CHARME LÉGENDAIRE TOME 1

34 - Hystérique

Cette grande pièce qui apparaît sous mes yeux est totalement abandonnée. De vieux meubles, tels que des tables et des chaises, de l'ancien propriétaire du bâtiment probablement, sont empilés le long des murs. Les deux fenêtres au fond de la pièce, sont calfeutrées de cartons et papiers journaux.

Et le spectacle devant moi est des plus désolant et terrifiant... En plein milieu, je le vois... Pierre... ou plutôt, ce qui ressemble à Pierre, assis sur une chaise, encerclé de corde de part et d'autre de son corps et la bouche bâillonnée... Son visage est totalement ensanglanté et bouffi. Ses yeux sont tout gonflés, au beurre noir. Ses vêtements sont même imbibés de son sang.

Mon sang à moi ne fait qu'un tour. Un frisson parcourt l'entièreté de mon corps et la chair de poule se répand sur la moindre parcelle de ma peau. Les larmes me montent rapidement...

- OH MON DIIIEUU! LÂCHE-MOI PUTAIN JULIEN!

J'entends Julien lâcher un soupir d'effroi dans mon dos. Je me débats comme une hystérique dans ses bras. Il cède et me lâche enfin.

Je me précipite sur Pierre. De près, le visage de Pierre est méconnaissable. Pierre est complètement endormi, la tête pendante. Une larme roule sur ma joue. Mon estomac se retourne et mon cœur sort littéralement de ma poitrine.

Je retire le morceau de chiffon enfoncé dans sa bouche et lui caresse la joue. Deux gouttes de sang atterrissent sur le dos de ma main...

- Pierre, tu m'entends? je l'interroge d'une voix douce totalement abattue.

Il ne réagit pas. Il respire péniblement. Mon estomac se soulève à nouveau. Je déglutis.

- Pierre c'est moi! Ta petite Lulu... Tu m'entends? Je t'en supplie réveilles-toi! dis-je d'une voix à présent brisée.

Paul et Julien sont restés sur le pas de la porte. Je prends Pierre dans mes bras et éclate littéralement en sanglots. J'en profite par la même occasion pour tenter de défaire les nœuds de corde qui retiennent ses mains.

Mais Pierre gémit enfin. Je me redresse en suivant en attrapant son visage de mes mains, mon cœur battant à tout rompre:

- Hmm... Lulu? lâche-t-il péniblement d'une voix enrouée.

Un œil rouge sang s'ouvre à peine et plonge dans mon regard, l'autre poché.

- Oh mon Dieu Pierre... Je suis tellement désolée. Pardon pour tout... Pardonne-moi... s'il te plait!

Les larmes déferlent à présent à torrent d'eau sur mes joues. Je le serre fort contre moi. Tout est de ma faute. Mais pourquoi ils l'ont gardé ici? Je n'arrive pas à comprendre...

- Ça va, ne t'en fais pas. (il tousse). C'est juste quelques gifles dignes d'un enfant que j'ai reçu... Et toi ma Lulu? (il tousse encore) Ça va? Il t'a fait du mal? Tu n'as rien?

Pierre se racle la gorge et grogne de douleur. J'esquisse un léger sourire malgré moi de sa boutade.

- Non je n'ai rien. Je suis...

- Des gifles d'enfants? J'ai bien entendu? enrage Paul. Tu veux qu'on vérifie?

Mes pleurs cessent sur le champ. Tout mon corps se tend de nerf. Je me relève d'un bond et me place debout devant Pierre face à Paul et Julien, mes poings serrés :

- Ne t'avise surtout plus de le toucher! Tu as bien entendu là aussi? je crie à Paul dans tous mes états.

Julien me dévisage d'un air complètement abattu mais ce qui me paraît étrange, c'est qu'il n'a pas l'air d'être au courant de ce qu'il s'est passé ici... Mais je lui dis quand même, totalement anéantie: