->Chapitre 6.6<-

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Bennie

Oppressée. Je me sens totalement oppressée. Les invités s'entassent dans toutes les pièces, les voix se font plus fortes pour se faire entendre par-dessus celles des autres, les gobelets remplis de liquide inconnus jonchent toutes les surfaces et pour couronner le tout, les lumières sont devenues presque inexistantes.

Pour un vendredi soir, je me voyais plutôt devant Netflix.

Au lieu de ça, me voilà à l'anniversaire de Gabriel, un ami de Lydie que je ne connais... qu'en tant qu'ami de Lydie. Quand je pense que si Zoey n'avait pas insisté, aucun d'entre nous ne serait venu...

Cette dernière est d'ailleurs dans le coin « jeu d'alcool » avec son meilleur ami qui ne peut s'empêcher de veiller sur elle. Bien que cette attention soit adorable, elle reste, selon moi, nécessaire. Sans Enio, Zoey serait certainement déjà à moitié dans les vapes.

De l'autre côté de la maison, Camille se déchaîne sur la piste de danse avec un Avi plus réticent. En voyant toutes les concessions que ces deux-là font pour bâtir un couple solide, personne ne pourrait les imaginer, un jour, séparés.

Les autres sont assis sur les canapés du salon, discutant de choses et d'autres avec le concerné de la fête (Gabriel) et sa petite amie qui semble lutter contre le sommeil.

Bien qu'assise avec eux, je ne peux me débarrasser de la sensation de ne pas être à ma place. Les gens passent sans arrêt devant moi, m'obligeant à garder mes jambes pliées contre moi, et d'autres sont appuyés contre le dossier du canapé, m'empêchant de m'y mettre au fond. Je n'ai pas fait une seule crise d'angoisse depuis le collège mais vu la situation, leur retour ne devrait plus tarder.

Soudain, une main se pose sur mon bras, m'arrachant un petit mouvement de recul. Mon cœur se soulage en découvrant le regard concerné de Mary.

-Tout va bien ? Tu es toute blanche...

Je porte automatiquement mes mains à mon visage qui, malgré la réflexion de Mary, me paraissent brulantes.

-Je vais faire un tour dans la salle de bain pour me rafraichir, répondis-je avec un sourire se voulant réconfortant.

Aussitôt dit, je franchis la foule et m'engouffre dans la petite salle d'eau. Je me laisse le temps de respirer profondément, le front collé contre la porte et la main toujours sur la poignée. D'ici, le bruit de la fête est étouffé. Dans un sens, j'ai comme l'impression d'être assise à mon bureau avec, en fond sonore, les cris des jumeaux.

Après quelques secondes transformées en minutes, je me laisse glisser le long de la porte sans ouvrir les yeux. Les jambes repliées contre moi, je profite de cet instant de paix et de solitude. Je m'imagine au bord du lac, observant le couché de soleil de l'autre côté de la rive, avec Cam et Lydie. Cette simple vision me remplit d'un sentiment de sécurité.

Je finis par rouvrir les yeux et mon cœur rate un battement. Là, dans la baignoire, se tient Jack. Ses yeux noisette me fixent, l'air soucieux de mon état. Il est dans la même position que moi à la seule différence qu'il a son téléphone dans les mains. Ses cheveux dans les yeux, comme à son habitude, il m'observe sans rien dire.

-Excuse-moi, je pensais être seule.

-Y a pas de mal. Tu semblais avoir besoin d'un moment de silence alors je n'ai rien dit.

Je lui réponds par un sourire timide et baisse les yeux sur mes mains. Pendant notre soirée fille chez moi hier soir, Mary s'est fait un plaisir de me vernir les ongles. J'ai choisi un joli bleu qui me rappelait la couleur de la robe de Cendrillon.

Destinés à patienterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant