Destinés à patienter

->Chapitre 4.3<-

Jack

Le Loup Garou. Vous savez, ce jeu qui vous donne des envies de meurtre. Je n'arrive pas à croire qu'après deux parties, personne n'ai attenté à la vie d'un autre. Surtout en ce qui concerne Cheveux Rouges. Peut-être qu'elle attend que tout le monde soit au pays des rêves pour pouvoir m'enterrer vivant dans mon propre jardin...

Je devine qu'il est temps d'arrêter le jeu quand Zoey et Enio commencent à se disputer pour une histoire d'amoureux qui a mal tournée.

-Qu'est-ce que vous dites d'un peu de musique ? proposais-je.

Mon idée fait fureur auprès de Cheveux Rouges qui se lève en déclarant qu'elle se doit de faire découvrir à tous les plus grands classiques français. Je ne vois pas de suite à quoi elle fait référence. J'ai vécu dix ans en France et je n'ai pas spécialement le souvenir d'avoir écouté beaucoup de chansons françaises en ce temps. Elle ne serait tout de même pas fan de Johnny Hallyday, si ?

Quelques instants plus tard, Gilbert Montagné retentit dans toute la maison et je comprends : Cheveux Rouges faisait référence aux chansons des années 80. Quelques souvenirs me reviennent de ces chansons tournant en boucle durant les soirées du nouvel an chez mes grands-parents et même si je ne me rappelle pas spécialement les paroles, je souris.

Bennie et Lydie rejoignent presque aussitôt leur amie qui s'est perchée sur la table à manger (Est-ce qu'il y a une chance qu'elle se tue avant qu'elle ne me tue ?) et elles hurlent les paroles à tue-tête. Je ne peux m'empêcher de rire en les voyant ainsi, complètement inconscientes du fait que les autres les regardent comme si elles étaient folles.

-ON VA S'AIMER ! SUR UNE ETOILE OU SUR UN OREILLER ! AU FOND D'UN TRAIN OU DANS UN VIEUX GRENIER !

J'avais oublié à quel point les paroles sont parfaites pour qu'elles te restent ancrées dans le crâne pendant les dix prochains jours.

Mon regard se pose sur Bennie. Elle danse sans prêter attention à ce qui l'entoure, complètement dans son monde avec ses deux meilleures amies. Personne ne pourrait voir là la fille timide que j'ai rencontré il y a deux semaines. Elle déborde d'énergie, de joie et d'assurance à tel point que je pourrais croire qu'elle appartient à cet instant de folie.

A la fin de la chanson, elles rient et cherchent tant bien que mal à reprendre leur souffle. Quelle idée de chanter en sautant sur la table aussi !

-Je crois qu'elles sont pires que moi, chuchote Zoey à notre intention.

-Oh non, crois-moi, personne n'est pire que toi.

La blonde donne une claque à l'arrière de la tête d'Enio qui y est tellement habitué qu'il se contente de rire.

S'enchaîne Patrick Sébastien et sa chanson des sardines. Trop heureux de la connaître, je grimpe sur la table pour chanter avec les filles. Zoey est la première à nous rejoindre mais les autres ne tardent pas à céder à cette envie et nous nous retrouvons bientôt tous serrer les uns contre les autres pour ne pas tomber de la table. Décidément, la chanson des sardines n'aurait pas pu mieux tomber.

Après plusieurs chansons et une chute mémorable de la part d'Enio, Bennie se laisse tomber sur le canapé. Les autres viennent se poser à leur tour et elle se laisse alors glisser en bas du canapé pour prendre moins de place. Je ne peux résister à la petite voix dans ma tête quand je la vois ainsi, assise par terre et la tête en arrière sur le canapé : je me place derrière elle de sorte à ce que son dos repose sur mes jambes. Sa tête retombe sur mes genoux et encore une fois, je ne peux pas résister.

-Poup ! dis-je en lui touchant le nez.

Ce simple geste lui arrache un petit rire. De son côté, mon cœur tambourine contre ma poitrine. Je décale légèrement la tête de Bennie et commence à mettre ses cheveux sur mes jambes. Bennie comprend certainement ce que je cherche à faire car elle me donne un coup de main en souriant puis repose sa tête. Ses yeux se ferment et c'est à mon tour de sourire.