Épilogue

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Bennie

Je ferme les yeux, les mains à plat sur le buffet pour profiter des rayons du soleil filtrant à travers la baie vitrée. Les rires du jardin me parviennent comme une douce mélodie et je souris en pensant à mon bonheur. Notre bonheur.

Je sens sa présence derrière moi bien avant qu'il ne m'entoure de ses bras, sa tête glissée dans le creux de mon cou. Sa respiration chatouille ma peau et je souris de plus belle en rouvrant les yeux. Je ne tente même pas de tourner la tête, sachant pertinemment que je ne verrais rien d'autre que ses boucles châtains. Je m'appuie contre lui et ramène mes mains sur les siennes.

-T'ai-je déjà dit que tu es resplendissante ?

Je glousse un peu.

-Oui Jack. Au moins un million de fois depuis ce matin.

-Alors ça fera un million un : tu es resplendissante chérie.

Je m'écarte, me retourne et trouve ses yeux. Ces yeux qui m'ont toujours regardée. Ces yeux que je n'ai pas quitté un instant en remontant l'allée jusqu'à l'hôtel cinq ans plus tôt. Ces yeux que je peux voir chaque matin en me réveillant.

-Ah non ! Ça suffit les roucoulades au milieu de la cuisine ! retentit la voix d'Aiden alors que je m'apprête à embrasser mon mari.

-Je suis chez moi, avec ma femme, et tous les enfants sont dehors. Je ne vois rien qui m'en empêche, rétorque Jack avec son sourire en coin.

-Moi. Moi je vous en empêche. Si je rends visite à ma sœur, c'est pas pour la voir rouler une pelle à un mec.

-Aiden ! m'écriais-je effarée devant son langage.

-Des fois j'ai l'impression qu'il n'a jamais fini sa crise d'adolescence ton frère, marmonne Jack à mon intention avant de me lâcher, prendre le plat de carottes rappées et disparaître dans le jardin.

Je me tourne vers Aiden avec un regard noir. S'il faut employer les vieilles méthodes pour qu'il comprenne, je ne vais pas me gêner.

-Jack. Est. Mon. Mari. Et ça ne date pas d'hier. Alors écoute-moi bien, l'exhortais-je en m'avançant lentement vers lui. Si tu n'es pas capable d'être de bonne humeur pendant les repas de famille, rien ne t'empêche de rester chez les parents. Mais je t'interdis de manquer de respect à mon mari, à mon fils, ou à moi-même d'ailleurs. Me suis-je bien fait comprendre Aiden ?

Je me félicite intérieurement d'avoir su dire tout cela en restant calme. Il y a des jours où être mère vous rend barge. Folle. Excessive. Il y a des limites à ne pas dépasser et malheureusement, les enfants le comprennent rarement avant de les avoir franchies. C'est pourquoi malgré ses 19 ans, Aiden me semble encore être un enfant.

-Oui. Excuse-moi, dit-il en baissant la tête.

-Bien. Et maintenant nous ferions mieux d'aller à table avec les autres avant qu'ils ne vident tous les plats.

J'ajoute un clin d'œil pour lui prouver que tout va bien et ses lèvres s'étirent timidement en un sourire. Je le lui rend et pars rejoindre le reste de la famille.

Le soleil de fin août m'éblouie lorsque je sors de l'ombre de la maison mais ce n'est rien comparé à l'image qui se forme devant moi : deux tables de jardin rapprochées l'une à côté de l'autre pour accueillir toute la famille Tahault et les pièces rapportées. Ce n'est pas un nom très flatteur, je sais bien, mais c'est celui qu'Alex a choisi pour désigner les conjoints qui apparaissent petit à petit. Jack avait ri. La femme d'Alex un peu moins.

-Maman ! s'exclame Cavien, sa petite bouche pleine de tomates cerises.

-Coucou mon amour, répondis-je tendrement en déposant un bisou sur sa tignasse en désordre.

Destinés à patienterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant