Destinés à patienter

->Chapitre 3.2<-

Jack

Mon monde s'effondre lentement autour de moi. Un mois et demi d'absence depuis notre dernière pause dans la tournée et quand je rentre enfin chez moi, espérant profiter de ma famille pour les fêtes, j'apprends que mes parents divorcent. J'aimerais tant que ce ne soit qu'un cauchemar, que je me réveille et que ma mère soit là pour me dire que jamais elle ne nous quitterait...

Mais la réalité est bien là et je dois l'accepter.

J'ai passé ma nuit à repenser à tous les moments de ma vie où j'ai vu mes parents amoureux, ne sachant pas à qui me confier sur tous les sentiments qui me submergeaient. J'avais tellement imaginé ce Noël différemment...

Si j'ai bien tout compris, mes parents y réfléchissaient depuis quelques temps et ont profité de mon départ en tournée pour faire une sorte de test. Mon frère aîné n'habitant déjà plus ici, c'était le moment idéal.

Ainsi, ma mère a pris sa décision : elle retourne en France auprès de sa famille, à Lille, et mon père reste ici avec Matt et moi.

Déjà qu'un divorce c'est dur à assimiler, mais alors le fait que ta mère déménage à l'autre bout de monde, c'est un coup de poignard en plein cœur.

J'ai tout à coup manqué d'air et suis sorti en courant de chez moi. J'ai marché pendant presque deux heures dans le quartier, passant devant les maisons d'Avi et de Ben sans m'arrêter. Pour ne pas recroiser mes parents dans le salon en rentrant, j'ai escaladé la façade pour atteindre ma fenêtre et me glisser dans ma chambre directement.

Je n'en suis pas sorti depuis, encore trop sous le choc de la nouvelle.

Ajoutez à cela le fait que Bennie ne répond à aucun de mes messages, ni même aux appels de groupe. J'ai moi-même arrêté d'y participer pour être honnête. Je n'aurais pas pu supporter le regard assassin de Cheveux Rouges une seule fois de plus.

Une horrible vision de ce que serait ma vie avec mon père, très pris par son travail, traverse mon esprit.

Non, ça ne peut pas se passer ainsi. Ce n'est pas envisageable.

Je me redresse brutalement et me mets à faire les cent pas dans ma chambre où ma valise, même pas ouverte, traîne encore contre la porte.

La chose est claire dans ma tête : si mes parents ne vivent plus ensemble, alors il est peut-être temps que je fasse comme mon frère et que je quitte le nid familial.

Je m'arrête soudainement. L'idée parfaite est là, sous mes yeux depuis le début : la valise, la tournée... C'est logique. Il nous faut un chez nous. Un chez nous pour les RFE&H.

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-Donc tu voudrais que l'on garde la maison pour ton groupe ? redemande pour la troisième fois mon père pour s'assurer qu'il a bien compris.

-Jack, ce ne serait pas un peu précipité comme décision ? Je sais que ça ne te plait pas que je parte mais-

-Maman ! la coupais-je. J'ai compris tout ça. C'est juste... J'ai 20 ans, un groupe de musique, je fais des tournées et pourtant je vis encore ici. En effet, ça ne me plait pas que tu partes. Mais si vous avez décidé de passer cette étape, alors je dois moi aussi passer une étape. Et puis, ce serait cruel de me laisser vivre seul ici avec Papa, ajoutais-je avec un regard empli de reproches à ma mère.

Je n'ai rien contre mon père. Rien du tout même. Il a été un père parfait et je l'aime tout autant que j'aime ma mère. Le seul soucis, c'est que son travail lui demande beaucoup de temps et d'attention. Les chances pour que je me retrouve avec l'impression de vivre avec un fantôme sont de 100%.