Destinés à patienter

->Chapitre 5.4<-

Jack

Je me suis rendormi entre deux et huit heures du matin. Je ne perds pas de temps à rêvasser et pars sous la douche. Comme chaque année, je vais passer cette journée avec ma famille. La seule différence sera l'absence de ma mère. Je l'appelle chaque semaine, encore loin d'être habitué à cette longue distance entre nous.

Elle paraît plus heureuse que jamais. Elle a retrouvé ses parents et sa sœur, cette même sœur dont j'ai entendu parler dans tant d'histoires de son enfance. Je l'ai rencontré une fois, lorsque j'avais 10 ans, juste avant le déménagement pour les Etats-Unis. Je dois admettre que les souvenirs sont plutôt flous. De ce que je sais, elle est un peu comme mon père, très bosseuse, ayant toujours une bonne raison pour ne pas pouvoir venir nous voir.

Mes grands-parents cependant venaient régulièrement, toujours avec leur grand sourire et des anecdotes compromettantes sur ma mère. Je ne me souviens pas d'une seule discussion avec eux qui n'a pas fini en fou rire.

J'ai appris plus tard que ma tante n'avait jamais vraiment apprécié mon père, pensant qu'il était trop banal pour ma mère. Cela a mené mes parents à se disputer de nombreuses fois d'ailleurs. Maintenant que le divorce a été prononcé, ma tante doit sûrement rappeler à sa sœur jour et nuit « oh combien » elle avait raison sur mon père.

Ma mère m'a assuré que malgré tout ça, elle continue de le défendre, répétant qu'il l'a rendue heureuse pendant plus de 25 ans et qu'elle ne pourrait jamais oublier tous les souvenirs de notre « merveilleuse famille ».

Ma mère me manque, c'est vrai, mais je préfère la voir heureuse en France que déprimée ici. Je me suis donc fait une raison : je lui rendrais visite dès que possible.

Je salue rapidement les gars qui déjeunent sur l'îlot de la cuisine en discutant et sors de la maison pour embarquer sur le siège passager de la voiture de mon frère aîné, Matt.

-Me voilà ! m'exclamais-je en français.

-J'ai l'impression que je n'ai pas parlé français depuis une éternité, réalise Matt. Enfin bref ! Joyeux anniversaire.

-Merci. Alors, quel est le programme ?

-On récupère Papa, petit-déjeuner et... Surprise pour la suite.

-Oh aller ! Donne-moi au moins un indice ! forçais-je.

-Non, tu peux toujours rêver, c'est la règle et tu le sais alors cherche pas. Tu finiras par le découvrir.

Je soupire de frustration même si, au fond de moi, j'ai toujours apprécié nos journées surprises d'anniversaire. C'est une tradition qui fût instaurée par Maman elle-même car elle avait toujours connu ça avec ses parents. Alors s'il y a bien une chose que je continuerais de faire toute ma vie, c'est le concept des journées surprises d'anniversaire.

Nous arrivons quelques minutes plus tard à l'appartement de Papa qui nous attend de pied ferme devant l'entrée du bâtiment. Il fronce les sourcils en me voyant sur le siège passager et je lui souris de toutes mes dents en retour. Il ouvre donc la portière arrière et entre dans la voiture.

-A quel moment vous avez décidé de me mettre à l'arrière ? Vous êtes toujours mes gosses que je sache ! proteste-t-il.

-Tu finiras par t'y habituer Papa, dis-je amusé.

-De temps en temps ça ne fait pas de mal de se faire conduire, tu verras, ajoute Matt.

-Prenez pas trop la confiance vous deux, j'ai changé vos couches.

Matt et moi lâchons un rire gêné et Papa semble amplement satisfait d'avoir récupéré sa supériorité paternelle.

-Quoi qu'il en soit, en ce 17 février, je te souhaite un bon anniversaire mon fils.