeur que des Djinns essayaient de passer une barrière invisible.
- Ils ne passent plus par le portail ?; demandais-je.
- Les Djinns sont immatériels, et il y a des failles entre les Mondes où ils peuvent pénétrer.; expliqua Zac.
Les petits vicieux.
Je rentrais en hâte dans la maison et enfilais mon équipement de Faucheur, cette fois, je n'allais pas être malade. J'éveillais ma faux, et me précipitais dehors, quand une main se posa sur mon épaule, arrêtant ma course. Je me retournais pour rencontrer le visage résolu de Zac. Il me fit signe de ne pas y aller. Je retirais violemment sa main, le sang bouillonnant dans mes veines.
- Zac a raison, Vengeur, tu ne peux plus t'occuper des Djinns.; annonça sèchement Louise.
- Et pourquoi ?; demandais-je ironiquement.
- Est-ce que tu as vu l'état dans lequel tu étais la dernière fois ? Ta nature a repris le dessus sur toi, et tu as tué comme une bête sauvage.; grogna la démone en empoignant le col de ma combinaison.
- Il a cassé mon miroir. ; ripostais-je en serrant les dents.
- Ouvre les yeux !; hurla Louise en me jetant au sol; Tu es trop dangereux pour approcher Clémence ! Et si tu ne changes pas... Tu ne pourras jamais la revoir.
Sa dernière déclaration résonnait dans ma tête comme un refrain, et ça me mettait hors de moi. Je me relevais, déterminé.
- J'ai changé.; affirmais-je en resserrant les doigts sur ma faux.
- Mensonges.; répliqua Zac.
Je le dévisageais avec de grands yeux ronds. Louise s'avança vers les Djinns, et il ne lui fallut qu'un petit geste de la main pour tous les anéantir. Pourquoi ? Pourquoi possédait-elle une telle puissance ?
- Pourquoi as-tu laissé le Djinn de la dernière fois entrer si tu es si puissante ?; hurlais-je.
- Ce n'était à la base pas prévu, mais nous avions pensé que ce serait l'occasion parfaite pour te tester.; sourit tristement Zac.
Un test ? Et Zac était aussi au courant ? La démone se pencha vers moi, plongeant ses yeux dorés dans les miens.
- Et tu as échoué.; articula-t-elle avant de passer son chemin en m'ignorant.
Je restais inerte. Ma voix refusait de sortir. Je me contentais de m'agenouiller, et resserrais mes doigts sur l'herbe tendre, arrachant la végétation et ne laissant que la terre sèche là où mes doigts étaient passés. Tous mes membres tremblaient. Oui, c'est vrai que je n'ai pas totalement fait un trait sur mon passé, mais j'avais changé. Je le sais...! La main de Zac se posa amicalement sur mon épaule, me tirant hors de mes pensées. Un sourire illuminait son visage, bien que ses yeux montraient de la tristesse.
- Ne t'inquiète pas, je vais t'apprendre à repartir de 0.
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Gardien
FantasyOn m'a toujours dit... Que si je vivais une vie de débauche, je finirai en Enfer. Je n'y ai jamais cru. Pour venger la mort d'une personne qui m'était chère, j'ai rayé de la carte une famille entière. Sans faire de distinction entre les hommes, le...